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Pourquoi je suis allé au party de lancement de la Formule E

Quand j'ai reçu une invitation pour le pré-party du Prix de la Formule E, il n'y avait aucun doute dans ma tête qu'il fallait impérativement que je m'y rende.
Brigitte Noël

L'événement, qui se tenait au New City Gas, servait aussi de prétexte au lancement d'une nouvelle bouteille de champagne, organisé par une grande maison. À l'origine, l'invitation avait été envoyée à mes collègues qui ne partageaient pas mon enthousiasme à l'égard de ladite soirée. Mais ce genre de dépaysement est essentiel à ma mission de vie de tout expérimenter afin d'être le plus complet possible.

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Le valet qui ouvre la porte de ma Mercedes Uber (pas électrique du tout et payée par les organisateurs de l'événement) semble étonné de mon accoutrement : Vans détruites, skinny jeans troués et casquette rose des Flames de Calgary. Je demande timidement au bouncer qui m'ignorait jusqu'ici où se trouve la guestlist.

Il me pointe une tente au bout du tapis rouge inoccupé. Je m'y dirige et, à mi-chemin, le videur me cri : « Pas de casquettes à l'intérieur! » Je n'ai jamais compris l'aversion que pouvaient éprouver certains clubs pour les casquettes. Ils ont peut-être peur que je cache une bouteille sous mon chapeau et que je tente de partir avec…

Un peu fébrile, je donne mon nom et reçois mon bracelet en tissu doré. De la tech-house générique fait écho dans le hall d'entrée presque vide. J'aboutis sur une terrasse où ne se trouvent qu'une poignée de gens que j'imagine sont soit fonctionnaires, soit banquiers chics.

Je suis plongé dans une mer de faux bronzages, de magnifiques jeunes filles en talons hauts manifestement inconfortables et de mecs qui observent la salle avec une sérénité pompeuse.

Je me pose au bar et commande un verre de champagne, puisqu'après tout, c'est à une dégustation de champagne que j'ai été convié.

Je porte la flûte à mon nez et, instantanément, je sens de la craie, des fruits jaunes, une acidité volatile qui flotte comme une armée de petites libellules. « Mumm, Cordon Rouge, sans année », me dis-je. Je retourne vers la terrasse « privée ».

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Je discute avec l'écailler d'huîtres en attendant ma collègue Brigitte, qui devrait arriver sous peu. J'en goûte une nature et elle est parfaite : juteuse, salée, fraîche. Je prends une gorgée de mon champagne, et mon bref moment d'extase disparaît subitement. Les notes crayeuses et salées typiques des sols exploitées par Mumm font que le vin se bat en bouche avec le goût du mollusque. On aurait pu profiter d'une variété différente, moins opulente, plus proche de l'umami, comme une Raspberry Point, par exemple.

Je sors dehors pour m'adonner au tabagisme et accueillir Brigitte, qui arrive d'un côté, au moment où le gros Suburban de Denis Coderre, pas du tout électrique lui non plus, arrive de l'autre. Des photographes s'empressent de prendre des photos de lui devant une toile de fond de logos des commanditaires de la Formule E. Je traîne ma collègue vers le coin de bar où je m'étais installé.

En absence de l'hôtesse, Brigitte prend une flûte sur la table et essaie de se servir elle-même avec la bouteille de champagne posée dans un seau. Le gérant de l'établissement, qui a aperçu la scène du coin de l'œil, accourt et nous demande ce qu'on fait là. « Vous n'avez pas le droit d'être ici, vous », nous dit-il, l'air inquiet et irrité. On lui explique qu'on fait partie des médias et qu'on nous a dit que c'était notre section. Il nous dit de ne pas bouger et va chercher le propriétaire de l'établissement.

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Quand on explique au proprio la situation et qu'il entend le mot « média », il nous sourit et fait signe à l'hôtesse de nous servir. Il nous explique que c'est le party privé du maire Coderre et que nous devrions plutôt être de l'autre côté de la grille, là où se trouvent les représentantes de Mumm. Il nous invite à nous servir au bar à huîtres et à la table des canapés, avant de demander à un videur de nous escorter vers la section appropriée.

Brigitte et moi au party

Brigitte et moi nous regardons, confus, mais complaisants et hilares. On n'est pas vraiment censés être là, d'un point de vue social. Pourtant on y est, et les quelques personnes qui savent maintenant qui on est sont très heureuses de notre présence. C'est un sentiment bizarre. Mon statut de musicien underground de quatrième rang fait que je me retrouve souvent dans des situations comme celle-ci, mais je ne m'y fais vraiment pas.

Nous atterrissons sur une terrasse beaucoup plus peuplée. Derrière nous, une grille se referme, nous séparant du glitterati de Coderre. Sur notre nouvelle table, il y a un magnum argenté, que je pointe du doigt en demandant à l'une des représentantes : « C'est ça, votre nouvelle cuvée? » Elle me répond que ce n'est pas le lancement d'une nouvelle cuvée, mais bien d'une nouvelle bouteille. Je prends la bouteille dans ma main, la retourne et, sur un emballage argenté, je vois le même graphique que celui imprimé sur les bouteilles signatures de Mumm, la Cordon Rouge Brut Sans Année, et, tout au bas de la bouteille, le logo de David Guetta.

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La représentante m'explique que c'est une bouteille collaborative, qui sera exclusivement offerte au New City Gas. Je me sers et goûte : c'est le même champagne que les autres bouteilles qui m'ont été servies. Je vais rejoindre Brigitte, stratégiquement assise sur un divan tout près du plateau de grignotines. Je sens mon verre et choisis une bouchée en accord. Mon choix s'arrête sur un petit sandwich au smoked meat, qui devrait parfaitement s'agencer aux notes légères de fumée qu'ont tendance à avoir les Cordon Rouges.

Je déguste, puis me tourne vers Brigitte. « C'est bon et ça se boit. Je suis satisfait, mais pas ému », dis-je avec une légère amertume.

Elle rit de moi, en avouant que son parcours de vie l'empêche de partager mes sensibilités en ce qui a trait à la gastronomie.

Béats, on observe les convives, athlètes, politiciens et célébrités de second rang. On ne connaît aucune d'elles, mais on ne peut s'empêcher de s'imaginer que cette scène ressemble beaucoup à une rencontre en chair et en os de plusieurs matchs de SeekingArrangement.

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De l'autre côté de la grille, où on avait maintenant fermé un rideau de velours noir, le maire livrait son discours d'inauguration d'une fin de semaine de plus de 20 millions de dollars, que beaucoup voient comme une pure perte d'argent et une mauvaise gestion.

On se sentait un peu comme les enculés qui sont restés dans le bar du Titanic alors qu'il coulait. Mais, en regardant autour, il était évident que ce serait une belle fin de semaine pour certaines personnes.