Q&A : Eva Kruse

FYI.

This story is over 5 years old.

La Semaine de la mode durable

Q&A : Eva Kruse

Eva Kruse est à la fois la présidente de l'Institut Danois de la Mode et de la Semaine de la Mode de Copenhague. Nous lui avons parlé de mode durable puisqu'elle est une pionnière du sujet.

Cet article a été réalisé pour le compte du Sommet de la Mode de Copenhague et a été créé indépendamment de la rédaction de VICE.

Pourquoi la mode joue-t-elle un rôle si central dans le monde actuel ?
Parce qu'il s'agit probablement de l'industrie la plus puissante au monde. Bien que j'adore les vêtements et les esprits créatifs, les gens ambitieux et le rythme rapide de cette industrie, ce que j'aime par dessus tout c'est le pouvoir de la mode. La mode a une influence qui va au delà de toutes les autres influences et elle nous atteint dans notre conscient et notre subconscient.Elle nous fait aimer, désirer, provoquer, rejeter et changer. Et elle le fait de manière sans cesse renouvelée.

Publicité

Pourquoi pensez-vous que la mode devrait se soucier de durabilité ?
En plus d'être un outil de communication très puissant, la mode est aussi l'une des plus grandes industries au monde et l'une des plus gourmandes en ressources, notamment en énergie, matières premières, pesticides, produits chimiques, eau et travail manuel dans des pays (à faible coût de main d'œuvre). Avec une telle influence, nous avons la responsabilité de créer de nouveaux modèles économiques et d'utiliser les forces créatives et innovantes de l'industrie pour amener à une transformation vers une plus grande durabilité. Je pense qu'en tant qu'entreprise et en tant que citoyens, nous avons l'obligation de réfléchir à la durabilité, de nous soucier de l'impact que nous avons.

Selon vous, quel impact a la mode sur notre planète ?
La planète fait face au réchauffement climatique et à d'autres problèmes importants qui touchent notre habitat naturel, atteignant à la fois les hommes et les animaux. L'industrie de la mode mondiale a un immense impact sur l'environnement et sur les millions de personnes qui travaillent pour elle, faisant d'elle l'une des plus grandes industries au niveau mondial. Et c'est vraiment le cas puisque la mode est capable de provoquer de grands changements, des changements qui pourraient potentiellement influencer la vie de millions de personnes et avoir un effet monumental sur la planète.

Selon vous, comment l'industrie de la mode peut-elle devenir plus durable ?
Il y a tant de choses que l'industrie peut faire pour devenir plus durable et en tant qu'industrie puissante nous devons montrer l'exemple aux consommateurs et ouvrir la voie. Des concepts comme l'économie circulaire, le recyclage, la réutilisation, les nouveaux matériaux, la longévité de la conception et une qualité durable font partie des moteurs innovants pour de nouveaux modèles économiques qui peuvent mener à de l'innovation, de formidables produits et des entreprises plus fortes, tout en minimisant l'impact sur les populations et sur notre planète.

Publicité

Qu'est-ce qui vous a poussé à vous soucier de l'impact de cette industrie ?
Je pense qu'en tant que membres de l'industrie et en tant que consommateurs, nous avons l'obligation de faire quelque chose. Devenir durable doit être le nouveau noir (dans le monde de la mode, être le nouveau noir - "Be the new black" en Anglais - signifie devenir un élément fondamental). Nous devons prendre soin de la planète pour les générations à venir. Pour moi, il est logique de commencer à travailler à mon niveau avec la durabilité dans l'industrie de la mode. Cela me semble logique de participer et d'au moins essayer de provoquer un changement.

En parlant d'exemples positifs, la Scandinavie est un pionnier pour ce qui est de considérer les déchets comme une ressource plutôt que uniquement comme une nuisance. Y-a-t-il des initiatives de bonnes conduites que vous pourriez souligner dans votre pays ?
Il y a beaucoup d'entreprises danoises qui ont une super approche de la durabilité et qu'il faut mentionner. Les trois exemples suivants montrent bien qu'il y a de nombreuses manières différentes de se penser une industrie de la mode circulaire.

1. Vigga vend des habits biologiques pour enfant par abonnement. Au fur et à mesure que vos enfants grandissent vous échangez le trousseau de vêtements biologiques contre un trousseau de la taille au-dessus. Un modèle économique simple et circulaire.

  1. Resecond a tout à voir avec l'économie collaborative. C'est une boutique où les membres s'inscrivent pour avoir des vêtements mais ne peuvent en louer ou en garder que s'ils donnent eux-mêmes des vêtements.

  1. La marque pour enfants Name It a lancé un système de recyclage dans lequel les vêtements vieux et déjà utilisés sont ramenés dans les boutiques de la marque pour y être réutilisés ou pour fabriquer de nouveaux produits

Penser l'industrie de la mode de manière circulaire me rend enthousiaste. En plus d'être bien meilleure pour les gens et la planète, il y a aussi une promesse et une perspective économique prometteuse dans la pensée circulaire. Une recherche (conduite par la fondation Ellen McArthur) montre que nous laissons se perdre annuellement des valeurs de 80 à 120 milliards de dollars à cause du potentiel non-utilisé dans l'économie circulaire du plastique. Je pense que l'on trouve un potentiel similaire - si ce n'est supérieur - dans l'économie de la mode, notamment dans le domaine des fibres. Un petit nombre d'acteurs de cette industrie a commencé mais je pense que nous devons encore prendre conscience de tout le potentiel économique qu'il y a là.

Dans un monde de plus en plus connecté, comment pensez-vous qu'il soit possible de créer un réel changement dans l'industrie de la mode ?
Tous les deux ans, l'Institut Danois de la Mode et l'Association Nordique de la Mode accueillent le Sommet de la Mode de Copenhague - un évènement central qui vise à faire avancer le calendrier de la durabilité et à accélérer les changements dans une industrie de la mode contestée. Le sommet de 2016 est la quatrième édition de cet évènement et avec l'élan que nous avons pu constater cette fois-ci, je pense qu'un mouvement a vraiment démarré. Il faut procéder par petites étapes, mais de plus en plus de gens prennent part à la discussion et chaque petite étape compte.

C'est ce qui nous a poussé, moi et mon équipe, à travailler dur pour organiser cet évènement. La conviction que nous pouvons réellement faire changer les choses. Cet article a été réalisé pour le compte du Sommet de la Mode de Copenhague et a été créé indépendamment de la rédaction de VICE.

Tagged:Sponsored