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LE NUMÉRO DADA

Disco doscovery

Personne ou presque ne connaît Didier Marouani. Il a pourtant joué sur la place Rouge devant 400 000 fans, signé des autographes pour Vladimir Poutine et vendu plus de 12 millions de disques. Mais la plupart des amateurs d’électro continue de citer...

Photo avec l’aimable autorisation de Didier Marouani

Personne ou presque ne connaît Didier Marouani. Il a pourtant joué sur la place Rouge devant 400 000 fans, signé des autographes pour Vladimir Poutine et vendu plus de 12 millions de disques. Mais la plupart des amateurs d’électro continue de citer Moroder et Jean-Michel Jarre, en ignorant Marouani et son groupe Space. C’est bien dommage parce que «Magic Fly»—leur premier single sorti en 1977—est une merveille cosmique qu’on jouera encore dans les stations spatiales en 2046. Marouani a même inventé le costume de robot bien avant les Daft Punk et reçoit encore des coups de fils de groupes comme De La Soul qui le supplient de sampler sa musique. Didier Marouani n’est pas seulement très important, il est aussi très sympathique. Assez pour s’asseoir cinq minutes avec nous et nous raconter quelques belles histoires. Vice: Quel âge avez-vous? Didier Marouani: Je m’en souviens plus. Bon Ok, j’ai 54 ans.  Pas si vieux en fait, Moroder doit avoir plus de 60 ans. J’ai gagné un procès contre Moroder. Je n’ai pas le droit d’en parler mais disons que c’est très désagréable d’entendre sa chanson à la radio, créditée au nom d’un autre. On adore «Magic Fly», parce que ce morceaux ne ressemble à rien de ce qui sortait à l’époque et qu’il est toujours aussi pertinent aujourd’hui. Comment vous en êtes arrivé à produire cette merveille? Accidentellement. À l’époque, j’étais chanteur, je faisais les premières parties de Joe Dassin ou de Johnny. Un jour, on m’a demandé de produire un indicatif pour une émission télé sur l’astrologie avec Elisabeth Tessier. Ils voulaient un truc «astral», alors j’ai acheté mon premier synthé. Ça ne s’est jamais fait. Mais RMC s’en est servie pour une autre émission et il y a eu des milliers d’appels pour demander ce que c’était que ce morceau. Vous portez un masque de robot dans le clip de «Magic Fly», vous ne vouliez pas montrer votre visage? J’avais un contrat d’exclusivité, je n’avais pas le droit de sortir «Magic Fly» sous mon nom, alors on l’a fait avec une autre maison de disques et on s’est appelé Space. Quand ça a commencé à marcher, on s’est dit: «Vu le nom, on va faire un clip avec des combinaisons spatiales.» Vingt-cinq ans après, Daft punk a repris le concept, en se proclamant fils héritiers de Space. Personne ne vous connaît en France mais vous avez fait des concerts en Russie avec 350 000 personnes… Comment ça se fait? En 1983, je faisais une tournée des pays soviétiques et j’ai évoqué l’idée d’un concert gratuit sur la place Rouge devant le ministre de le Culture. Il m’a regardé comme si j’avais traité Lénine de trou du cul. J’ai insisté et on l’a fait en 1991. Les gens faisaient la queue nuit et jour par -15ºC pendant que des flics à cheval essayaient de les disperser. C’était fou. C’était comment un backstage russe en 1983? Environ 90% de gens du KGB et les filles n’avaient pas le droit d’entrer. Mais, même dans la Russie de 1983, les filles savaient trouver le chemin des coulisses. Et si je vous dis que Space, c’est Jean-Michel Jarre en bien? Ça me fait rire parce qu’il n’y a pas très longtemps quelqu’un m’a dit à propos de Jarre: «Tiens, on dirait du Marouani, mais en mieux!»