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Culture

La Nébuleuse histoire du pirate le plus sanguinaire de tous les temps

Réputé pour son sadisme, François l’Olonnais a semé le chaos dans les Caraïbes du XVIIe siècle – et fait de la décapitation son sport favori.

Photo via WikiCommons En novembre 1667, au large de l'île de Cuba, un imposant navire de guerre espagnol, le Virgen del Rosario, s'approche des côtes, toutes voiles dehors. D'après le flibustier Alexandre-Olivier Exelmin, qui relata les forfaits de l'Olonnais dans son ouvrage Histoire des aventuriers flibustiers d'Amérique, une escouade de 90 soldats armés jusqu'aux dents se trouve à son bord. Cette troupe est en service pour le compte du gouverneur de la Havane – lequel cherche à mettre la main sur un redoutable pirate qui sème le chaos dans la région sous le nom de François l'Olonnais, et dont le vrai nom demeure encore un mystère aujourd'hui. Son existence tout entière est encore auréolée d'incertitudes, et une partie considérable des faits qu'on lui impute ont été uniquement recensés par Exelmin. L'Olonnais est activement recherché depuis qu'il a mis à sac, avec l'aide de 22 pirates, le port de Los Carayos. Il s'est livré aux pires atrocités, décapitant les hommes et violant les femmes, pillant tout sur son passage. Prévenu du piège qui l'attend, l'Olonnais décide de contre-attaquer. Avec son équipage, il parvient à s'infiltrer à bord du navire et à maîtriser les soldats et leur capitaine. Les soumettant alors à un interrogatoire en règle, il apprend la présence à bord d'un bourreau spécialement engagé pour le pendre. Il entre alors dans une rage folle. Faisant monter de la cale chaque soldat un par un, il les décapite tous. Au bout de quelques minutes, 90 têtes humaines jonchent le pont du bateau dans une énorme mare de sang. À la suite de cette boucherie, l'Olonnais devient le diable en personne aux yeux des Espagnols. Le pirate serait né aux alentours de 1630 aux Sables-d'Olonnes, au sein d'une famille très pauvre. À peine sorti de l'enfance, il fait son apprentissage de la mer en devenant matelot. Étouffant dans cette petite ville portuaire, il décide, une fois adolescent, de gagner les Antilles à bord d'un navire de fret. Arrivé à Saint-Domingue, il tombe dans un traquenard et doit rembourser la traversée en travaillant pendant trois ans comme un esclave dans une plantation. De cette douloureuse expérience, naîtra en lui une haine farouche pour le genre humain et une soif inextinguible de revanche. Libéré, il ne tarde pas à rejoindre l'île de la Tortue, le célèbre quartier général des flibustiers et pirates français aux Caraïbes. Les frères de la côte le font embarquer sur l'un de leurs bateaux. L'Olonnais, promu rapidement capitaine, ne va alors avoir de cesse de semer la désolation sur son passage, se heurtant régulièrement aux Espagnols – pour le plus grand malheur de ces derniers. En effet, en cette fin du XVIIe siècle, les troupes hispaniques se sont emparées des Caraïbes et font régner l'ordre d'une main de fer, exécutant systématiquement les pirates lorsqu'ils sont pris. Mais l'Olonnais a le vent en poupe. S'associant avec Michel le Basque, un flibustier réputé pour sa sauvagerie, il envisage une opération de grande envergure : l'attaque du port de Macaraibo, véritable coffre-fort regorgeant de richesses. À la tête de huit navires et de 650 hommes, l'Olonnais et le Basque prennent d'assault Macaraibo qui, malgré une résistance farouche, tombe rapidement entre leurs mains. Les soldats espagnols qui défendent le port ont déjà entendu parler de ces deux pirates sanguinaires, mais ils ne se doutent pas de ce qui les attend. À la recherche de renseignements utiles à ses futurs pillages, l'Olonnais va les torturer pendant plusieurs jours, coupant la langue de ceux qui ne veulent rien dire pour impressionner les autres, brisant les côtes et massacrant ceux qui ont fini par livrer des informations. Il en découpera certains en morceaux alors qu'ils sont encore en vie. Il ne laissera derrière lui aucun survivant. Devenu extrêmement riche – comme le précise Exelmin,grâce à un butin de 280 000 pièces d'or – il va alors piller tous les ports et villages des côtes du Nicaragua espagnol, massacrant les habitants par centaines dans une furie destructrice sans précédent, incendiant leurs maisons et leurs barques. Pour faire peur aux villageois et leur faire avouer rapidement où se trouvent leurs biens, il a mis au point une technique cruelle. Il fait mettre à genoux les hommes les uns à côté des autres, pieds et poings liés. Puis, il se balade avec son épée dans une main et une pierre à aiguiser dans l'autre. Il coupe ensuite les têtes au hasard, aiguisant son épée après chaque décapitation, en faisant en sorte que le supplice dure le plus longtemps possible. Les Espagnols, qui veulent sa perte à tout prix, déploient de plus en plus d'hommes et de moyens pour sa capture mais ce n'est pas eux qui vont avoir sa peau. En 1669, la chance de l'Olonnais finit par le quitter. Son bateau s'échoue sur un banc de sable à proximité du golfe de Darien, une région connue pour abriter plusieurs tribus d'Indiens cannibales. L'équipage, affamé par plusieurs jours de privation, est vite repéré et attaqué. Les pirates luttent pour leur survie mais l'Olonnais est touché par une flèche et aussitôt capturé, plus mort que vif. La légende raconte qu'après l'avoir achevé, les Indiens le coupèrent en morceaux et le firent rôtir pour le manger. Une fin particulièrement cruelle pour celui qui fut le plus cruel des pirates.

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Arnaud est sur Twitter.