FYI.

This story is over 5 years old.

Sports

Pour le but de l'année FIFA, on vote Mexès, sans hésiter

On a passé en revue les prétendants au prix Puskás. Selon nos critères, c'est le défenseur français qui doit gagner, y a pas photo.

Ça y est, on y est, c'est cette période de l'année où on fait des classements en tout genre, où tout le monde vote pour qu'on établissent, tous ensemble, la hiérarchie des choses qui nous ont plus, à nous l'humanité, cette année. Le Ballon d'Or en fait partie, de même que les Puskás Awards, l'élection du plus beau but FIFA™ de l'année.

On ne va pas vous faire patienter plus longtemps : le but que devrait récompenser l'humanité cette année (le vote se déroule sur le site de la FIFA), c'est celui de Philippe Mexès.

Publicité

On explique : une tatane à l'entrée de la surface, un ciseau retourné de l'extérieur du talon, une tête lobée de 50 mètres, c'est joli, OK. Tous les buts sélectionnés sont exceptionnels, évidemment. Mais ce qui compte aussi c'est une célébration qui soit du même acabit.

Et pour ça, Mexès est devant, à plusieurs années-lumières même. On les a passées au banc d'essai pour vous expliquer le raisonnement scientifique derrière notre vote.

Premier suspect, David Ball, obscur attaquant de Fleetwood Town en League One, qui réalise un joli lob, à l'arrêt, de l'extérieur de la surface. C'est pas mal, mais la célébration d'aigle du Lancashire, de Pauleta de troisième division anglaise, c'est vu et revu. On parle de but de l'année, là.

Gonzalo Castro de la Real Sociedad a beau faire une Van Basten du gauche, sa célébration est assez ridicule, il agite les bras comme s'il était en train d'hyperventiler.

Pour ce qui est du Romain Alessandro Florenzi, le jury ne peut pas trop se prononcer :

son but de 50 mètres face à Barcelone en septembre dernier est bien évidemment somptueux, mais sa célébration n'est pas filmée, tout juste le voit-on entouré de ses coéquipiers. Apparemment il aurait été choqué par son but. Dommage de ne pas le voir en plein état de choc émotionnel, mais c'est la dure loi du prix Puskás VICE Sports.

Pour ce qui est du Brésilien Wendell Lira, il a déjà un bon point car il m'a fait me souvenir de l'ancien ailier anorexique et hydrocéphale des Girondins de Bordeaux Wendel (qui joue désormais au SC Recife, je viens de vous sauver deux minutes de recherches sur Google). Et en plus, on a là un magnifique retourné de contorsionniste du ballon rond, c'est vrai.

Publicité

Mais pour ce qui est de la célébration, n'y avait-il pas mieux à faire que de se frapper la poitrine comme un vulgaire frère Lopez ? Un plus quand même : tous ses coéquipiers se ruent sur lui, même le gardien, même les remplaçants, ce qui fait toujours une chouette image. En tout cas, moi, ça m'émeut.

Carli Lloyd et le troisième

but de son triplé en finale de la Coupe du monde féminines, du milieu du terrain, qui lobe la goal japonaise. OK. Deux choses à en retirer : déjà mettre un but en finale de Coupe du monde et se retrouver sélectionnée pour le prix Puskás, c'est pas mal. Mais, par contre, ce sourire béat et ces doigts levés au ciel, ça va pas le faire. Déso.

Lionel Messi qui

dribble une défense entière pour aller fusiller le gardien ? Bof, du déjà vu. Lionel Messi qui célèbre en faisant une petite feinte à Dani Alvès ? Hey, bien tenté, mais non.

Attention, concurrent sérieux. Trois personnes ont dû voir ce but en direct : Marcel Ndjeng est un milieu camerounais de l'équipe allemande de Paderborn qui a tapé

une volée de 40 mètres sous la barre des Bolton Wanderers en match amical de pré-saison. Alors, déjà, mesdames et messieurs de la FIFA, il faudrait un nombre de spectateurs minimum pour être sélectionné pour le prix Puskás, parce que sinon, autant compter les buts marqués à l'entraînement hein. Mais bon, le but est beau, mais peut-être pas autant que le pas de danse effectué subtilement après par Ndjeng. Un peu trop subtil pour avoir notre vote cependant.

Publicité

Pour ce qui est d'Esteban Ramirez, qui marque une volée après un petit jongle d'otarie lors du tournoi hivernal de première division costaricienne : le but est pas mal, cette crête sur la nuque un peu moins. Et pour ce qui est de la célébration, que du classique, on crie, on a les mains sur la tête, on a le poing serré. Un peu d'inventivité, bon sang.

Carlos Tevez, lui, a beau remonter tout le terrain comme un taureau effronté et éliminer trois joueurs de Parme dans la victoire 7-0 de la Juve, il n'empêche qu'il ne tente rien du tout sur sa célébration. Les bras écartés, il a le regard perdu de celui qui sait déjà qu'il n'est plus là pour très longtemps, qu'il a déjà fait son choix dans sa tête : la Juve, c'est fini, il veut rentrer en Argentine. Une célébration un peu triste, comme un enfant qui jouerait tout seul dans une cour d'école.

Et enfin, notre vainqueur, le Philou, le Philuche Mexès. Alors, les jaloux diront qu'il a marqué pendant un match amical. Oui, mais c'était face à l'Inter, et qui oserait qualifier de « match amical » un derby milanais ? En plus, c'est le seul but du match. Ensuite,

ce but transcende toutes les idées de but parfait, il est tout autant un high-kick de ballon digne de Street Fighter 2 (stick vers le haut + X si vous prenez Guile) qu'une reprise de volée de défenseur central de 33 ans. Et puis, il y a cette célébration :

Une course d'élan de triple sauteur, comme ça, gratuitement, parce que Philippe Mexès n'a pas de surmoi. Et puis on peut voir toute la béatitude du buteur accidentel dans les secondes qui suivent.

C'est le retour à l'enfance, la raison première du football, le jeu, et le beau jeu si possible, les frappes invraisemblables que tu réussis qu'avec des ballons Corner. C'est pour ça que Phil Mexès gagne notre prix Puskás du plus beau but de l'année FIFA.