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drogues

Une première saisie de carfentanil au Québec

La dose saisie est suffisante pour tuer 10 millions de personnes

Une première saisie de carfentanil en terre québécoise a été annoncée mercredi par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Les deux colis interceptés contenaient un total de 209 grammes de poudre blanche. La dose ne paraît pas énorme, mais pour du carfentanil, une drogue 10 000 fois plus puissante que la morphine, c'est une quantité suffisante pour tuer 10 millions de personnes.   C'est-à-dire qu'avec 209 grammes de carfentanil, on peut tuer le Québec en entier, puis toute la population de Terre-Neuve-et-Labrador et, si la fantaisie nous en prend, celles de l'Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick. Et, si tout ça ne suffit pas à satisfaire Thanatos et ses pulsions mortelles, il reste encore assez de drogue pour mettre à mort les habitants des trois territoires nordiques du Canada. Bienvenue dans le monde du carfentanil, là où une dose plus petite qu'un grain de sel (0,02 mg) peut être mortelle, selon l'ASFC.

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Une saisie à l'aéroport

Ce sont les agents de l'ASFC de l'aéroport international de Montréal-Mirabel qui ont mis la main sur deux colis provenant du même exportateur en Chine, le 22 décembre. Ils étaient destinés à deux adresses résidentielles différentes en Montérégie, explique-t-on dans un

communiqué

.

La substance a été envoyée au laboratoire de l'Agence. On soupçonnait qu'il s'agissait de fentanyl, déjà saisi par le passé, mais les analyses ont dévoilé qu'il s'agissait plutôt de son dérivé 100 fois plus puissant.

Le dossier est désormais entre les mains de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Comme l'enquête suit son cours, les autorités ne peuvent détailler ce qu'il y avait de suspect dans les deux colis interceptés.

« Ce sont souvent des indices de nature administrative qui peuvent donner la puce à l'oreille aux agents des services frontaliers », explique la responsable des communications à l'ASFC, Judith Gadbois-Saint-Cyr. « C'est souvent des liens entre ce qui est étiqueté, l'expéditeur, à qui c'est envoyé, et il y a des recoupements d'informations qui incitent nos agents à investiguer davantage. »

Est-ce que dans ce cas-ci les soupçons étaient plus grands parce que le produit provenait de Chine, connue pour être productrice de fentanyl?

« Ça peut faire partie des indices, effectivement, avance-t-elle prudemment. Il y avait des soupçons assez grands sur l'exportateur en question. Ça peut être en lien avec son historique, un avis qui aurait été émis en lien avec cette personne-là ou tout simplement sur la nature des produits qui sont expédiés, qui ne correspondent pas nécessairement avec le poids ou la grosseur [du colis], ou qui ne peuvent vraisemblablement pas être livrés à une adresse résidentielle. Il y a des produits qui ne pourraient être livrés qu'à une entreprise détenant un permis particulier. »

Le fentanyl en 2016

L'ASFC comptabilise 14 saisies de fentanyl en 2016 au Québec, soit neuf par Postes Canada et cinq par services de courrier privé. Ces chiffres incluent les deux saisies de carfentanil en décembre. « C'est tellement nouveau qu'on n'a même pas encore de catégorie "carfentanil" dans nos dossiers », ajoute Judith Gadbois-Saint-Cyr. Le fentanyl est lui-même « assez nouveau » pour l'ASFC, qui a commencé à le distinguer dans ses répertoires de saisies depuis mai dernier seulement. La GRC n'a pas été en mesure d'indiquer s'il y avait eu d'autres saisies de carfentanil au Québec en 2016, par d'autres corps policiers.

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