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Vous pouvez désormais adopter un bout de débris spatial

Il vous aimera à distance et vous enverra des tweets. On vit quand même dans un monde formidable.
Image: NASA

Vendredi, de grands acteurs du secteur spatial se sont réunis à la Royal Astronomical Society de Londres pour soutenir le lancement d'Adrift, un projet d'art interactif qui vise à sensibiliser le public à la menace posée par les débris spatiaux.

Depuis le lancement de Sputnik I, le premier objet artificiel placé en orbite, les agences spatiales ont réussi la prouesse de générer des centaines de millions de débris, qui sont désormais en orbite autour de notre planète. La majeure partie d'entre eux (près de 200 millions de fragments) font moins d'un centimètre de long, 670 000 débris mesurent entre 1 et 10 centimètres, tandis que 29 000 font plus de 10 centimètres.

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Sur le papier, quelques millions de particules minuscules de déchets spatiaux ne semblent pas constituer un danger particulièrement préoccupant. Pourtant, quand ces mêmes débris se déplacent à des milliers de km/h en orbite, ils peuvent occasionner des dommages sérieux. L'astronaute de l'ESA, Tim Peake, a rappelé cet état de fait il y a peu en prenant en photo la fissure de 7 mm de large qui marbre l'une des fenêtres de la Station spatiale internationale. Celle-ci a probablement été causée par un éclat de peinture de quelques millièmes de millimètre seulement.

L'Impact dans la fenêtre de l'ISS, causé par un éclat de peinture en orbite. Image: ESA

Bien qu'il soit impossible de suivre les millions débris spatiaux actuellement en orbite, la NASA et d'autres agences spatiales surveillent activement les 29 000 morceaux les plus gros, car elles constituent une menace sérieuse pour la sécurité des missions habitées. Ces débris font désormais l'objet d'un projet artistique collaboratif dirigé par Cath Le Couteur et Nick Ryan ; ceux-ci ont créé une machine qui suit en temps réel 27 000 débris spatiaux et produit une petite musique lorsqu'ils passent au-dessus de nos têtes.

Le projet permet également à quiconque d'adopter votre propre débris, qui vous enverra un tweet à chaque fois qu'il passe au-dessus de vous. Le premier fragment éligible à l'adoption est Vanguard I, le premier satellite alimenté par énergie solaire. Vanguard I a été lancé par les États-Unis en 1958, ce qui fait de lui le plus vieux objet spatial encore en orbite.

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Il y a également SuitSat, une combinaison spatiale russe pleine de déchets éjectée de l'ISS en 2006 avec sa radio. La combinaison a été surnommée Ivan Ivanovich - l'équivalent russe de John Doe ou de M. Toutlemonde - qui était également le nom donné au mannequin utilisé pour tester le vaisseau spatial Vostok avant les premières missions habitées de l'Union Soviétique. Le SuitSat-1 a quitté son orbite quelques semaines après avoir été éjecté de l'ISS ; nous ne savons donc pas quel morceau de SuitSat est actuellement suivi par le compte Twitter.

Il est enfin possible d'adopter Fengyun-1C, un satellite météorologique chinois intentionnellement détruit par la Chine en 2007 grâce à un missile anti-satellite. Cet événement, à lui tout seul, a presque doublé la quantité de débris spatiaux en orbite, et soulevé des inquiétudes quant aux conséquences possibles de l'utilisation d'armes dans l'espace.

En plus de la machine musicale et du programme d'adoption de débris spatiaux, le mini-documentaire « Adrift », donne des éclaircissements sur les tentatives et idées actuelles pour réduire et maitriser la masse du nuage de débris. Les scientifiques s'inquiètent notamment d'un scénario possible, le syndrome de Kessler, au cours duquel une chaîne de collisions successives entre des débris et des engins spatiaux augmenterait de façon exponentielle la quantité de débris spatiaux en orbite une fois un certain seuil atteint. Il deviendrait alors impossible, ou presque, de lancer de nouveaux objets dans l'espace.

Bien que l'Union internationale des télécommunications exige désormais que quiconque déploie un satellite soit en mesure de le déorbitrer dans les 25 ans, les scientifiques s'arrachent les cheveux pour déterminer comment nettoyer l'espace de tous ces déchets accumulés pendant des années. Les idées avancées sont très variées, et vont du dynamitage en passant par l'utilisation de lasers ou de gigantesques filets de « pêche au débris ».