Si le fait de mettre deux personnes ensemble pour faire de la musique n'est pas nécessairement l'idée la plus bête du monde (c'est même encouragé, l'émulation qui en découle peut donner des trucs comme Lennon-McCartney, Jaggers-Richards, Hall & Oates, David & Jonathan), souvent, deux stars déjà bien installées, ça peut donner le pire du pire. Parce qu'elles peuvent s'écharper, et qu'on se retrouve uniquement avec la bataille d'ego, mais sans le talent. Ou alors des choses tellement mal assorties qu'on se demande qui a bien pu les mettre ensemble. Certes, ça fonctionne très bien parfois. Mais pour d'autres, ça donne pas grand-chose. Et alors que s'annonce un duo entre Alkpote et Bilal Hassani, ainsi que la liste des featurings du prochain Philippe Katerine (Camille, Gérard Depardieu, Angèle, Chilly Gonzales, Lomepal, Oxmo Puccino, Dominique A, Léa Seydoux), on a tenté de faire le point sur ces duos, featurings et autres collaborations de la musique qui n'auraient sans doute jamais dû voir le jour. Et vu que c'est une jungle sans nom, on a débroussaillé un peu le tout.
Publicité
Les rockeurs avec les rappeurs
Publicité
On pensait sincèrement que l’exercice était désormais tellement rincé et que les garnements avaient retenu la leçon, mais non. Aux dernières nouvelles, Post Malone vient de sortir un disque avec Ozzy Osbourne dessus, A$AP Rocky a fait un morceau avec Rod Stewart, et Blink-182 s’est engagé sur une tournée commune avec Lil Wayne, en sortant une version de « What’s My Age Again » honteuse pour à peu près tout le monde, en ayant fait sans doute le calcul suivant : public rock + public rap = $$$. Cons de ricains. Même s'ils ne pourront jamais nous enlever Passi & Calogero (oui, on a les rockeurs qu'on mérite).Mais le pire du pire dans le genre, c'est sans doute ce morceau entre Insane Clown Posse et Jack White, deux « légendes de Detroit » dans leur couloir, qui reprennent « Leck mich im Arsch » (« lèche-moi le cul »), canon à six voix composé pour la déconne et pas trop pour la postérité par ce sacré pétomane de Wolfgang Amadeus Mozart en 1782. Alors, d’accord, c’était « une blague », mais cette excuse n’est plus acceptée depuis que Ticky Holgado s’est lancé dans le « rock'n'drôle » (voir plus bas : les acteurs qui font de la musique).Toujours dans la fusion contre-nature entre rap et rock, l’apothéose a sûrement été atteinte en 1993 pour les besoins du film Judgment Night, contenant, selon Wikipedia, « onze duos réunissant des groupes de rap et de rock parmi les meilleurs du moment. » Mixer Mudhoney avec Sir Mix-A-Lot, ou comment se tailler une place de choix dans les poubelles de l’Histoire.
Les duos qui se montent sur des B.O (sans queue ni tête)
Publicité
Cette catégorie est un peu à part, car elle concerne surtout deux occurrences. Les producteurs de Judgment Night allaient renouveler l’expérience avec le film Spawn, une connerie intersidérale avec le grand John Leguizamo sortie en 1997, et sur laquelle on retrouvait des mariages metal-techno absolument indéfendables, en mode battage de couilles de la tête aux pieds, du genre Butthole Surfers et Moby, ou encore Kirk Hammett de Metallica avec Orbital. Vous n’aviez jamais eu envie d’entendre Mansun, un sous-produit britpop, avec 808 State sur le même morceau? Non ? Spawn l’a quand même fait. Et si quelqu'un a un joue envie de savoir ce que pourrait donner une collab' entre Tom Morello et The Prodigy, voici la réponse. Pour info, Morello, ce fameux pourfendeur du capitalisme qui n'hésite pas à brander des guitares Game of Thrones à 25 000 $, s'est fait un spécialiste de la collaboration malheureuse et des surpergroupes en carton : Prophets of Rage, Audioslave, Rage Against The Machine…Dans un autre genre, y a-t-il quelque chose de plus triste de se dire qu'un des derniers trucs convenables qu'ait fait Rohff, c’est un pauvre featuring avec Pharrell Williams sur Taxi 3, ou que les Neptunes aient participé à la bande originale d’une des pires franchises cinématographiques françaises ?Un des lieux communs les plus répandus de la musique et de l’art en général est qu’on doit mettre ses tripes sur la table si on veut arriver à un résultat ne serait-ce qu'à peu près correct. Alors d’accord, c’est peut-être bon pour Céline, mais l’artiste qui doit souffrir pour viser l’éternité, c’est souvent un fantasme petit-bourgeois.Sauf peut-être, bizarrement, quand on parle de pop music. Il n’y a sans doute rien de pire que ces artistes qui arrivent à ce moment de leur carrière où ils se retrouvent les poches pleines et dépourvus d'enjeux, comme si le fait de n'avoir plus rien à prouver les autorisait à faire désormais n'importe quoi. Soit, par exemple, inviter leurs potes pleins aux as comme eux à faire des reprises de nouveaux riches ou des morceaux qui ne passeront pas l'hiver. Et à ce jeu-là, Mick Jagger est sans doute l’un des plus forts. Nan mais regardez-moi ça se déhancher en 1985, comme si rien ne pouvait l'atteindre :
On le fait uniquement parce que, pourquoi pas ?
Publicité
Reine-mère des reprises de Martha and The Vandellas qui ne servent à rien, sa version de « Dancing in the Streets » avec David Bowie est sans doute le truc le plus blanc et cocaïné (un genre en soi) à être sorti des années 80, façon dad rock pour conduits nasaux en voie de décalcification. Ce bon vieux Mick ne s'est pas arrêté là, collaborant tour à tour avec Peter Tosh, Michael Jackson, Freddie Mercury, Dave Stewart, Sheryl Crow, Damian Marley, Joss Stone, will.I.Am, Jennifer Lopez, pour des morceaux qui ont ceci en commun que personne n'en a aujourd'hui de souvenir, comme s'ils n'avaient existé que dans le cerveau malade de leurs géniteurs remplis de chnouf.Les années 90 ont elles aussi été généreuses. Jusqu'à donner une collaboration entre Michael Jackson et Eddie Murphy, tellement bizarre que dans ce clip, les commentaires notent à quel point ce n'est pas Michael, mais bien Eddie qui est creepy :
Snoop Dogg
Publicité
La musique comme petite sœur des pauvres
Les Français avec les Américains
Publicité
Sting
Too Many Cooks
Publicité
Mais parfois, il ne suffit que d'un seul ingrédient pour tout niquer. Je me souviendrai toujours de ce jour où Dre, après des années à teaser Detox, son album-arlésienne, qui finirait par ne jamais voir le jour, a sorti le clip de « Kush », un morceau avec Snoop Dogg et Akon. Si la présence du premier tombe bien sûr sous le sens, celle du mec derrière la scie r’n’b « Lonely », si elle est censée apporter un peu de fraicheur, n’a strictement rien à foutre là et gâche tout le plaisir. Par la suite, pas mal se sont foutu de la gueule de Dre lorsqu’il a sorti Compton, certains l'accusant d'être un peu trop un disque de producteur (?!). Personnellement, je réécoute toujours « Kush » à ce jour, jusqu’à 1min30 minute environ. Akon, le mec dont la seule présence suffit à pourrir un morceau d'ailleurs, souvenez-vous de sa fameuse collaboration avec Booba sur Ouest Side.
Les bros de l’EDM
Mettez Avicii et David Guetta ensemble et vous pouvez être sûr d’avoir affaire à une explosion des saveurs, façon pet thermonucléaire lâché sur une plage en plein spring break, avec Skrillex derrière les platines. Dis comme ça, ça ressemble pas mal à un film d'Harmony Korine (seconde période), et d’ailleurs ça marche particulièrement bien avec A$AP Rocky, qui après avoir sorti un chef-d’œuvre, sa mixtape Live. Love. ASAP (2011), s’est acoquiné avec Skrillex et a commencé méchamment à partir en couilles. Ce qui est assez cocasse, c’est qu’il y a DES TAS d’exemples avec Steve Aoki. Comme si le mec, à part de sauter sur des trampolines, était incapable de faire quoi que ce soit tout seul. Oh Wait.
Publicité
Le choc des générations, ou la musique n’a pas d’âge
Publicité