This Is toujours pas un festival à la con de plus
The Make-Up. Photo : Boris Allin

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This Is toujours pas un festival à la con de plus

On est retournés au festival This Is Not A Love Song à Nîmes histoire de vérifier si c'était toujours aussi bien. Résultat : c'était limite encore mieux.

Je vous avais déjà expliqué par le menu l'an passé pourquoi le Festival This Is Not A Love Song valait le détour. Cette année encore, le TINALS (comme on dit pour aller plus vite) a tenu ses promesses avec une fréquentation à la hausse (plus de 16 000 spectateurs sur trois jours) et non plus deux mais trois scènes extérieures. Un pari qui aurait pu tourner au désastre en cas d'avarie météo, mais avec une moyenne à 32° et pas un nuage à l'horizon, le chef-lieu du Gard à encore eu un bol de champions.

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Jour Un : Jeunesse Turbo Lovers

Massivement présents sur le site, les membres de la Turbojugend infusent un sentiment de franche camaraderie qui perdurera pendant trois jours (on déplorera toutefois l'absence de notre collègue Guillaume Gwardeath, qui avait probablement organisé une randonnée veggie avec des membres d'Agressor ce week-end là). Et qu'on s'embrasse et qu'on se congratule et qu'on se compare les patches, cette secte hédoniste et infiltrante animera les débats tout au long du festival avec fougue et une bonne humeur communicative. De quoi nous changer de l'indie popeux de base ou des locaux pas tout à fait remis de la feria de la semaine précédente. Si on ne profitera pas vraiment de Goat Girl et de Yassassin, qui démarrent en même temps sur deux scènes différentes (mention tout de même à Yassassin pour leur set habité et surtout pour leur guitariste, qui ose le combo robe blanche/ Rickenbacker, hommage à Viv Albertine des Slits), on se ramassera la première vraie claque du festival juste dans la foulée avec The Coathangers, autre groupe exclusivement féminin, qui fera preuve d'une générosité sans précédent en offrant une guitare à une fille du public à la fin du concert.

On se remettra de cette belle émotion en savourant à des degrés divers les émulsion pop un peu trop polies d' Andy Shauf, du nettement plus inventif Chris Cohen (qui chante un peu comme Stephen Pastel mais uniquement sur les couplets) et du cauchemardesque Alex Cameron - ayant personnellement vécu les années 80, je n'ai pas spécialement besoin qu'on m'en rappelle les pires travers. Vient ensuite le prodigieux show des Make Up qui, comme à Villette Sonique dix jours auparavant, défie toute nostalgie déplacée pour ceinturer ce monde décevant d'une aura de paillettes et de tension sexuelle véritable. Il n'y a qu'à voir l'ahurissement non simulé de ceux et celles qui ne les ont jamais vus à l'époque pour constater que vingt ans plus tard, Ian Svenonius reste le plus grand showman en activité et son groupe, le meilleur du monde. On a jamais vu les Stones vivants mais on a vu Make Up maintenant quatre fois en concert, ça suffit pour une vie. Alors que Moderat, une fois, c'est déjà une fois de trop.

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The Make-Up. Photo : Boris Allin

Suit une rencontre littéraire informelle que personne n'a eu la bonne idée d'enregistrer avec ledit Svenonius pour la traduction de son livre « Stratégies Occultes Pour Monter Un groupe De Rock » qui paraît enfin, sous l'égide de l'éditeur local Au Diable Vauvert. Entre deux bons mots et l'évocation de l'ouvrage, nous loupons les exactions de Shame puis de Flying Lotus. Un peu la honte, oui. On finira cette première journée bien chargée par l'autre performance sans appel du jour, le concert de Turbonegro, qui défonce tout, comme il se doit. Si vous n'avez jamais vu Jean Genet sur scène avec AC/DC - ce qui, mine de rien, est super bandant - c'est l'occasion ou jamais. Je ne reviens pas sur leur fan-club, qui se donne évidemment corps et âme et balance des pintes au milieu du pit sans compter. Il en fallait pourtant beaucoup pour nous exciter après Make Up, mais les Norvégiens y sont arrivés sans trop se forcer. Le fait de trouver une gargote à pizza ouverte sur le coup des trois heures du matin nous achèvera définitivement, niveau plaisir.

J our 2, Echo))) Dac

S'il est bien un groupe qu'on imagine vraiment pas jouer face au soleil, c'est bien Echo And The Bunnymen, les rayons du couchant étant une véritable insulte pour la pop crépusculaire de ce qui reste un des groupes les plus sous estimés de la new wave. Les liverpuldiens vont pourtant balancr un show en forme de best of sans sourciller et avec les frasques égotistes bien senties de Ian Mc Culloch, toujours aussi modeste. « We're the best band in the world and this is the greatest song ever written », lance t'il avant de se planter comme un bleu sur le premier couplet de « The Killing Moon ». En revanche, à son âge on peut se poser la question de l'élégance, un truc qu'il a quand même pas mal maîtrisé par le passé, et du pourquoi de cette coupe à la Nelson Montfort alors qu'on aurait bien vu cet éternel admirateur de Leonard Cohen porter dignement le galurin - contrairement à Mark Gardener de Ride.

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Primal Scream. Photo : Boris Allin

Sur ces considérations esthétiques, je rencontre un vieil ami perdu de vue depuis des années et la conscience professionnelle en prend un coup : nous deviserons pendant de longues minutes sans un égard pour Requin Chagrin, Jake Bugg, le Superhomard ou Hidden Charms. Par contre, taquet monstrueux pour le show stonien en diable de nos vieux héros Primal Scream. Communion totale avec un groupe adoré qui parvient encore après tant d'années à rester dans la ferveur, le partage, la célébration et l'hédonisme. Un hédonisme contagieux entrainant des comportements répréhensibles vu qu'une petite bagarre éclatera parce qu'un type à commencer à se frotter d'un peu trop près à des gens pas franchement enclins à apprécier pareille familiarité. Et comme il sera techniquement impossible de rentrer dans la grande salle pour l'assaut final Oh Sees, qui ont perdu leur Thee au passage, on s'arrêtera là.

Jour 3, l'épuisement, la fidélité et la joie

Il fait de plus en plus chaud, le jeu de con que nous jouons contre notre propre fatigue est en passe d'être perdu mais nous sommes venus voir et revoir Teenage Fanclub et Royal Trux, alors on ferme gentiment les yeux. La bonne prestation des gandins de Mofo Party Plan nous fait sortir de notre torpeur, Slaves tance le public d'une saine colère percussive (vivement le revival Nitzer Ebb), et même Pond (du Roger Waters en solo affublé d'une bonne dose de rock « héroïque ») et Black Angels (qui font leurs Black Angels, c'est à dire sans moi depuis longtemps) n'arriveront pas à étouffer notre excitation et notre fidélité de vieux fans. D'ailleurs, on s'est déjà placés au premier rang pour nos écossais de cœur tout en sachant qu'il faudra partir avant la fin pour choper Royal Trux sur une scène extérieure, les deux groupes jouant presque en même temps, seul véritable point noir de tout le festival.

Photo : Yoann Galliotto

Aucune objectivité possible en ce qui concerne Teenage Fanclub, groupe dont je suis un admirateur acharné depuis 27 anuitées bien trempées. Des grands classiques (« The Concept », « Everything Flows » asséné en rappel avec toujours la même passion tranquille) aux plus récent « The Darkest Part Of The Night », les larmes de joie n'ont cessé de couler et d'après ce que j'ai vu, la chialade était générale. L'émotion est telle que j'en aurait presque oublié mon sprint pour retrouver Neil Hagerty et Jennifer Herrema de Royal Trux, qui donnent ce soir là un concert encore plus génial qu'à Villette Sonique. Alternant entre des moments en roue libre et un recadrage classic rock (dans l'acceptation Royal Truxienne du terme, c'est à dire grosso modo : si vous n'aimez pas ça, allez bien vous faire foutre), ils finiront sur un « I'm Ready » perforant à souhait. C'est à hurler de classe et on ne s'en prive pas. Tout comme Death Grips qui dans un autre registre ne laisseront aucune chance à nos tympans, nous laissant dans l'impossibilité absolue de nous laisser entrainer pour le tout dernier concert du TINALS, King Gizzard And The Lizzard Wizard. Qu'importe, on sait déjà qu'on reviendra l'an prochain.

Un grand merci à Clothilde, Céline et JP Béraud. Big up à Alexis, Blandine, Mélanie, Isabelle, Marion, Nicolas, Alex, Pierre Arnaud, Michel, Laurence, Chantal, Jean Pierre, Cédric, Elsa, Jean Marc, Thomas, Marina et surtout à mon collègue de Magic RPM Matthieu Grunfeld, qui doit savoir pourquoi.