Music

En écoute : Ray Jane, pop synthétique brouillée avec le passé

Le Parisien sort un EP chez Gone With The Weed, plein d'entrain et de familière étrangeté, qu'on écoute aujourd'hui en entier.
Marc-Aurèle Baly
Paris, FR
Ray Jane, Gone With The Weed, Paris
Photo : Gone With The Weed

En pop music, l’imaginaire du monde perdu relève aussi bien de la recherche immémoriale d’un idéal que d’un certain espace mental que l’on tente aujourd’hui de réinvestir. Un pied dans l’époque et l’autre en dehors, on y convoque volontiers des souvenirs qui n’auraient jamais existé ; idée que l’on retrouve aussi bien chez des « hypanogistes » comme Ariel Pink que dans la City Pop, cette vague délicieusement synthétique qui rêvait de funk américain depuis Tokyo dans les années 80, et qui a été (re)portée aux nues l’année dernière par tous les diggers de bon goût qui se respectent.

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Même si la musique du Parisien Ray Jane ne s’y réfère pas directement, elle évoque comme ses congénères des plages en plastique à perte de vue, comme sur la très belle « Wakayama » - par ailleurs destination spirituelle japonaise dont la BBC a pu vanter les plages immaculées ainsi que l'idée que « le passé y soit toujours présent », ce qui colle parfaitement à notre propos je trouve.

Membre de pas mal de groupes et projets parisiens étiquetés « garage » tels que Skategang, Police Control ou encore Téléphérique, Ray Jane (Mathis dans le civil) prend cette fois-ci la tangente en assemblant des impressions musicales qu'on imagine de jeunesse, telles qu'une variété française « impure » qu'on entend de loin (les prods à la Laurent Boutonnat, selon l'intéressé lui-même), mais également des référents plus « nobles », qu'on placera aux côtés d'Haruomi Hosono, Martin Rev ou même Jacno - et qu'on entend aussi fatalement de loin, comme brouillés par la déformation du souvenir. Mais heureusement, Les Mondes Perdus de Ray Jane ne forment pas que la somme de leurs influences. Ils sont autres et hospitaliers, dans le sens où ils nous paraissent à la fois familiers et étranges, et dans lesquels on a envie d'habiter.

Le maxi Les Mondes Perdus de Ray Jane sort le 1er février chez Gone With The Weed. Vous pouvez le commander ici.

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