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Culture

Il existe un réseau de chrétiens qui prient pour Hollywood et l’industrie du cinéma

« L'Église déteste Hollywood, et Hollywood déteste l'Église. Il doit y avoir un moyen de jeter un pont entre eux. »

Kim Roberts (au centre), directrice des relations publiques du Hollywood Prayer Network. Photo : Ashera J. Powell

Certains viennent à Hollywood pour devenir célèbres. Karen Covell est venue pour prier pour ceux qui sont devenus célèbres.

« C'est un endroit dur. Les gens sont seuls, affirme-t-elle. Je pense que l'ennemi est très puissant ici à la faveur de la solitude, du découragement et de la dépression. C'est tellement répandu ici. »

C'était un jeudi matin, fin juin, et nous étions dans son bureau climatisé au dernier étage de la First Presbyterian Church of Hollywood, une haute forteresse de briques à deux pas du Walk of Fame. C'est de là qu'elle et ses trois employées dirigent le Hollywood Prayer Network, un organisme sans but lucratif voué à propager la foi chrétienne dans l'industrie du cinéma.

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Si le siège social est petit, son influence est grande : le réseau affirme posséder 82 chapitres dans 29 pays, où des dévots se rassemblent pour prier pour ceux et celles qui œuvrent dans le monde du cinéma local ainsi que dans l'industrie internationale avec ses blockbusters estivaux, ses tapis rouges et ses célébrités millionnaires.

« L'Église déteste Hollywood, et Hollywood déteste l'Église. Il doit y avoir un moyen de jeter un pont entre eux. »

Si de nombreux missionnaires répandent la bonne nouvelle dans des villages éloignés d'Afrique ou d'Amérique du Sud, la vocation de Covell — sa mission sur Terre, en quelque sorte — l'amène à Los Angeles, dans une industrie que beaucoup de ses frères et sœurs jugent immorale à cause des scènes de sexe et de consommation de drogue montrées à l'écran, ainsi que celles qui ont lieu en coulisse.

Karen Covell, ex-productrice au début des années 80, estime que « l'Église ne comprend pas qu'elle puisse être une chrétienne à Hollywood, et Hollywood ne comprend pas comment je pourrais suivre la voie de Dieu. Un gouffre les sépare ». Il a été presque impossible de trouver d'autres chrétiens de l'industrie, encore moins des chrétiens qui professent leur foi sur la place publique. « Je me suis dit : "L'Église déteste Hollywood, et Hollywood déteste l'Église. Il doit y avoir un moyen de jeter un pont entre eux." »Elle a eu une épiphanie quand elle et son mari, un compositeur de musique pour le cinéma et la télévision, a entendu le récit du voyage de missionnaires et commencé à voir Hollywood autrement. « Pendant qu'ils parlaient de la tribu des Maasaï en Afrique, Jim et moi, on s'est dit que c'était exactement comme la tribu d'Hollywood. »

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« Nous vouons un culte à nos propres dieux : les dieux des Oscars, les dieux des Emmy, les petites statues dorées. Les Maasaï ont leur propre langage. On lit les journaux ici et il y a un langage que personne ne comprend », explique-t-elle, montrant une liste de sigles utilisés dans le cinéma. Toutefois, plutôt que de tenter de convertir la « tribu d'Hollywood » au christianisme, elle pense qu'« il faut juste les aimer et laisser briller Jésus à travers nous ».

Chaque semaine, le Hollywood Prayer Network envoie une infolettre dans laquelle elle conseille à ses fidèles abonnés de prier pour une personne de l'industrie du cinéma, souvent quelqu'un cité dans les nouvelles ou sur le point de se lancer dans un nouveau projet. Parmi les derniers élus, on compte : Adam DeVine, co-créateur de la série Workaholics et vedette de la nouvelle comédie romantique Mike and Dave Need Wedding Dates; Sophie Turner, actrice britannique qui interprète Sansa Stark dans Game of Thrones; Anton Yelchin, acteur de 27 ans qui a joué dans Star Trek, décédé le mois dernier dans un accident de voiture.

Le Hollywood Prayer Network, fondé en 2001, n'est qu'un parmi plus d'une dizaine de ministères voués aux industries du divertissement qui sont nées dans les deux dernières décennies à Los Angeles. Il existe des groupes d'étude biblique pour presque tous les films majeurs, des ateliers pour les acteurs inspirés par l'Église, des festivals de films et d'autres groupes religieux prêchant la croissance personnelle et le développement professionnel.

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Au contraire des organisations chrétiennes qui ont tourné le dos à Hollywood, appelant au boycottage de films comme 50 Shades of Grey, Star Wars, The DaVinci Code et même la série Harry Potter, ces groupes de fidèles ont décidé de prier pour ces projets et tous ceux qui y participent, qu'ils soient chrétiens ou non.

Kim Covell (deuxième à partir de la gauche), fondatrice du Hollywood Prayer Network. Photo : Ashera J. Powell

Tinseltown Ministries, un groupe d'étude biblique qui se réunit deux fois par semaine, à la 20th Century Fox et au CBS Studio Center, est l'un d'eux. Un mercredi soir, le groupe de 20 membres s'est rassemblé chez Fox autour d'une longue table de conférence avec des bibles et des sandwichs, dans l'édifice où est produite la série Bones, devant une murale géante en l'honneur de Young Frankenstein.

« Nous sommes venus ici spécialement pour les personnes qui sont à Hollywood parce que c'est un endroit où il est difficile de travailler si vous êtes sauvé », explique Gary Swanson, pasteur à la barbe blanche qui dirige Tinseltown Ministries, dans une entrevue accordée à VICE. « Nous savons que nous ne changerons pas Hollywood, mais nous espérons l'influencer. »

Gary Swanson, comme Karen Covell, a grandi à Chicago. Il est devenu un régulier des partys de Sunset Strip à Los Angeles dans les années 60, où il a rencontré sa femme Judy, avec laquelle il est ensuite retourné dans le Midwest pour fonder une famille. Mais après avoir travaillé pour trois compagnies qui ont fait faillite l'une après l'autre, il s'est tourné vers Dieu pour obtenir de l'aide, et a été sauvé en 1975. Quelques décennies plus tard, au cours d'un voyage en Californie empreint de nostalgie, lui et sa femme ont décidé de s'y installer, puis ont fondé Tinseltown Ministries en 2002.

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« La dernière chose que mon pasteur m'a dite quand je suis venu ici, c'est : "Pourquoi retournes-tu à Sodome et Gomorrhe?" Presque tout Hollywood est contre ce en quoi nous croyons. Il y a là un message qui trouble les chrétiens. »

Il peut être assez difficile de fonder une communauté religieuse là où tout le monde cherche des contrats qui obligent parfois à quitter la ville pour un tournage de plusieurs mois. « Hollywood est une plaque tournante : les gens vont et viennent, ajoute Gary Swanson. Nous prions pour qu'ils obtiennent du travail et, quand ils en ont, on ne les voit plus. »

Dans les années 40, l'industrie du cinéma a désillusionné beaucoup de chrétiens, tant et si bien qu'une industrie parallèle de cinéma chrétien a commencé à émerger. Dix ans plus tard, l'évangéliste Henrietta Mears a pris le contrôle du programme d'éducation de la First Presbyterian Church d'Hollywood, tissé des liens avec les studios autour comme Paramount et formé des groupes d'étude biblique à partir de chez elle. Jane Russell, l'actrice principale de Les hommes préfèrent les blondes, et les vedettes country Dale Evans et Roy Rogers étaient parmi les premiers membres, selon Karen Covell.

Le problème, c'est que le groupe insistait pour que ses membres sortent de l'industrie du divertissement et, dans les années 60, plus personne à Hollywood ne voulait en être. Dans les années 70 et 80, seuls quelques petits groupes d'étude biblique clandestins se sont formés. Mais, en 1987, la communauté a connu une croissance exponentielle quand l'acteur et producteur David Schall a fondé un ministère voué à l'industrie du divertissement, InterMission.

Quand David Schall est mort d'une crise cardiaque en 2003 (juste avant de monter sur scène à la première d'Uncle Vanya à la First Presbyterian Church d'Hollywood), les ministères, Hollywood Prayer Network, avaient commencé à créer une communauté chrétienne en plein essor dans l'industrie. Aujourd'hui, les ministères voués au divertissement sont plus nombreux que jamais. Mais il n'est pas plus facile d'affirmer sa foi chrétienne à Hollywood.

« Aux yeux des non-croyants d'Hollywood, un chrétien passe pour un homophobe d'extrême droite plein de préjugés », pense Karen Covell, ajoutant que la seule chose qui soit plus taboue, c'est d'être républicain. a foi chrétienne ne sera sans doute jamais en vogue à Hollywood, mais elle voit toujours la capitale du cinéma comme la tribu qu'elle a la mission de convertir. La tribu la plus influente dans le monde.

« Les gens à Hollywood créent des produits qui influencent l'humanité entière, et on ne peut pas les changer. Les produits ne changeront que lorsque le cœur des gens qui les créent changera. »

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