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LE NUMÉRO MODE 2010

Habillés pour tuer

L'un des éléments les plus importants en corrida est incontestablement le costume du torero. Il est coloré, dispose de coutures brodées en or et en argent...

Torero : Javier Cortés, traduction : Julien Morel

L'un des éléments les plus importants en corrida est incontestablement le costume du torero. Il est coloré, dispose de coutures brodées en or et en argent, et est souvent pailleté. En Espagne, on les appelle trajes de luces - « costumes de lumière ». Le costume de toréador est une variation de l'attirail traditionnel des majos, ces dandys castillans du XVIIIème siècle qui étaient connus pour leur sens de l'extravagance. En partant du bas, un traje est constitué de chaussures à semelles plates, d'un pantalon cintré appelé taleguila, une paire de bretelles, une gaine, une chemise, un veston, une petite veste et une cravate ou un noeud papillon. Puis vient enfin la partie la plus intéressante - une cape rose et jaune, utilisée pendant la « danse » du torero, et une muleta, une cape rouge un peu plus petite, que l'on déploie à la fin du combat lorsque le torero doit mettre à mort le taureau. À l'heure actuelle, il ne reste plus en Espagne qu'une petite douzaine de tailleurs dont le métier est d'habiller les toreros, et la majorité d'entre eux ont appris leur métier à la Sastrería Fermín de Madrid. Ce qui fait de cet endroit la St Martin de la corrida. Antonio López Fuentes, l'homme à la tête de cette institution, a passé les 50 dernières années à habiller des toréadors. Il est aussi important pour l'industrie et le folklore de le corrida que le sang de taureau sur le sable après la mise à mort. Vice : Un tailleur dans lequel on a le droit de fumer ? ça parait incroyable, en ces temps où l'on ne peut même plus fumer dans les bars.
Antonio López Fuentes: Je laisse quiconque fumer dans mon magasin. Qu'est-ce que tu crois que fait Morante lorsqu'il débarque ici avec ses énormes cigares ? Pour les lecteurs non-espagnols, il s'agit du célèbre torero Morante de la Pubela. Dîtes-moi Antonio, comment les toreros s'occupent t-ils de leur parure ? J'imagine que ça prend autant de temps qu'une femme qui doit choisir sa robe de mariage.
Bien entendu. Habiller un homme pour la traje est assez simple, mais ça prend du temps. Le torero doit se sentir « bien apretado », c'est à dire qu'il doit sentir les vêtements lui coller à la peau. Il existe aussi d'infimes détails sublimes dans la préparation du toréador. Fixer les machos, par exemple. Les machos sont les petits glands qui pendent aux épaulettes - que l'on appelle taleguilla. Le public les arrachent du costume lorsque le torero a assez de chance pour sortir de l'arène sur les épaules de la foule. Ils sont accrochés au costume avec de l'eau et de la salive. Ce sont des choses qui se font en coulisses, et que vous n'êtes autorisé à voir que lorsque vous partagez une profonde amitié avec le torero et qu'il vous laisse le droit de l'habiller dans son hôtel. C'est un rituel sacré. Le torero s'habille toujours devant le miroir, et c'est là qu'il prend confiance en lui et qu'il commence à s'encourager mentalement pour le combat. En s'habillant, il essaie de se préparer autant qu'il le peut..

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Il y a quelque chose de féminin dans les trajes, je trouve.
Tout est féminin là-dedans. C'est la raison pour laquelle on parle de « robe » plutôt que de « costume ». Dans le passé, il n'existait pas d'école de toreros : ils devaient apprendre à la campagne, seuls, qu'ils soient fils de riche propriétaire ou simples fermiers retrouvés là par hasard. Donc, tu avais ces gamins de 14-15 ans à la peau bronzée en train de se battre à moitié nus contre des taureaux pendant que les propriétaires n'étaient pas là. Ils étaient ailleurs, en train de faire des affaires, et leurs femmes restaient à la maison. La plupart du temps, c'étaient les femmes elles-mêmes qui jetaient un taureaux sur les garçons, juste pour les voir se battre. C'est à dire que tout ça vient d'une tension érotique stimulée par les femmes de riches propriétaires ?
Absolument. Ces dames ont fini par coudre des habits à ces jeunes apprentis toréadors. De nos jours il est moins rare de voir un homme habillé en rose, mais à l'époque, c'était vraiment inhabituel de voir ça. Elles les habillaient comme des femmes, mais essayaient quand même de conserver leur virilité. Et aujourd'hui, si jamais vous habillez une femme en trajes de luces, elle aura l'air masculine, et peu importe la taille de ses fesses. Comment quelqu'un peut devenir tailleur pour toreros ?
Traditionnellement, c'est un savoir-faire qui se transmet de père en fils. Mais aujourd'hui, les enfants ne sont plus intéressés par ce genre de métier, et ce sont des étrangers qui ont pris leur place. À présent, ce sont les gens qui veulent en faire leur métier qui apprennent le coup de main. Parce qu'en effet, il s'agit d'un coup de main. Nous n'utilisons presque pas de machine, et le peu que nous utilisons sont contrôlées manuellement. Ma mère était issue d'une famille de brodeuses, des femmes douées, qui avaient appris les paternes fondamentales de la création d'une veste de boléro, en l'embellissant. Notre magasin a ouvert à la fin de la Guerre d'Espagne, et c'est mon frère Fermín qui l'a fait connaître. Peu à peu, les gens ont commencé à en entendre parler, jusqu'au Mexique. Et nous sommes encore là aujourd'hui. Une fois que vous êtes investis, il est impossible d'oublier la corrida. C'est comme un poison. Dans une autre vie, vous avez peut-être été torero aussi.
Non, non, j'ai toujours été celui qui habille les torero. J'adorais aller au ski avant d'ouvrir le magasin, mais je ne m'autorise même plus ce genre de plaisirs. Je ne peux pas m'exposer à des activités si dangereuses. Si quelque chose venait à m'arriver, tout le monde se retrouverait à poil.

Comment le costume a t-il évolué àtravers les époques ? Je demande, parce que ce monde a l'air d'être très traditionaliste.
Il n'est pas question de le modifier, ni même d'essayer. Ce n'est pas nécessaire. Cette entreprise est entièrement dévolue à la tradition et à un certain classicisme. Le torero se retrouve toujours confronté au même animal. La cérémonie est toujours la même. Et les facteurs « physiques » (comme faire en sorte que le toréador se sentent à l'aise dans son costume) ont été définis il y a bien des années. La seule chose qui a changé un petit peu, c'est la manière de coudre, mais les vestes sont exactement les mêmes que celles du début du XXème siècle. C'est l'époque où les tailleurs se sont mis à utiliser des fibres synthétiques ; avant ça, tout était cousu en soie naturelle. Le problème de la soie, c'est qu'un jour ou l'autre elle finit par se faner à cause de l'exposition au soleil, et le poids des coutures la fait rétrécir. Je parie que les couleurs du costume ont beaucoup à voir avec l'âge des toreros, de même qu’ à diverses superstitions.
Les deux sont importants, mais en règle générale, on cherche à trouver la couleur qui évoque le plus l'idée de triomphe. Dámaso Gonzáles, par exemple, était certain que grâce à sa canne et son costume couleur or, il était destiné à salir por la puerta grande (« sortir par la grande porte », c'est à dire avoir terrassé le taureau. C'est aussi un synonyme de « succès » en espagnol) à Madrid. C'est pour ça qu'il en commandait un nouveau chaque année. Quand un matador réussit avec un costume particulier, en général il garde le même à chaque combat. Est-ce que la qualité de la couture implique un certain rang ou un statut particulier ?
Non. En fait, l'or confère un statut particulier, parce que l'argent est inférieur. L'or signifie Dieu, les rois, la noblesse, et les coutures sont en or parce que le torero est le roi du peuple. Les coutures servent aussi à cacher les imperfections des toréadors un peu grassouillets. Et le fil en or véritable dont tout le monde parle ?
Il s'agit juste d'une petite couche. Il peut être cousu dans le costume, parce que l'or est très malléable. Mais il faut se rappeler qu'un costume, sans trop de broderies, pèse au moins 5 kilos. L'or étant plus dense que le cuivre, ça alourdirait le costume de plus d'un kilo. Et bien entendu, il coûterait bien plus cher. Est-ce que vous vous souciez des tâches de sang éventuelles qui peuvent se retrouver sur les costumes ?
Le sang ? Le sans part à l'eau. Tout part avec un peu d'eau. De l'eau, de l'eau, plus d'eau ! Lorsque tu fais un costume, jamais tu ne penses aux tâches de sang. Si jamais tu devais y penser, ils seraient tous rouges.

Attention, question morbide. Mais quelquefois, le traje peut aussi bien être considéré comme un costume de superhero que comme un linceul.
Tu ne dois jamais le considérer comme un linceul. Jamais. Le torero est un homme avant la corrida, mais il devient quelqu'un d'autre après. Tu peux t'en rendre compte juste en leur parlant, et c'est fascinant, ça se ressent réellement. Beaucoup de choses peuvent se passer en quelques minutes. Il suffit d'une fraction de seconde pour que le taureau dévie sa charge. Et le pire peut arriver à ce moment là. Mais non, il n'est pas question de le voir comme un linceul. Même si l'est possible que ça nous passe par la tête, on ne doit pas se dire que l'on habille un cadavre. J'aime bien l'histoire du légendaire torero Belmonte, qui traversait la rivière Guadalquivir sous la pleine lune et qui combattait à poil…
Un vrai torero est toujours un torero, même tout nu. Tu le vois au moment où il met sa cape. Tu le vois dans son calme, dans son courage, dans sa façon de planter les aiguilles dans le morlaco (gros taureau) et d'esquiver ses attaques. Quel est votre avis à propos des campagnes de grands designers avec le monde de la tauromachie ? Il n'y a pas si longtemps, Armani a crée un goyesco (un costume de torero) pour Cayetano Rivera Ordóñez. Et Picasso a fait la même chose pour le grand-oncle de Cayetano, Luis Miguel Domininguèn..
Tous les grands designers de haute couture essaient d'en tirer profit parce que la corrida représente beaucoup de gens, et d'argent. Dans ce business, tu ne peux pas te reposer sur tes lauriers. Mais ça n'a rien à voir avec le monde de la mode. On ne peut pas comparer ça à Gaultier ou Chanel. Ces gens ne savent pas embellir les poitrines comme nous, et il est impossible pour eux de broder correctement. Les brodeurs existent encore grâce à la tauromachie, il faut savoir que les militaires ne brodent plus de nos jours, et les prêtres ne portent plus que des chasubles faits d'une seule pièce de tissu - c'était un peu comme une nappe, pour dire vrai. La plupart des échanges avec le monde de la tauromachie n'existent plus aujourd'hui, c'est donc logique que les tentatives d'intrusion de la part des designers aient toutes échoué. C'est un monde secret. Pour le comprendre, il faut le vivre. Qui dicte les dernières nouveautés qu'il faut porter ? Les toreros les plus célèbres ?
Oui. Et ceux qui triomphent dans les corridas en début de saison. Lorsqu'un torero a du succès en portant une certain couleur, les autres le remarquent. Dans ce monde là, contrairement à ce que l'on voit dans le reste de la société, le rôle du père (comprendre, le « maître ») est respecté. Mais certains clients peuvent venir vous voir avec leurs propres idées…
Bien sûr. Mais quand je parle avec eux, je me rends compte qu'ils sont juste en train de fantasmer. Ils me demandent ce qu'ils veulent, j'écoute ce qu'ils ont à dire, puis je dois leur expliquer que ce qu'ils ont en tête ne marche pas avec tout le monde. Ceci dit, l'idée de l'uniforme me terrifie, parce que le monde de la tauromachie est à l'opposé de ça ; il est très coloré. Parfois il m'arrive de m'énerver et de dire non à leurs suggestions. Un ruban dans les cheveux ? Non je ne pense pas que ça t'irait. Une paterne dans la broderie qui ne me plaît pas ? Je ne la ferai pas. Il arrive même que l'on se dispute, mais on finit la plupart du temps par se reparler dès qu'ils reviennent au magasin.

Pour vous, quel est le torero le plus élégant ?
En général, ceux qui dépensent le plus d'argent. Mais ça ne marche pas toujours comme ça. À l'époque, j'aurais dit José Ortega Cano. Et aujourd'hui, Sebastían Castella, pour plein de raisons. Premièrement, il a le corps pour ça. Peut être que d'autres toreros dépensent plus d'argent que lui, mais « rien ne pousse dans les terres trop arides » ! Puis il y a d'autres toreros qui ne sont pas spécialement beaux dans un traje de luces, mais leur dévotion et leur bravoure les embellissent. Il y a quelques trucs à savoir. Savoir mesurer ses pas, par exemple. Ou faire attention à ce que l'on dit. Les toreros n'ont pas tendance à beaucoup communiquer. Tout ça pour dire qu'il y a des hommes qui ont l'art en eux, et d'autres qui ne l'ont pas. En tauromachie comme dans toute autre discipline, il y a les artistes et ceux qui ne font que combattre le taureau. Et Fermín les habille tous…
Tous. Je ne peux pas révéler qui a commandé ceci ou cela parce que, parfois, la pièce n'est pas pas destinée à un professionnel et finit comme n'importe quel autre châle au fin fond d'un tiroir. On parle bien d'une pièce sur laquelle nous avons passé plus d'un an ! Une fois, un mexicain qui faisait partie de la sécurité rapprochée de Bill Clinton m'a commandé une cape. Et il n'y a que deux endroits où un homme se révèle : dans un bar ou au pieu. Bien entendu, je n'allais pas l'emmener au lit, j'ai donc préféré parler avec lui dans un bar du coin. Il m'a raconté qu'il était entré aux États-Unis illégalement et qu'il se souvenait des corridas qu'il allait voir avec son grand-père à Tijuana quand il était enfant. En Amérique, il avait marié une femme qui ne supportait pas la corrida, mais il tenait à s'acheter une cape avec une Vierge de Guadeloupe brodée dessus. Et si je voulais acheter un costume entier, combien ça me coûterait ? Quelque chose d'assez simple, avec lequel je pourrais descendre acheter du pain.
Ça va te revenir assez cher le morceau de pain. Une robe de base coûte environ 3 280€. Comme avec les voitures, plus tu rajoutes d'options, plus le prix grimpe. Qu'il s'agisse d'une broderie en plus, des décorations, des cairelas en soie etc. Je me demandais si vous seriez capable de reconnaître une cape de votre confection en regardant une corrida. Il ne s'agit pas seulement d'un bout de tissu après tout - c'est presque aussi lourd qu'une pièce d'ingénierie.
Oui, bien sûr. Il y a quelques années, la cape était circulaire, comme une roue, et c'est pour cette raison qu'à l'époque le torero tenait sa cape de travers. À cause de ça, les toreros nous ont demandé de réduire le radius des capes. Tu vois, très peu de toreros modernes seraient capable de supporter ces vielles capes en soie naturelles. Elles pouvaient presque tenir toutes seules; il faut avoir une sacrée patience et un bon poignet pour pouvoir s'en servir. Le style a changé quand Manolete s'est mis à pratiquer une corrida à la « verticale », dans laquelle le taureau passe plus près du matador. C'est exactement ce que fait José Tomás aujourd'hui. La première corrida que j'ai vu de ma vie, c'était avec José Tomàs justement, et je n'avais aucune idée de qui il était. C'était il y a deux ans à Barcelone. Aucun des gens que je fréquentais, même dans ma famille, ne s'intéressait à la tauromachie, et pour être franc, ça me dégoûtait aussi. Mais ce qui me dégoûte encore plus, ce sont les gens qui te disent quoi penser. C'est pour ça que je suis allé voir par moi-même. Au début, ça a été un choc quand le premier taureau a été picado (« planté »). Mais j'y ai vite pris goût et aujourd'hui, j'adore ça. C'est difficile d'admettre ça en Catalogne, parce que le sentiment général est au « Désolé, ce n'est pas pour nous ».
Mais tu crois que ça se passe vraiment comme ça ? La corrida est toujours quelque chose qui renvoie à l' « Espagne » pour eux ? Ça se transforme en question politique. Oui, en partie. Mais l'argument principal contre la tauromachie insiste sur le fait qu'il s'agit d'une tradition primitive et obsolète.
Pourquoi ne critiquent t-ils pas les pyramides égyptiennes dans ce cas ? Ou la Dame d'Elche ? Les vieilles traditions doivent être préservées, car elles ont de la valeur. Il est impossible de construire à partir de rien. Beaucoup de choses sont archaïques en corrida, en effet, mais pour moi, cet archaïsme a de la valeur.

J'aimerais pouvoir partager cette passion avec quelqu'un. Pour moi, ça a été comme une révélation, mais ce n'est pas leur cas. Dès que je mets ça sur le tapis, les gens se mettent en colère. Ils n'écoutent même pas.
C'est une honte pour Barcelone ! C'était l'une des plus grandes villes de corrida en Espagne. Mais tout s'est effondré petit à petit. Des toreros moins bons ont fait leur apparition, du coup le public s'est mis à moins attendre d'eux. Mais je ne pense pas que les campagnes parlementaires pour bannir la corrida aient eu tant d'effet que ça. Une fois de plus pour les lecteurs non-espagnols, rappelons que plusieurs collectifs sociaux Catalans ont entrepris des initiatives législatives dans le but de bannir définitivement la corrida en Catalogne. Mais oui, je pense que la corrida est « naturelle », et ne peut mourir ni être interdite. Si ça devait arriver, je pense que ça aurait le même effet que si l'on interdisait la vente d'alcool.
Tout à fait. Peu importe qu'il s'agisse de corridas ou non. Mais je pense en effet qu'il est dangereux de vouloir bannir les coutumes et les traditions à tout prix. Si les corridas ne devaient pas exister, je pense qu'elles auraient disparu d'elles-mêmes. Ce n'est pas bien de vouloir les interdire. Le vrai problème de la corrida d'aujourd'hui, c'est qu'il n'y a plus personne d'assez charismatique pour montrer au public le vrai sens de la fiesta. Vous ne pensez pas que José Tomás pourrait être cet homme là ?
José Tomás est quelqu'un de spécial pour bien des raisons. Il est proche de sa cuadrilla (son équipe), et c'est assez inhabituel de nos jours. Il est généreux, plus que les gens ne pourraient le croire, parce qu'il n'autorise pas les médias à parler de tout ça. Il représente toutes les bonnes choses du monde de la tauromachie. L'histoire de la corrida ne s'arrête pas à l'arène. Et puis, il ne fait pas le signe de croix avant de combattre le taureau. Il attire non seulement un nouveau public grâce à son art, mais aussi grâce à son esthétique et à son attitude anti-monarchique. Il cite Yukio Mishima au lieu de la Vierge de Macarena. Pour moi, il me semble prendre à revers tous ces côtés conservateurs qui collent à la tauromachie et qui ne plaisent pas à certains segments de la population. Et en se débarrassant des côtés les plus conservateurs de la corrida, il pave la voie à un nouveau type d'aficionado.
Je ne pense pas que José Thomás soit anti-quoique ce soit. Il est simplement éclectique. Un homme de principe doté d'un grand coeur. Il est honnête et ne s'incline pas devant les gens s'il pense qu'ils ne le méritent pas. Le combat anti-corrida met l'accent sur les droits du taureau, et ignore de fait les vertus du torero. Que pensez-vous de l'alternative portugaise, qui consiste à ne pas tuer le taureau ? Pour moi, ce n'est plus de la corrida.
Parce que ce n'en est pas. J'ai vu des corridas au Portugal et elles ne sont pas renversantes, il n'y a aucune émotion. Les toreros portugais n'aiguillonnent pas vraiment le taureau, ils utilisent des banderilles avec du Velcro, ou quelque chose du genre. La loi les oblige à faire comme ça, et ça change toute la tradition. Pensez-vous que quelque chose puisse être comparée à la corrida ? Existe t-il quelque chose d'aussi important pour vous ?
Non. Il n'existe rien de tel en ce monde.