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Music

Catholic Spray ont survécu à leur première tournée américaine

Pour fêter ça, on a organisé une soirée diapos.

Un jour, on comprendra à quel point Catholic Spray était un groupe génial, unique et bien citronné. Mais pas tout de suite, non, pas maintenant. Pour le moment, nous vivons dans un monde où Fauve ramasse 8663 likes parce que la porte de leur van est tombée. Et dans ce monde là, Catholic Spray est juste un sympathique ramassis de branleurs de troisième zone, même s'ils vendent plus de disques que J.C. Satàn et humilient largement Parquet Courts sur scène. Dans ce monde là, Catholic Spray a sorti un deuxième album (Earth Slime) que la presse défend mollement, parce que personne n'a vraiment pris le temps de l'écouter mais qu'une chronique sympa, vite fait, ça ne mange pas de pain, étant donné que c'est Born Bad et que le coup de la pochette avec la fille à trois seins de Total Recall est super bien vu.

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Dans ce monde là, Catholic Spray est également parti un mois en tournée à travers les USA et a, contre toute attente, survécu à ce premier périple outre-Atlantique, malgré les prédictions de leurs amis de Fag Cop, qui avaient parié qu'au moins un d'entre eux serait incarceré ou reconduit à la frontière avant la dernière date. Pour fêter leur retour sains et saufs au pays du tireur fou, Cyprien et Pierre, les deux chanteurs-guitaristes du groupe, m'ont invité à une soirée diapos. J'ai ramené des bières, et eux, une tablette de chocolat presque neuve. Cyprien : Ça, c'est Dan, notre chauffeur sur toute la tournée. C'est le guitariste de Fag Cop.
Pierre : Ce mec est la plaque tournante de la scène punk de Kansas City. Sans rire, c'est un héros local. Il a avalé 12000 km pour nous, et subi trois albums du Velvet Underground chaque jour, vu que Cyprien était le seul à ne pas avoir trop chaud pour tourner la molette de l'iPod et qu'il ne voulait écouter que ça. Il joue dans Fag Cop, mais aussi dans Eunuch, Meat Mist et Wayne Pain and The Shit Stains. Il fait de la poterie, aussi. Et son van s'appelle « Goldie », parce qu'il est genre doré.
Cyprien : Ouais, un peu. Un peu doré.

Pierre : Le tout début de la tournée, à Kansas City, chez les gens de Nature Boys, des potes à Dan qui tournent d'ailleurs en Europe en ce moment. Quand on est revenus de la tournée, la maison était à vendre, 2000$. C’était une baraque énorme.
Cyprien : C'est dingue, tu peux acheter des maisons pour 1000$, 2000$, là-bas. Elles tiennent pas trop la route, mais elles sont putain d'énormes.

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Cyprien : Toujours Kansas City. Sur notre première tournée européenne, on s'était tous fait des tonsures de moines, c'était comme un genre de pacte superstiteux. Pour la tournée US, je voulais me faire une highway. C'est le négatif du mohawk, une grande bande rasée en plein milieu du crâne. Mais je me suis débiné, alors je me suis juste fait une petite tonsure sur le devant. Pierre : Après le premier concert à Kansas City, on a fini la soirée dans une fontaine publique, vu qu’il faisait entre 35° et 40° chaque jour. C'était une fontaine à étages, tu vois ? Max, notre batteur, était complètement arraché. Il s’est laissé glisser d’un étage de la fontaine et il est tombé sur une borne d’arrivée d’eau. Ça lui a fait ce trou sur le flanc. On est allés à la pharmacie et ils l'ont directement envoyé à l’hopital… On a un peu flippé avec les histoires d’assurances et tout, mais à prioiri ça devrait être ok.

Cyprien : Notre premier cachet. 400 dollars. Dan nous a dit qu'il n'avait jamais vu autant de thunes.

Pierre : Ça, c'est Basic Cable, le groupe qui jouait juste avant nous à Animal Kingdom, un club auto-géré de Chicago. En fait, on n'a pas joué ce soir là, vu que les flics ont débarqué juste après leur set. Et tout le monde s'est barré. Genre à la seconde où les flics ont débarqué, ils se sont TOUS barrés comme des voleurs, public, groupes, organisateurs, tout le monde. C'était assez choquant sur le coup, mais apparemment, c'est normal. C'est comme ça qu'ils procèdent.

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Cyprien : Ça s'est quand même hyper bien passé au final, parce que la fille qui organisait le concert nous a payé, et nous a organisé une date de remplacement le lendemain, à l'arrache, dans un bar avec un gros Robocop peint au mur.

Pierre : Aux États-Unis, tu n’as pas le droit de boire dans la rue, et encore moins dans une voiture, même si tu es juste passager. Du coup, ça faisait flipper tout le monde quand Cyprien se mettait à tiser, parce que tu peux te faire retirer ton permis pour ça.
Cyprien : J’ai du acheter un grand goblet de café genre Starbucks, histoire d'être plus discret. Pierre : Pendant que Cyprien faisait ses conneries, nous, on passe notre temps sur nos portables, à écrire à nos meufs. Tu vois un peu comme on délaisse les locales ? Rien à battre. Fidèles jusqu'à la mort.

Cyprien : Kenneth de Fag Cop et moi, à Detroit. On fait les marioles, là, mais en vérité on flippait dès qu’on entendait le moindre bruit. Ça fait pas super rire, Detroit.

Cyprien : On a passé une soirée à Johnson City, Tennessee, avec des ados autour d'un feu, et j’ai jeté mes pompes dedans. Du coup, j’ai passé deux semaines sans chaussures.
Pierre : Avec tous les risques sanitaires que ça implique.
Cyprien : Le truc relou, c'est que tu peux pas rentrer pieds nus dans les magasins.
Pierre : Il y’a même des stickers à l’entrée des shops pour te le rappeler.
Cyprien : Je me suis fait vider de partout. Même au McDo c’était pas possible. Ça m’a vraiment rendu super fier d’être européen, je t'assure. C'est la caissière d'un supermarché qui a pris cette photo. Elle était ok avec les pieds nus.

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Cyprien : Du coup, je me suis fait ma highway. Ça a dû débloquer un truc, j'imagine.

Cyprien : Là, on était à la Nouvelle-Orléans, dans un cimetière où il n’y avait que des catholiques et des noirs, ou un truc comme ça. En tout cas c’est ce que j’ai compris de ce que racontait ce mec, qui avait l’air d’être un genre de guide du cimetière. Mais c'était peut être l'inverse. J'ai réalisé que je comprenais pas toujours bien ce qui se disait là-bas.

Cyprien : Ça c'était à Beaumont au Texas. Il y avait toujours un truc pourri dans les maisons où on crêchait. Les gens étaient hyper cools mais les maisons étaient vraiment dégueulasses. Ils ont beau dire que les Français puent, mais eux ils se douchent 4 fois par jour et vivent dans des porcheries insensées.
Pierre : Ils ne se douchent même pas 4 fois par jour. Putain, c’était tellement crade que je croyais que c’était du papier peint.

Cyprien : Rusted Shut à Houston. Dan leur avait dit qu'on était méga-fans de leur groupe alors ils nous ont organisé une date sans réfléchir.
Pierre : Pendant leur set, le chanteur nous a demandé à boire. On lui a filé des bières mais il a fait « je veux pas de ça, donnez-moi du whisky. » Alors Max est allé lui chercher une bouteille, et il est parti se la siffler en laissant le micro à Max qui, du coup, a chanté sur un morceau le temps que l'autre finisse de picoler tranquille sur le côté. Cyprien : Ça c'est à Austin. On s'est baignés deux ou trois fois comme ça et à chaque fois on a pu constater à quel point on avait gonflé, avec toute cette junk food et ces trucs horribles qu'on mangeait. Cyprien : Là c'est à Nashville, je me suis fait égaliser les cheveux par une nana chez qui on squattait, parce que je passais vraiment trop pour un creep avec ma highway. Pierre : Le concert de Guitar Wolf au Gonerfest, à Memphis.
Cyprien : Ils ont joué en tout premier, à 17h, en pleine après-midi, sous le cagnard avec leur cuir et tout. Cyprien : Comme tu peux voir, il y avait l'homme le plus recherché des États-Unis au premier rang. Cyprien : Il venait juste de violer deux-trois enfants mais se sentait bien de voir Guitar Wolf, apparemment. Photo : Jackie Roman/The Hell Gate Pierre : Notre concert au Gonerfest. Les costumes de nonnes, on les a achetés un peu avant la Floride, dans un Walmart sur la route. Celui où la caissière à pris Cyprien en photo, en fait.
Cyprien : À la base, on s'était juste arrêtés pour que je me rachète des pompes, mais ça nous a semblé plus intéressant d'investir dans ces fringues de nonnes. Cyprien : Cette nana à droite nous a empêché de dormir. Elle s'est fait baiser toute la nuit.
Pierre : Le mec qui nous hébergeait à Memphis a ramené cette zouze après le concert, et à un moment on a ouvert la porte de la chambre et il était en train de la niquer. Du coup on les a épiés en mangeant des tortillas. On était morts de rire.
Cyprien : Fallait bien ça.
Pierre : Quand je me suis réveillé le lendemain, j'avais plein de Doritos écrasés dans mon caleçon. Je ne sais si ça a un rapport. Cyprien : Oh putain, eux. Ils faisaient notre première partie à St Louis. C'était un genre de groupe expérimental. Le batteur jouait sur des petits bouts de bois pendant que la fille faisait des sifflements rauques au micro et le mec à la guitare était tout perché sur une wah wah. C'était ridicule. La copine du batteur m'a tenu la jambe pendant un petit moment. Elle m'a raconté qu'elle avait deux personnalités, dont une qui vivait en Australie et qui était serial-killer. Cyprien : Et voilà, on a survécu, sains et saufs, avec même quelques kilos en plus. Allez vous faire foutre, Fag Cop. On est meilleurs que vous. Personne peut rien dire à ça. Pierre : En fait, la seule victime de cette tournée, c'est cette libellule qui s'est jetée sur notre van sans raison à Fayetteville, Arkansas.
Cyprien : REP, big mama.

Le groupe tient à remercier Magan Karson de leur avoir gentiment donné quelques-unes des photos présentes ci-dessus. Earth Slime, le deuxième album de Catholic Spray est toujours disponible chez Born Bad, la pochette est toujours aussi bien vue, et le disque est toujours aussi bon, pour peu que vous vous donniez la peine de l'écouter. Lelo Jimmy Batista est le rédacteur en chef de Noisey France. Il a perdu ses chaussures une seule fois, à Bangkok. Il est sur Twitter - @lelojbatista