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Puisse Christopher Lee franchir les portes du Valhalla le sourire aux lèvres et une épée entre les mains

De la Royal Air Force aux productions de la Hammer en passant par sa carrière dans le heavy metal, l'acteur anglais a été le dernier champion du Monde Libre.

Ce dimanche 7 juin, Sir Christopher Frank Carandini Lee, plus connu sous le nom de Christopher Lee nous a quittés, à l'âge de 93 ans. Figure icônique du cinéma fantastique, Lee était avant tout un homme de scène, passionné par son métier. Après une longue carrière militaire, qui l'a vu servir durant la Guerre d'Hiver sous le drapeau Finlandais avant de s'engager dans la Royal Air Force (où il encadrera les pilotes durant la reconquête de l'Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre Mondiale), il se tournera finalement vers son rêve d'enfant : le métier d'acteur.

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C'est en 1947 qu'il obtiendra son premier rôle (dans Corridor of Mirrors). Pendant dix ans, il évoluera en tant que figurant ou acteur de second plan, avant d'être sollicité par les studios Hammer en 1957 pour incarner le rôle du monstre de Frankenstein. Mais la légende ne se mettre réellement en marche que l'année suivante, lorsqu'on lui proposera le rôle du comte Dracula dans Horror Of Dracula de Terence Fisher. Une performance qui lui permettra de se tailler une place de choix dans la production fantastique des deux décennies à venir. Après le génial The Wickerman—qu'il a toujours considéré comme son meilleur film—en 1973, Lee commencera à s'aventurer dans des productions plus traditionnelles. On le croisera notamment dans un James Bond, L'Homme Au Pistolet d'Or en 1974, dans le 1941 de Steven Spielberg en 1979, ou encore dans des séries telles que Cosmos 1999 ou Drôles de Dames. Et si son nom a pu continuer à briller en lettres de feu grâce à ses rôles dans Le Seigneur des Anneaux et Star Wars, son aura, elle, a atteint un point maximal, lorsqu'il a publiquement avoué être un fan absolu de heavy metal.

Si sa voix profonde, vibrante et immédiatement reconnaissable était utilisée dans de nombreux films et dessins-animés (on se souviendra notamment de sa prestation dans La Dernière Licorne, en 1982, ou de sa voix-off dans Dix Petits Indiens de George Pollock), Lee était également un chanteur accompli, qui a enregistré plusieurs titres (dont une géniale reprise du classique folk de Paul Giovanni, « The Tinker Of Rye », sur la B.O. de The Wickerman) et un disque d'opéra intitulé Revelation.

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Alors forcément, quand quelqu'un comme Christopher Lee déboule dans le monde du metal, c'est avec classe, excès et fureur. En 2004, il apparaît sur le titre « Magic of the Wizard's Dream » de l'exubérant groupe de power-metal italien Rhapsody, avant de collaborer avec les non moins exubérants Manowar et Inner Terrestrials (avec qui il interprètera une version heavy metal des « couplets du Toréador » de l'opéra Carmen, en 2006).

Lee a également sorti de nombreux disques sous son nom, notamment deux albums de pur heavy metal symphonique, basés sur la vie trouble et mouvementée de Charlemagne — dont il est un descendant directCharlemagne: By the Sword and the Cross en 2010 et Charlemagne: The Omens of Death en 2013. Sur ce dernier (qui, si vous comptez bien, est sorti alors que Lee était déjà âgé de 91 ans), on croise également Tony Iommi, légendaire guitariste de Black Sabbath avec qui Lee a souhaité collaborer après que ce dernier lui ait avoué avoir été profondément influencé par sa performance dans Horror Of Dracula. C'est aussi Iommi qui a remis à Christopher Lee le Spirit of Metal award qui lui a été attribué en 2010 par le magazine Metal Hammer.

Mais Lee n'a pas seulement écrit sur ses ancêtres lointains. Il a également rendu hommages à ses idoles littéraires (sur son EP de 2014, Metal Knight, entièrement consacré à Don Quichotte) et laissé libre cours à des obsessions plus joviales et fantaisistes (sa série de EPs de chants de Noël heavy metal, qui lui a permis d'entrer dans les charts anglais en 2012 avec « Jingle Hell » et de devenir, accessoirement, l'artiste le plus âgé à jamais être entré dans les classements de ventes de disques).

Si sa carrière musicale et plus particulièrement sa passion pour le heavy metal, ont provoqué stupeur et incrédulité dans la presse et les médias, Lee a, lui, toujours insisté sur le sérieux de ce projet, refusant que les journalistes le traitent de façon triviale ou exotique.

Oui, le sorcier Saroumane était à bloc de Rhapsody, Lord Summerisle trippait sur Manowar, et évidemment Dracula ne pouvait faire autrement que de se la donner pépère sur Black Sabbath. De l'opéra au metal symphonique, il n'y avait qu'un pas et Christopher Lee l'a franchi sans hésitation, donnant au genre tout entier ses plus belles lettres de noblesse. Des champs de bataille de Terijoki aux manoirs de Transylvanie, des vallées de Galloway aux riffs de l'outre-monde, Christopher Lee a été le dernier champion du Monde Libre et on l'aimait pour ça. Puisse-t-il franchir les portes du Valhalla le sourire aux lèvres et une épée entre les mains.