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Music

Idaho sort enfin de son grand sommeil

Jeff Martin, l'homme derrière le secret le mieux gardé du slowcore, revient sur le parcours de son groupe, son expérience dans le cinéma, et l'époque où il était en classe avec Michael Bay.

Toutes les photos sont de Nico Apo

Ça fait des années qu’on s’inquiète pour Idaho. Aurait-il finalement été la seule victime collatérale de l’escroquerie du bug de l’an 2000, lui qui a empilé les chefs d’œuvre dans les années 90 ? Et pourquoi ses dernières et rares productions portent-elles des noms aussi abscons ? D’ailleurs, est-ce encore un groupe ? Ou est-ce le seul Jeff Martin ? Le fait est que, oui, Idaho, c’est lui et lui seul. Point barre de fer. Même s’il est toujours en relation avec John K. Berry qui a d’ailleurs travaillé avec lui sur la compilation

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Brodcast of Disease

(« diffusion de la maladie », encore un titre sympa), Martin reste le leader d’Idaho depuis qu’il a éjecté son vieux pote du groupe dès leur deuxième album,

This Way Out

(1994). Tous deux se sont réunis pour travailler cette anthologie sortie en catimini (édition en CD à 400 exemplaires et en téléchargement sur le Bandcamp d’Idaho, je vois pas comment on pourrait dire le contraire) de titres datant de l’époque où les deux portaient encore des couches-culottes.

La tonalité corbeau de ces premières démos éclaire sur la suite d’Idaho dans sa période faste, une erreur estampillée slowcore en réalité tiraillée entre le noise-rock plombé des Swans et la new-wave anglaise dont Martin était fan. Le groupe californien avait beau s’agiter au même rythme de lézard sous morphine que Low ou Codeine, ses musiciens avaient l’air de vouloir désespérément continuer à jouer, même après être tombé dans une benne à goudron. Sans personne pour leur coller des plumes. Songwriter au sourire sunshine d’un rock solitaire et dépressif, Martin porte plus que jamais Idaho à bout de bras et envisage enfin un vrai album… pour l’automne 2016. Pas de doute, pour le ralenti, l’homme reste un sacré expert.

Noisey : Content de te voir mais qu’est-ce que tu as donc fabriqué depuis le début des années 2000 ?

Jeff Martin :

Si je devais refaire l’histoire, je dirais que j’ai lâché Idaho et que j’ai tenté de devenir compositeur professionnel. Au début des années 2000, j’ai bossé pour la télévision, en particulier pour une série assez connue,

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The Days

, mais ça n’a pas duré longtemps. Et puis aussi pour NBC. Ça m’a fait comprendre que sortir mes disques représentait bien plus qu’écrire de la musique pour les autres. J’espère qu’il n’est pas trop tard pour redémarrer Idaho mais je ne suis pas trop inquiet car j’ai toujours une base de fans modeste mais assez fidèle. Je n’ai jamais très bien assuré la promotion d’Idaho. C’est vrai que je viens jouer à Paris alors que je n’ai même pas d’album à défendre et ça rend dingue mon label français. Il n’y a aucune logique, tout se fait de façon un peu chaotique… Ça fait un an que je tente d’écrire un nouvel album, de jouer en live et de ne plus me cacher dans ma maison de Laurel Canyon.

Tu t’es retrouvé à bosser pour Hollywood, ça s’est fait par accident ?

Carrément. En 2002, j’étais en tournée en Europe et les choses allaient plutôt bien mais je ne gagnais juste pas assez d’argent. Sur un marché de Los Angeles, je retombe sur Aaron Jacobs qui avait été directeur artistique chez A&M Records. Dans les années 90, j’avais bossé pour Toni Childs qui était signée sur ce label. Ce gars se souvenait de moi et il était devenu agent de musiciens pour le cinéma et la télévision. Le truc marrant, c’est que j’ai été à l’école avec Michael Bay, le réalisateur de films plutôt horribles, dont j’avais écrit les musiques de films à la fac… Bref, le gars me dit : «

Si tu me laisses un an, je te trouve du boulot à la télé

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». Un an plus tard, ça démarrait avec cette série télé qui me payait royalement.

Et ce travail t’a saoulé…

Il n’y a aucune âme dans ce boulot, tu es comme une machine. Les gens pour qui tu bosses n’ont aucun goût mais possèdent des égos surdimensionnés. Ils me faisaient copier d’autres musiques. Je ne me suis donc pas du tout éclaté… Sur la première série, j’avais encore une certaine liberté, j’ai pu chanter et jouer de la guitare, et ça allait. Mais sur la suivante c’était juste horrible. C’est donc pas un truc pour moi. Mais la plupart des titres d’Idaho réalisés depuis 2002 trouvent leurs origines dans l’écriture pour la télé ou le cinéma. Je les ai par la suite transformés en chansons d’Idaho. Du coup, je n’ai pas l’impression d’avoir réalisé un vrai album d’Idaho depuis

Levitate

en 2001. Je ne dis pas que les suivants sont mauvais, je les adore. Mais ils ne suivent pas le processus habituel, ils proviennent d’un retravail d’idées pour la télé et le cinéma.

Elles viennent donc de là les textures parfois quasi électro de The Lone Gunman ?

Oui, la plupart d’entre elles étaient au départ des bandes son. D’ailleurs un journaliste du

Village Voice

a écrit une chronique négative m’accusant de tricher. Ensuite, Doug Pray qui avait entendu ma musique sur KCRW, m’a demandé de produire la musique de son documentaire

Art & Copy

. J’ai aussi réalisé la BO d’une comédie romantique avec des acteurs japonais. J’ai fait des films indépendants et des documentaires à petit budget qui sont tous cool. Je pourrais en faire ma carrière mais Idaho reste plus important que travailler pour les autres.

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Du coup, tu as signé ces B.O. Idaho ou Jeff Martin ?

Jeff Martin. Mais je viens aussi de réaliser mes propres documentaires ainsi que leur musique et là, je la signe Idaho car ce sont mes projets. C’est une nouvelle fenêtre de tir qui pose la même question : continuer ces films ou me concentrer sur Idaho ? Mais pas mal de gens touchent tellement à tout, pourquoi devrais-je choisir ?

Pour les titres de tes disques, tu as aussi l’air de faire n’importe quoi. C’est une forme de réaction caustique face au business ?

Avec John, on a commencé nos premiers groupes en 1991. Il possède un super sens de l’humour et il est très bon pour trouver des titres. C’est lui qui a trouvé celui de notre premier disque live :

People like us should be stopped

. Et il a aussi trouvé celui de la compilation

We were young and needed the money

. Pour cette compilation de morceaux datant des années 80, qu’on regroupe sous le nom d’Idaho car pour nous, c’est vraiment les origines, il a trouvé le titre

Broadcast of Disease

. Tout ça vient vraiment de lui. Quant à

You were a dick

, c’est tiré d’une chanson. J’avais un titre très prétentieux du nom d’une plante, «

Revoluta

». Bill Sanke, qui mixe mes albums depuis

The Forbidden EP

en 1997, s’est écrié : «

Mais c’est un nom stupide !

» Je me suis donc mis à réfléchir à un autre qui lui plairait. Et ça n’a pas loupé, il a trouvé que

You were a dick

était le meilleur possible. Il n’y a donc rien d’intellectualisant, c’était juste l’idée d’un truc différent, qui aille aussi contre l’image un brin sombre et sérieuse d’Idaho.

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Tu te rends compte de l’impact qu’un titre peut avoir sur les fans, au même titre qu’une pochette ?

Non, mais c’est vrai que les réactions de fans ont été incroyables : «

le plus mauvais titre

» etc. Ca a créé la controverse mais de façon totalement futile. Alors que ça a fait marrer mes parents. Déjà, quand tu mets le mot «

dick

» dans un titre aux Etats-Unis, tu sais que tu ne passeras pas en radio.

Assurer la promo de tes disques, c’est quelque chose que tu faisais un peu à reculons ?

C’est un truc de famille. Mon père est un super bon architecte, il aurait pu être l’égal de Frank Gehry. Mais il ne s’est jamais mis en avant. En ce qui me concerne, cela tient aussi à un mélange de timidité, de manque d’enthousiasme et d’assurance dans mon travail. Je suis quelqu’un d’assez secret et n’aime pas trop sortir de ce que nous, Américains, appelons notre « zone de confort ». Les interviews et les voyages, c’est la partie que j’aimerais éviter. Dans un sens, je me reconnais en Brian Eno car c’est en studio que je me sens le plus à l’aise. Alors que je suis sûrement meilleur en live que ce que je crois.

Dans la nouvelle compilation de vos débuts, le son new-wave va surprendre les fans non ?

Il y a beaucoup trop de réverb’, de mauvaises boites à rythmes… mais ça permet de comprendre nos débuts. Tout vient de notre complémentarité. John m’a ouvert à tout un nouveau monde. Avant, j’étais dans le jazz à la Weather Report, je n’avais aucun goût. Il m’a fait découvrir Iggy Pop, Japan, John Foxx… et toute la musique indé et la new-wave dark anglaise de l’époque. Ça a été un vrai choc. Puis il se trouve qu’en 1983, mes parents ont déménagé à Londres pour un an. J’avais 19 ans, je n’aimais pas l’école et j’ai laissé tomber les études. Londres était cool : tu ouvrais le

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Melody Maker

et chaque soir tu pouvais voir Cure, les Cramps, John Foxx, Siouxsie & the Banshees, Birthday Party, les Stranglers… J’allais en concert tous les soirs. Manchester explosait avec New Order, les Smiths… J’ai même rencontré un des gars de Blancmange et devais partir en tournée jouer du clavier avec eux mais j’avais envie d’écrire ma propre musique. Vu qu’un label était intéressé, j’ai décliné. J’ai eu un contrat avec la maison de disques Ensign qui comptait à l’époque les Waterboys, Sinead O’Connor… J’avais enregistré des super démos mais quand je suis arrivé en studio, ça a été la cata. Ça a été la grande tragédie de ma vie car c’était la grande chance que je venais de laisser passer.

C’est là qu’Idaho est né ?

Quand je suis revenu aux US, j’ai retrouvé John avec qui j’avais déjà composé un peu. Il représentait le côté énervé et sombre de la musique mais je n’arrivais pas à prendre au sérieux ce que nous faisions – même si j’adorais. Pour moi, ce n’était pas la voie à prendre pour notre carrière. J’avais aussi la pression de gagner un peu d’argent dans la pop-music. J’ai donc continué seul dans les années 80 mais John insistait pour travailler ensemble un jour par-ci ou un week-end. Et ça a donné ces premiers morceaux d’Idaho avant même d’avoir le nom du groupe. Un jour, il est tombé sur une amie qui était manager. Elle a adoré et les a passés à Brian Long qui dirigeait Caroline Records. C’est drôle car nous avions été à l’école avec Brian vers sept ou huit ans. C’est donc un peu par accident qu’Idaho a été signé.

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Et ce nom d’Idaho, comment l’avez-vous trouvé ?

On n’avait pas de nom quand Caroline nous a signés et a voulu l’annoncer officiellement. Il a donc fallu en trouver un. Un ami jouait dans un groupe qui s’appelait Iowa. Quand il s’est séparé, John lui a demandé en rigolant si on pouvait récupérer le nom. Il nous a répondu : «

Iowa, c’était nous. Prenez Idaho ou un autre état

». Ce qui est drôle, c’est qu’on était de Los Angeles mais qu’on n’appartenait à aucune scène. On aurait donc pu venir de n’importe où, voire même de l’Idaho. Certains ont tenté de faire le lien entre notre musique et l’atmosphère du film

My Own Private Idaho

de Gus Van Sant. Alors que c’était juste un nom qui fonctionnait bien.

Côté musique, c’était quoi l’idée ?

Certains ont écrit que nous et quelques autres ont fondé le mouvement slowcore. Le seul groupe que j’avais entendu dans cette veine était Codeine que j’adorais par son minimalisme. Peut-être qu’eux m’ont influencé. A part ça, j’avais des goûts super larges. J’aimais les Meat Puppets par exemple, alors que John était plus sur les Swans et des trucs dark que j’aimais aussi. Quand on a démarré Idaho, on a immédiatement compris qu’on avait un son unique, honnête, simple, évident. Le souci, c’est qu’à la seconde où on a commencé et où on a signé un contrat, John a commencé à se droguer. Il s’est constamment battu contre son addiction à l’héroïne mais replongeait aussitôt. Du coup, notre musique s’en ressentait car il était parfois stone pendant les enregistrements, et ça a contribué à cette part de pathos. Je crois très peu en l’astrologie mais je ne pouvais m’empêcher de penser à toutes ces stars mortes à 27 ans comme Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison, Kurt Cobain… On avait cet âge-là et je me suis mis à flipper, ça a contribué à notre période sombre et romantique.

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Avant l’interview tu me disais que tu te sentais trop vieux pour une vie rock’n’roll. À cette époque, tu trouvais ça rock’n’roll ?

Oui un peu mais bon, je suis trop sensible y compris physiquement pour vivre ça à fond. Les années Caroline ont été plutôt sauvages, en particulier au moment de

Three Sheets To The Wind

. On était jeunes, il y avait de la folie… Mais après cet album, j’ai commencé à manger sainement, à me mettre au yoga, et suis devenu quelqu’un de super ennuyeux. Du coup, tout ce qui s’est passé avant correspond à mes années rock’n’roll.

Sur Year After Year, les titres presque dark metal sont donc dus à l’influence de John ?

Oui, mais il n’aurait jamais pu faire ça seul. En même temps, j’ai gardé ce son sur des titres par la suite comme

Get You Back

ou

Forever

sur l’album

This Way Out

. Même quand John n’était pas là, sa noirceur était là. D’ailleurs elle est toujours là.

C’est donc lui qui a réussi à dégotter le batteur des Swans de l’époque pour votre premier album ?

Oui, Vince Signorelli ! On avait un pote qui travaillait à Big & Tall Books, une librairie-café cool de Los Angeles où venait Johnny Depp. La copine de Signorelli y bossait aussi. John lui a demandé de lui faire passer nos premiers morceaux dont

Creep

,

Gone

et

Skyscrape

. Et il a accepté de jouer sur quelques titres. C’est pour ça qu’on retrouve l’influence des Swans ou de Joy Division chez nous.

Dès 1994, tu t’es senti les épaules assez larges pour assumer seul Idaho ?

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J’avoue, j’étais un peu inquiet au début. Mais j’ai toujours été capable de travailler seul. J’ai appris à faire à la guitare ce que John jouait. Puis j’ai très vite développé mon propre style. Quelques chansons ont suffi à me rendre compte que je n’avais pas besoin de lui. D’autant qu’il me disait aimer les morceaux de cet album. Je suis sûr que si on retravaillait ensemble, la magie reviendrait mais ce serait dur pour moi de revenir en arrière.

C’est une discussion que vous avez régulièrement ?

Il aimerait bien mais… C’est drôle, on s’adore vraiment mais on n’arrête pas de s’engueuler. Son style de vie, tout ça… Ça arrive à un moment que ça ne soit plus cool avec ses vieux amis. Il y a un truc qui n’est plus sain. Mais je l’aime. On sort cet album de nos premiers titres des années 80. Il s’est occupé de la production, du pressage des CD, des notes de pochette et ça a été cool. Il est un peu comme une mascotte pour moi, il se sent toujours très proche de la galaxie Idaho dont il serait une sorte de satellite. Du coup, j’aime bien avoir son avis. Mais qui sait… Je ne serais pas surpris qu’on fasse une chanson ensemble un jour. Idem avec Dan Seta, le guitariste qui l’a remplacé à la guitare juste après

This Way Out

. Mais bon. Je ne peux pas prédire l’avenir mais je suis quand même à peu près sûr que je ferai mon prochain album tout seul.

Tu as une formation classique en piano et il a pris de plus en plus de place au fil des disques. On va l’entendre encore plus sur le prochain ?

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Non c’est fini, la guitare va revenir. Je joue trop bien du piano, c’est un problème pour moi car je joue trop, j’y suis trop collé. Alors qu’avec la guitare, je suis obligé de rester simple. Je fais des erreurs qui sont formidables. J’adore les pianistes qui arrivent à chanter de façon simple mais je n’y arrive pas. Mes doigts bougent trop facilement, je n’arrive pas à les calmer ! Le piano est cool mais juste en complément.

C’est bien la première fois que j’interviewe un artiste indé qui se plaint d’être trop bon musicien…

Je sais, mais la plupart des groupes que j’adore n’étaient pas de très bons musiciens, au moins au début. Prends les Psychedelic Furs, ils étaient horribles sur leur premier album mais ça reste mon préféré. Ils ne savaient pas jouer mais peu importe, la magie était là. Comme les Swans, Sonic Youth… Et ma guitare 4 cordes me permet de ne vraiment pas en faire trop.

C’est venu comment cette idée de ne jouer qu’avec 4 cordes d’ailleurs ?

Ça remonte à des années, dans les premiers groupes avec John. A l’époque, je jouais de la basse mais voulais écrire des chansons. Un de mes colocataires avait une guitare acoustique dont il manquait les deux cordes du haut. Je ne savais pas l’accorder. J’ai essayé un accord et j’ai été bluffé par la facilité avec laquelle je pouvais jouer. Vingt ans plus tard, j’ai huit guitares 4 cordes customisées. Par contre, elles ne s’accordent pas comme des 6 cordes, c’est une technique spéciale, comme celle de Sonic Youth. C’était un vrai problème car à l’époque du groupe, on devait prendre six guitares sur la route et les accorder nous-mêmes.

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Tu es nostalgique des débuts du groupe, de l’époque où le disque se vendait un peu ?

Pas vraiment. Le truc le plus cool, c’est que j’ai vendu mon dernier album directement sur Bandcamp et c’est la première fois que j’ai vraiment gagné du blé avec un disque d’Idaho. Les fans ont commandé du vinyle et tout s’est fait en direct, j’envoyais les commandes dans des boites à pizzas. C’est un modèle totalement nouveau. C’est juste que je me sens parfois anachronique. Où est ma place ? Il y a quasiment deux générations de musiciens pleins de vie venus après moi, qui me donnent parfois l’impression d’être démodés. Mais, bon, ça ne m’arrêtera pas car je reste super excité par la musique, et je sais que des gens vont continuer à l’être par mes disques.

Tu n’es pas nostalgique mais tu sembles concerné par ton âge…

51 ans, c’est chaud. Tu te souviens quand tes parents avaient cet âge, ils étaient proches de la retraite. Alors que moi, j’ai l’impression que nos débuts, c’était juste hier.

Et ça finit par atteindre tes textes ?

Sacrée question… Oui en fait. J’ai l’impression que maintenant, j’exprime les choses plus directement qu’avant où j’étais plus abstrait. Je me cachais derrière une forme de poésie. Et quelque part, c’est ce qu’il y a de plus difficile dans la musique car je ne suis pas quelqu’un de très verbeux, je n’écris pas si facilement. Du coup, j’ai l’impression d’être plus honnête dans mon écriture, de m’interroger plus sur mes sentiments. Mais il faut faire attention à ne pas y mettre trop d’égo et à ne pas tomber dans le cucul. Mais c’est dur d’écrire des textes, c’est un travail de sculpture jusqu’à ce qu’ils sonnent bien.

Sinon, tu as quand même eu des liens avec la scène slowcore ?

Les gens de Low étaient des grands fans d’Idaho. Alan Sparhawk était fan de notre premier album et il était encore un gosse quand il a commencé à écrire. Ils ont fait notre première partie à San Francisco en nous remerciant. Puis nous avons fait une tournée ensemble, et ils sont devenus plus gros. Quant à Red House Painters, nous avions le même manager et nous avons tourné ensemble en 93. Il y a une vidéo très drôle de Mark Kozelek lors d’une balance. Il essaie de chanter

Skyscrape

, la seule chanson de nous qu’il aimait, et c’est juste horrible ! On a tourné ensemble mais il a déclaré ne pas aimer la musique d’Idaho. On a donc tourné avec d’autres… Mark Eitzel d’American Music Club nous adorait et venait nous voir chaque fois qu’on jouait à San Francisco. On a aussi fait quelques concerts avec Swell. Sinon une fois, on jouait à Portland et Stephen Malkmus était là. J’adorais Pavement et lui n’a fait que parler à une fille pendant qu’on jouait. J’étais vert… Il était un peu plus jeune que moi mais avait démarré avant. En fait, tous mes pairs étaient plus jeunes que moi. En théorie, j’aurais dû être au top dans les années 80 mais Dieu merci, ce n’est pas arrivé. Ça aurait été un mauvais timing pour démarrer ma carrière. Nirvana serait arrivé et j’aurais été totalement foutu.

La compilation The Broadcast of Disease est disponible en CD et en téléchargement sur le Bandcamp d’Idaho

Pascal Bertin écoute Idaho, mais aussi PNL, Sky Saxon et Minimal Compact. Il est sur Twitter.