Charles Samson* a passé presque une année au Centre de détention de Rivière-des-Prairies, sur l'île de Montréal, après son arrestation pour trafic de cannabis. Récemment libéré, il nous a raconté que son séjour avait commencé sur le plancher d'un gym : « cellule » improvisée qu'il partageait avec 30 codétenus.« Moi, il fallait que je bloque ma porte la nuit tellement que c'était infesté de souris, pour pas que les souris rentrent. Donc, chaque soirée, il fallait que je mette des revues dans la craque de la cellule. Il y en avait même qui tombaient du troisième étage. »
Les témoignages des détenus concordent, mais nous n'avons pas pu vérifier leurs allégations auprès d'une source indépendante. Le bureau du ministère de la Sécurité publique a refusé de nous accorder une entrevue et de nous permettre de visiter quelque établissement que ce soit pour « des raisons de sécurité » et « de protection de la vie privée des détenus ».« On n'aime pas parler des établissements de détention, c'est pas quelque chose qui est vendeur. D'en parler, d'investir là dedans, ça démontre qu'on a un problème de société. Alors on garde ça sous le tapis pour éviter que la population se rende compte que oui, il y a une prison dans ma ville et oui, elle est pleine. »
Pour Éric Bélisle, président du groupe de défense des droits des détenus Alter Justice, l'approche actuelle de la province consistant à bâtir de nouveaux établissements de détention n'est que du pelletage vers l'avant.« Il faut qu'on se demande plutôt qu'est-ce qui amène à cet engorgement-là. Est-ce qu'il y a d'autres solutions à mettre de l'avant au niveau de la justice alternative ou d'alternatives à l'incarcération? »