Q&A : Orsola de Castro

FYI.

This story is over 5 years old.

La Semaine de la mode durable

Q&A : Orsola de Castro

Orsola de Castro, fondatrice et directrice de la Fashion Revolution, pense que l'industrie de la mode peut prendre la tête de la pensée durable.

Cet article a été réalisé pour le compte du Sommet de la Mode de Copenhague et a été créé indépendamment de la rédaction de VICE.

Orsola de Castro, fondatrice et directrice de la Fashion Revolution, pense que l'industrie de la mode peut prendre la tête de la pensée durable.

Pourquoi la mode joue-t-elle un rôle si central dans le monde actuel ?
La mode est la peau que nous choisissons, un reflet de notre image personnelle, ainsi qu'un méga-business multimilliardaire et relativement jeune. Comme 100 % de la population porte des vêtements, cette industrie ne peut que croître, en envergure et en expansion. C'est aussi la seule industrie avec une obsolescence programmée qui est au cœur même de la conception du produit, nécessitant ainsi des réinventions et des changements constants. C'est la machine de production de masse parfaite. Tout le monde veut sa part du gâteau que représente la mode.

Publicité

Pourquoi pensez-vous que la mode devrait se soucier de durabilité ?
Car c'est une industrie relativement jeune, pas plus de 35 ans (comparez ça à l'industrie automobile qui a 130 ans et au cinéma qui a 100 ans). Elle pourrait tout à fait faire les bons choix dès ses débuts, et devenir ainsi une pionnière de la pensée durable.

Comment pensez-vous que la mode a un impact sur la planète ?
C'est la deuxième industrie la plus polluante au monde mais elle fournit des emplois pour des millions de personnes, principalement des femmes. Donc son impact sur les gens comme sur la planète est énorme.

Pensez-vous que nos actions en tant que consommateurs - consommer moins, militer en faveur d'un changement positif - puissent également pousser l'industrie au changement ?
Les consommateurs, ou plutôt les citoyens comme je préfère les appeler, font partie de la solution, et ce dans le moindre de leur choix. Ils pourraient acheter moins, ou acheter mieux, ou faire campagne chez eux… Il y suffisamment de manières de s'impliquer pour chacun d'entre nous si nous voulons faire partie du changement.

Qu'est-ce que les consommateurs devraient demander aux marques pour les pousser à effectuer les changements nécessaires ?
Qui a fabriqué mes vêtements ?

Qu'est-ce qui vous inquiète le plus dans la manière dont la mode est actuellement produite et manufacturée ?
L'ignorance pure, le manque de transparence, et un échec général à résoudre ces questions d'une manière régulée et légale, depuis les salaires jusqu'aux déchets.

Publicité

En parlant des exemples positifs, Scandinavia est un leader en ce qui concerne le traitement des déchets comme une ressource plutôt que comme une nuisance. Existe-t-il des initiatives que vous pourriez qualifier de bonnes conduites dans votre pays ?
Le Royaume-Uni a pris la tête de ce mouvement depuis ses débuts mais nous n'avons pas vraiment une industrie de la mode ici, donc notre impact est intellectuel et non pratique. Mais du Centre Pour Une Mode Durable à l'éco-conception textile en passant par le mouvement de Révolution de la Mode, en termes de campagnes, de conception et de pensée durable nous sommes uniques. En ce moment même par exemple, notre loi sur l'esclavage moderne est en pointe en termes de changements positifs et réalisables concrètement.

Qu'est-ce que le terme de « mode juste » signifie pour vous ? Pensez-vous qu'il soit possible de combiner style, facilité d'usage, qualité et durabilité ? Le tout à un prix raisonnable ?
Oui.

Pensez-vous que les petites entreprises puissent apporter de nouvelles approches à la durabilité ? Est-ce qu'elles changent la donne ?
Les petits acteurs sont les nouveaux grands. Il n'y a pas de diversité dans le monde de la mode actuellement. C'est ou de la mode rapide produite en masse, ou du luxe rapide. Nous devons commencer à faire de la place pour de jeunes acteurs plus petits et dotés d'un esprit plus artisanal.

Pensez-vous que la chaîne d'approvisionnement de la mode puisse être changée ? Comment chaque entreprise peut le faire ?
La transparence est le premier pas : mais il y a beaucoup à faire, vu que la chaîne d'approvisionnement du textile et de la mode est complexe et que ses travailleurs sont invisibles. Nous devons mettre en lumière, révéler ce processus, et ensuite nous commencerons à comprendre comment changer et améliorer les choses, de la graine de coton jusqu'au marketing de nos produits.

De quel type de changement espérez-vous faire partie au cours de votre vie et de votre travail au sein de cette industrie ?
Je fais partie de l'industrie de la mode depuis 1997. J'ai tout d'abord été créateur, puis mentor. Maintenant je crée également des campagnes, mais ma vraie passion et là où je me sens le plus utile, c'est quand je conseille des jeunes créateurs. Je travaille avec beaucoup d'entre eux, à la fois en tant que consultant auprès de l'institut de mode Central Saint Martin Fashion MA, et comme mentor. Et l'attitude de la nouvelle génération de créateurs m'inspire énormément. Me consacrer à eux, influencer leur progression, les sensibiliser et leur montrer comment il est possible de créer une meilleure industrie… C'est excitant et c'est ce qui m'inspire.

Quels encouragements donneriez-vous à quelqu'un qui prend conscience pour la première fois des hommes qu'il y a derrière les produits et de l'impact que la mode a sur l'environnement ?
Soyez curieux, renseignez-vous et engagez-vous.

Qu'est-ce qui vous pousse à vous engager comme ça ?
Mes enfants, ma vie, l'Histoire.

Tagged:Sponsored