L’Homme et la montagne

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L’Homme et la montagne

La vie dans les sommets savoyards n'est pas qu'un long fleuve tranquille.

Photos de Glenn Cloarec sauf mention

La Tarentaise, en Savoie, est la plus grande vallée intra-alpine skiable au monde. Devenue « olympique » depuis 1992, date des JO d'Albertville, elle accueille chaque hiver des millions de skieurs (environ 60 % de Français et 40 % d'étrangers), ce qui en fait aujourd'hui une destination touristique majeure. Parmi les différentes stations à y être hébergées, on trouve notamment celles des 3 Vallées (Courchevel, Méribel, Les Ménuires et Val Thorens), Paradiski (Les Arcs et La Plagne) et l'Espace Killy (Tignes et Val d'Isère).

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Créée dans les années 1960 par Robert Blanc, guide de haute montagne et moniteur de ski, et Roger Godino, aménageur du développement touristique, la station des Arcs, séparée en quatre « station-villages » – Arc 1600, Arc 1800, Arc 1950 et Arc 2000 – compte 107 pistes sur un domaine skiable de 200 kilomètres, lui-même relié au domaine de La Plagne. C'est dans les stations des Arcs 1800 et 1950 et sur les pistes que j'ai réalisé cette série photo, avec l'idée de capturer leur essence en ce tout début de saison, alors que la neige et les touristes ne sont pas encore forcément très présents. Par ce projet, je voulais non seulement comprendre comment l'homme s'était adapté à la vie à la montagne et découvrir qui étaient les gens assez passionnés pour venir skier dès décembre, mais aussi illustrer le quotidien d'une station – et parfois son absurdité – et rencontrer les saisonniers qui s'y retrouvent chaque année. Si je souhaitais au départ travailler sur ce sujet sur du moyen-long terme afin de faire un véritable « portrait » des Arcs, je n'y ai – pour l'instant – passé que quelques jours, à l'occasion d'un partenariat avec deux événements qui y sont désormais organisés chaque année en décembre.

Depuis 2009, la station héberge tous les ans son festival de cinéma européen, où sont projetés plus d'une centaine de films. À l'occasion de cette septième édition consacrée au cinéma norvégien, qui avait lieu du 12 au 19 décembre, le jury, présidé par la scénariste et productrice Sylvie Pialat, a décerné sa « Flèche de Cristal » à l'Islandais Rúnar Rúnarsson pour son film Sparrows – l'an dernier, le film qui avait obtenu le premier prix était The Fool de Youri Bykov. Ayant réussi à doubler sa fréquentation depuis sa création, l'événement attire aussi de plus en plus de professionnels. Cette année, Xavier Beauvois et Niels Arestrup étaient notamment présents pour y animer des masterclass. « [Le festival des Arcs] devient de plus en plus important en Europe, un peu comme Sundance au début », explique Pierre Emmanuel Fleurantin, directeur du festival.

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Photo : Romuald Maginot

Toujours au pied des pistes et au même moment, pendant trois jours, était organisé le Music Village Festival. Cette deuxième édition réunissait notamment Brodinski, Club Cheval, Louisahhh!!!, Darius, Zimmer, FKJ, Gener8io, Dabeull et Cézaire, tous signés sur les labels Bromance Records et Roche Musique. Se déroulant principalement sur la terrasse d'une énorme salle à l'architecture douteuse, dans un club de la station et dans un « bar-igloo » de 400 mètres carrés, les organisateurs avaient aussi prévu deux concerts sur deux différentes places de la commune, dont le premier s'est terminé par un feu d'artifice. Ce soir-là, si le public a mis du temps à arriver, la venue d'un énorme groupe de jeunes Anglais déchirés et torse nu pour plusieurs d'entre eux a vite mis beaucoup d'ambiance. Le lendemain, dans le même genre, lors du set des DJ's de Bromance, quelques types ont eu la bonne idée de beugler leur répertoire de chansons paillardes, le tout sous le regard amusé de Panteros666, le grand moustachu un peu louche à cheveux bleus et à veste treillis orange fluo de Club Cheval.

Loin de se résumer au combo ski + vin chaud + fondue savoyarde, je suis toujours ravi de me remémorer que c'est aussi ça, la montagne.

Photo : Antoine Monié

Photo : Romuald Maginot