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Vice Blog

ALLEMAGNE - ON A RENCONTRÉ LE PREMIER DJ DE L'HISTOIRE

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Klaus Quirini est le tout premier DJ de l'univers. Bien évidemment, il s'agit une déclaration extrêmement suspecte que tout le monde peut remettre en question en deux temps trois mouvements. Mais puisque jusqu'à maintenant, personne ne s'est manifesté pour dire que c'était faux, eh bien, on veut bien le croire. On est naïfs, hein ? Klaus est un jour tombé sur un jeu de deux platines, s'est fait appeler « DJ Heinrich » et a donné naissance à une nouvelle ère. Comme nous n'avions pas la moindre idée de ce que pouvait être la fête au retour de la seconde guerre mondiale et que nous étions curieux de connaître ce qu'un homme de 67 ans pensait de la « culture DJ », on l'a rencontré pour discuter un peu.

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Vice : Comment c'était ta première soirée en tant que DJ ?

Klaus Quirini : C'était en 1953. J'étais journaliste à l'époque. Je venais juste d'avoir 18 ans et c'était la première fois que je venais dans un dancing - le mot « discothèque » n'existait pas encore. Selon la loi, j'étais encore mineur, ce qui ne m'avait pas empêché de me soûler au whisky. Le mec de l'Opéra Cologne était franchement ennuyeux ce soir-là, et du coup, mes amis et moi commencions à l'avoir mauvaise. Le propriétaire du club est venu me voir en me disant que si j'avais quelque chose d'autre à passer, j'étais le bienvenu. C'est ce que j'ai fait.

Et qu'est-ce qui s'est passé ?

J'ai commencé mon show en disant « Mesdames et Messieurs, nous allons inonder le dancing ce soir ! » et j'ai passé un morceau à propos de bateaux. Les gens étaient très contents et applaudissaient à chaque nouveau morceau que je passais. À la fin de la soirée, le proprio est venu me voir et m'a proposé 800 Deutschmarks par mois pour refaire la même chose chaque semaine. Mon père m'a conseillé de prendre un nom d'emprunt parce qu'il ne voulait pas que le nom Quirini soit associé avec quoi que ce soit de ce genre. C'est pourquoi je me suis fait appeler DJ Heinrich.

Ça a mis combien de temps pour que d'autres gens se mettent à faire la même chose ?

Environ un an. Aachen est une ville située à la frontière de la Hollande, de la Belgique et de l'Allemagne. Du jour au lendemain, il y avait 42 discothèques à Aachen (le mot « discothèque » est une invention du public qui fréquentait ces dancings), et ça fait beaucoup pour une ville de 250 000 habitants. Pour votre information, aujourd'hui il n'en reste plus que quatre.

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Est-ce que les DJs de l'époque étaient des superstars de la nuit comme ils le sont maintenant ?

Complètement. J'étais exposé en permanence. Et la plupart du temps, je dansais sur les morceaux que je jouais, parfois même au milieu de la foule. C'est pourquoi je gardais toujours des serviettes à côté des platines, vous ne pouvez pas imaginer à quel point il faisait chaud là-dedans quand on est en costume-cravate. Le dress-code était très important, beaucoup plus qu'il ne peut l'être aujourd'hui. Une chose que j'ai remarquée ces derniers temps, c'est que les jeunes gens s'habillent bien plus mal qu'à mon époque. Si vous prêtiez plus d'attention à ce que vous portez, je peux vous garantir que vous auriez plus de chance avec les jolies filles !

Et vous, vous aviez de la chance avec les filles ?

C'était bien différent d'aujourd'hui. Je me suis marié à l'âge de 22 ans. À quatre heures du matin, vous étiez content que ce soit fini et vous rentriez à la maison. Les mentalités étaient différentes, aussi. Je me considérais plus comme une sorte de substitut à l'artiste ou un employé de service, quelqu'un qui a une vraie responsabilité par rapport à son public. Un peu comme un garçon de café qui sert une bouteille de champagne à ses clients.

Est-ce que vous faisiez tous ces trucs techniques que font les DJs d'aujourd'hui ? Comme, mixer, scratcher, etc.

Non. C'est venu après. Je laisse ça à des gens comme Sven Väth. J'étais encore dedans lorsque les visuels ont fait leur apparition, au début des années 1970. La musique qu'on joue à partir d'un disque est toujours quelque chose sans vie, qui redevient vivant par l'intermédiaire du DJ. Dans les 70's, les premiers effets visuels sont arrivés - lumières et couleurs, plutôt que de parler au public en face de vous. Le scratch est apparu dans les années 1980 et est un développement encore plus avancé de tout ça.

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Vous écoutez encore de la musique, aujourd'hui ?

On change de style de musique à mesure que l'on grandit, mais j'aime toujours autant les Beatles ou les Stones, la musique de ma jeunesse, vous voyez ? Les gens m'envoient encore beaucoup de disques, mais je ne les écoute même plus à présent. Il y quelque temps, un musicien dont le nom m'échappe m'a approché et je lui ai dit « Écoutez jeune homme, votre musique est horrible », et quelques mois plus tard, il était disque de platine. Les temps ont vraiment changé.

Quelle est la pire requête de morceau qu'on vous ait faite dans votre carrière de DJ ?

En fait, je ne me souviens de rien de vraiment dingue. Ça a peut être quelque chose à voir avec le fait que les gens m'ont toujours respecté, et étaient aussi gentils avec moi que je l'étais avec eux - je n'ai jamais refusé la moindre requête, d'ailleurs. Je leur rendais un « service », vous voyez ?

FELIX NICKLAS

PS : les photos au dessus et celles ci-dessous nous ont été prêtées par Klaus lui-même et sont des témoignages du monde de la fête allemand des années 1950, 60 et 70.