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Une enquête pour le gouvernement soutient qu’il faut s’inquiéter du racisme systémique envers les Autochtones au Québec

Fannie Lafontaine souligne l'importance d'une « action coordonnée et concertée » de la part du gouvernement, des corps policiers et des communautés autochtones.
Photo : Wikimedia/Bull-Doser

Il est impératif de s'attarder au racisme systémique au sein des forces de l'ordre à l'égard des Autochtones. C'est ce que conclut l'observatrice indépendante mandatée par le gouvernement du Québec pour superviser l'enquête sur les violences sexuelles et les abus de pouvoir de la Sûreté du Québec (SQ) de Val-d'Or.

Une enquête a été déclenchée à la suite d'un reportage de Radio-Canada d'octobre 2015, dans lequel plusieurs femmes autochtones affirment avoir été agressées sexuellement par des policiers de Val-d'Or. Le mois dernier, 41 policiers de la SQ ont intenté une poursuite en diffamation contre Radio-Canada et la journaliste Josée Dupuis, en raison de ce reportage.

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Aucun des six policiers suspendus le temps de l'enquête ne seront poursuivis par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), rapportent plusieurs médias. Des 37 dossiers déposés le 4 avril dernier au DPCP, un seul aura donné lieu à des accusations : celui d'Alain Juneau, un ancien policier de la SQ, pour des agressions sexuelles qu'il aurait commises à Schefferville de 1992 à 1994.

Pour les dossiers qui n'ont pas eu de suite, le Journal de Montréal rapporte que les « témoignages remplis de contradictions » comme la « perte de mémoire de plusieurs des présumées victimes » ne sont pas des « preuves assez solides » pour porter des accusations.

Le DPCP doit rendre ses décisions publiques vendredi en début d'après-midi, au palais de justice de Val-d'Or. Le Centre d'amitié autochtone de Val d'Or y organise un rassemblement en solidarité avec les femmes autochtones au même moment.

Une apparence de racisme systémique

L'enquête indépendante menée par le SPVM était intègre et impartiale, mais elle ne révèle qu'une partie du problème, soutient l'observatrice et avocate Fannie Lafontaine. L'investigation ne suffit pas à faire la lumière sur « l'existence potentielle d'un schème de comportements discriminatoires envers les Autochtones, et particulièrement envers les femmes autochtones » de la part de police québécoise, soutient Lafontaine.

La question du racisme systémique ne peut être évaluée que dans son ensemble sociétal. « Si le racisme d'un individu peut être condamné à travers le processus criminel, le racisme systémique qui est socialement organisé ne peut jamais être reconnu dans ce cadre et ses conséquences néfastes sur les individus et les collectivités ne peuvent être examinées », rappelle l'avocate. Il faut identifier le bobo si on espère pouvoir un jour le guérir.

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Il faut agir

Fannie Lafontaine souligne l'importance d'une « action coordonnée et concertée » de la part du gouvernement, des corps policiers et des communautés autochtones pour déterminer quel mécanismes permettront de faire la lumière sur le racisme systémique. L'observatrice déplore un « dialogue de sourds par voie de communiqués de presse » entre les différentes parties pour identifier les mesures à prendre.

Elle note dans son rapport qu'une mesure est en place : l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées – un dossier complètement différent – a, grâce à un décret gouvernemental, la permission d'enquêter sur des questions et des institutions québécoises. L'avocate demande si une telle mesure est suffisante pour avoir l'heure juste.

Espoir d'un avenir meilleur?

L'observatrice est claire : accusations ou pas, « ces témoignages qui brisent le silence ne sont pas en vain, même s'ils ne mènent pas à des poursuites pour des raisons propres au système pénal qui ne remettent aucunement en question la véracité de l'histoire vécue ».

C'est ce qu'elle conclut, après avoir rappelé que seulement 5 % des agressions sexuelles ont été déclarées à la police en 2014, et que cette même année, les Autochtones étaient 3 fois plus nombreux parmi les victimes.

L'avocate croit que les dénonciations sont les premiers pas vers la guérison et la réconciliation, si toutefois « chaque histoire est reconnue autrement qu'à travers le processus pénal », c'est-à-dire dans un portrait global, généralisé, « qu'il convient de documenter et de nommer ».