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La quête de la neuvième planète du système solaire est lancée

Une nouvelle planète va bientôt remplir le vide émotionnel laissé par Pluton.
Concept drawing of Planet Nine. Image: Caltech/R. Hurt (IPAC)

Des millions de têtes passionnées par l'espace ont failli exploser hier, après que des astronomes ont annoncé qu'une planète inconnue de la taille de Neptune gravitait probablement aux confins de notre Système solaire.

Après des siècles de théories farfelues sur la Planète X, Nibiru ou Vulcain, il est bien naturel que notre curiosité soit piquée à l'idée qu'une planète géante erre dans les recoins de notre chez-nous cosmique. Même Mike Brown et Konstantin Batygin, les deux astronomes de Caltech qui ont fait part de leurs soupçons, tout à fait fondés, sur cette fameuse neuvième planète, ont d'abord eu du mal à croire leurs résultats.

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« Au début, l'hypothèse qu'une planète de ce genre puisse exister nous a laissé extrêmement sceptiques, » explique Batygin lors d'une conférence de presse, mercredi. Brown a même dit que c'était une idée « complètement dingue. »

Mais tandis que les deux hommes continuaient d'approfondir le sujet, l'existence de la planète Numéro Neuf est devenue de plus en plus probable. Des preuves tangibles étaient cachées du côté de la ceinture de Kuiper, l'anneau de débris qui encercle le Système solaire et abrite des planètes naines telles que Pluton ou Éris. Brown et Batygin ont observé que les objets les plus éloignés de la ceinture de Kuiper (les KBO) semblaient attirés par une force fantôme.

L'anomalie gravitationnelle pourrait être expliquée par la présence d'une planète 10 fois plus massive que la Terre (en comparaison, Neptune est 17 fois plus massive que la Terre pour sa part). Celle-ci se déplacerait sur une orbite elliptique particulièrement étirée, et se situerait très, très loin de nous (environ 20 fois plus loin que Neptune). Selon les informations dont nous disposons actuellement, la Neuvième Planète pourrait réaliser sa révolution autour du Soleil en 10 000 à 20 000 ans.

Brown et Batygin révèlent les indices sous-tendant l'hypothèse de l'existence de la Neuvième Planète. Video: caltech/YouTube

Cette théorie est renforcée par des observations concordantes portant sur d'autres systèmes solaires : elles portent à croire que cet arrangement planétaire est assez commun dans notre galaxie.

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« Nous pensons que des planètes similaires à la Neuvième Planète se forment en même temps que des planètes plus 'conventionnelles', telles que Uranus et Neptune, à partir des mêmes matériaux » précise Batygin. « Cette orbite très large et très allongée est la conséquence de l'agitation gravitationnelle qui a animé notre Système solaire lorsqu'il était encore très jeune. »

« Nous avons plusieurs théories » ajoute Brown. « Ces planètes ont pu être éjectées du centre des systèmes planétaires ; peut-être même qu'elles ont été attirées par des étoiles passant à proximité. »

De fait, les preuves avancées par Brown et Batygin pour appuyer l'existence d'une Neuvième Planète, aussi irréelle soit-elle, sont très convaincantes.

En l'occurrence, cela arrange bien Brown : c'est lui, l'astronome qui avait rétrogradé Pluton au rang de planète naine, l'excluant par la même du Système Solaire qui ne compte désormais plus que huit planètes. Avec humour, Brown assume sa réputation de rabat-joie puisqu'il a adopté le nom @plutokiller sur Twitter. Cette fois-ci, il a une opportunité de se racheter en faisant entrer une nouvelle planète dans notre petit Panthéon cosmique local.

Avant de formuler de folles hypothèses sur l'apparence de ce nouveau monde, il faut d'abord obtenir la preuve directe de son existence.

« La chasse astronomique à la Neuvième Planète est ouverte ! » annonce Batygin.

« Il faudra utiliser les télescopes les plus puissants qui existent » explique Brown. « La planète est à notre portée, c'est sûr. Nous allons également observer plus en détail les objets qui sont attirés par sa masse ; cela nous permettra d'estimer sa localisation avec plus de précision. »

Un diagramme de l'orbite supposée de la Neuvième Planète. Image: Caltech/R. Hurt (IPAC);[diagramme généré en utilisant WorldWide Telescope]

Des télescopes de premier rang comme celui de l'Observatoire W.M. Keck et le télescope Subaru, situés au sommet du volcan hawaïen Mauna Kea, sont susceptibles de nous donner un aperçu de la planète assez rapidement. Mais s'il est possible de tirer un portrait très détaillé de la planète (ce dont nous ne sommes pas persuadés pour le moment), nous devrons utiliser des installations plus grandes et plus sophistiquées tel que le très controversé Télescope de Trente Mètres. C'est la condition pour obtenir des informations précises sur la taille, la composition, et autres propriétés importantes de la Neuvième Planète.

« Actuellement, les gros télescopes terrestres sont les meilleurs outils d'exploration à notre disposition » explique Brown. Ils nous permettent de scruter des portions du ciel dans leurs moindres détails et d'apprendre des choses extraordinaires. Les autres télescopes nous permettent de nous attarder sur des objets en particulier… une fois que nous les avons trouvés. »

« Aucun doute, l'excitation autour de la Neuvième Planète n'est pas prête de retomber. »