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Sports

Comment je suis devenu supporter des Girondins de Bordeaux grâce à un pote et Johan Micoud

Girondin de cœur depuis la fin des années 1990, quand le Cheikh Diabaté d'alors se nommait Lilian Laslandes.
Reuters

Né à Paris, j'y ai vécu toute ma vie. Mais être parisien « pur et dur » ça peut rendre orgueilleux, hautain, alors il vous faut une source d'humilité, pour bien garder les pieds sur terre.

La mienne se nomme les Girondins de Bordeaux, l'équipe de mon cœur, et ce depuis que j'ai 11 ans et mon entrée au collège. A l'époque le football est déjà ma plus grande passion, et l'équipe de France m'a donné la plus belle émotion sportive de ma vie un an plus tôt. Arrivé en sixième, on ne peut plus être simple observateur neutre de la première division ; votre identité, c'est aussi le club que vous supportez.

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Certains suivent le club familial, mais mes parents se contrefichent du championnat de France et sont plus du genre à devenir fous devant les matchs de la France et de l'Iran pendant la Coupe du Monde.

D'autres se passionnent pour le club de leur ville, mais à l'époque le PSG ne me fait pas rêver, l'époque des Raï et Weah est révolue, et le talent de Jay-Jay Okocha ne suffit pas pour m'embrigader.

Je n'ai jamais mis les pieds à Bordeaux (toujours pas aujourd'hui d'ailleurs, indigne d'un vrai supporter) mais mon meilleur ami de l'époque est né à Péronne en Gironde, et c'est avec lui que je commence à me passionner pour le championnat de France.

Pendant la récréation, les équipes se font vite : les Parisiens contre les Bordelais, déséquilibrés en nombre certes, mais celui qui m'a transmis la passion des Girondins a aussi la particularité d'être un futur professionnel : à 2 contre 10, je l'observe nous donner la victoire à chaque nouvelle confrontation.

La passion girondine

C'est comme cela que je commence à suivre les Girondins de Bordeaux, et la passion prend vite, très vite.

Autour d'un entraineur tout d'abord : Elie Baup, dont mon père dit à chaque apparition sur l'écran qu'il ne devrait pas mettre de casquette car tout le monde sait qu'il est chauve. Autour de joueurs de légende ensuite : Ulrich Ramé le capitaine, Lilian Laslandes le serial buteur, Sylvain Wiltord et sa teinture blanche tellement hype à l'époque, et enfin Johan Micoud, le nouveau Zidane. Mon tout premier maillot de foot sera d'ailleurs à son nom, le flocage thermocollé au fer à repasser par ma mère.

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A la fin de cette saison 1999-2000, je ne vous cache pas mon bonheur de voir quatre Girondins intégrer l'équipe de France pour l'Euro (Christophe Dugarry, Sylvain Wiltord, Johan Micoud, et Ulrich Ramé), et même si Ramé et Micoud y vont en qualité de remplaçants des remplaçants, je rabâche à qui veut bien l'entendre – ou pas d'ailleurs - que Bordeaux est le club le mieux représenté au sein du groupe France.

C'est cette folie du supporter partisan qui vous fait rager quand Roger Lemerre aligne Bernard Lama et pas Ulrich Ramé dans le dernier match de poule contre les Pays Bas. Ce choix est on ne peut plus logique, la hiérarchie est claire et Bernard est bien le deuxième gardien, je le savais et pourtant… C'est exactement la même folie qui vous transcende quand Wiltord marque ce fameux but égalisateur à la dernière seconde du temps additionnel contre l'Italie, parce qu'une fois passée l'hystérie collective, vous n'oubliez pas de clamer haut et fort d'où vient le sauveur de la nation.

La période de grâce

Après cette première saison qui voit mon cher Sylvain quitter Bordeaux pour Arsenal, la machine est rodée. Je suis attentivement les Girondins tous les week-ends et en milieu de semaine car Bordeaux est européen quasi systématiquement. Ils m'offrent même le privilège de voir mon équipe se frotter au gratin continental en Ligue des Champions à quelques reprises, et de se faire voler une qualification pour les demi-finales par les deux arbitres de la double confrontation contre l'OL en 2010 (l'effet Aulas, le même qui permet d'en passer sept à Zagreb à l'extérieur en 32 minutes avec un petit clin d'œil du défenseur adverse au passage…).

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Je suis devenu supporter des Girondins l'année qui a suivi leur titre de 1999 obtenu à la dernière journée, et je vais donc patienter près de 10 ans pour que Laurent Blanc et sa troupe m'offrent l'émotion ultime du passionné de Ligue 1 : un titre qui brise l'hégémonie lyonnaise, après une série de 11 victoires consécutives sur les 11 derniers matchs dont une victoire arrachée à Rennes en infériorité numérique. Et un diamant nommé Yoann Gourcuff, le plus authentique des nouveaux Zidane. Il ne se remettra jamais de son départ du meilleur club de France (encore une fois, l'effet Aulas ?), mais laissera comme trace indélébile de son passage cette merveille de but inscrit lors d'un récital face au Paris Saint Germain.

Un nouveau départ

Depuis le départ de Laurent Blanc pour l'équipe de France en 2010 (l'aberration d'annoncer son départ en cours de saison), c'est une sorte de léthargie ambiante dans laquelle sont plongés les Girondins, dont seule la Coupe de France nous a permis de sortir. Willy Sagnol devait incarner un nouveau souffle, c'est pour l'instant peine perdue, dans un nouveau stade magnifique mais souvent à moitié vide.

Malgré tout la passion est intacte, Cheikh Diabaté a pris la place de Lilian Laslandes sur le terrain et dans les cœurs girondins, et il ne fait aucun doute que quand le moment viendra à mes futurs enfants d'expliquer pourquoi ils sont supporters de Bordeaux, leur réponse sera beaucoup plus simple que la mienne : « C'est grâce à mon père, à Marc Planus, à Marouane Chamakh, à Jérôme Bonnissel, etc. ».