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Sports

Le ministère des Sports a pris un arrêté pour interdire les compétitions de MMA

Un arrêté ministériel ciblant, sans le nommer, le MMA, renvoie dans les cordes l'idée d'une autorisation de la pratique juste avant la remise d'un rapport gouvernemental sur le sujet.

Publié dimanche mais daté du 3 octobre, un arrêté ministériel provenant du ministère des Sports interdit les compétitions de MMA en France. Sans jamais nommer les arts martiaux mixtes, cet arrêté cible plusieurs caractéristiques de la pratique. Ainsi, il interdit toute compétition de sport de combat où sont autorisés « coups de poings, coups de pieds, coups de coudes et coups de genoux visant un combattant au sol ». Ces compétitions de sport de combat doivent désormais obligatoirement se pratiquer sur un ring ou un tapis - donc pas dans un octogone - et doivent être affiliés à une fédération sportive. Ce qui n'est évidemment toujours pas le cas du MMA.

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Que cette décision soit prise maintenant semble assez étrange. Les compétitions de MMA sont interdites depuis des années en France au nom de la « dignité humaine », concept juridique fluctuant comme le rappelle Libération. Pour rappel, la France est l'un des derniers pays à interdire ce sport, avec la Thaïlande, qui veut protéger la pratique du muay thaï, et la Norvège, qui interdit tous les sports visant le KO (sauf la boxe, de nouveau légale depuis l'an dernier).

Le plus étonnant dans cette décision, c'est surtout le choix de prendre un arrêté ministériel à quelques jours de la remise d'un rapport gouvernemental sur le sujet par le député socialiste de l'Hérault Patrick Vignal et le sénateur LR du Doubs Jacques Grosperrin. Celui-ci doit en effet être remis le 8 novembre prochain. Contacté par Libération, Jacques Grosperrin estime la démarche « déplorable et inélégante. C'est un manque de respect manifeste envers le travail parlementaire. » Les deux rapporteurs expliquent également avoir rencontré le secrétaire d'Etat chargé des Sports Thierry Braillard il y a quinze jours pour discuter de leur rapport, qui allait plutôt en faveur d'une autorisation. Celui-ci n'a pas fait mention de l'existence de l'arrêté. « On a appris l'existence de l'arrêté par les sportifs qui nous ont appelés en nous disant qu'ils ne comprenaient pas, raconte Jacques Grosperrin. Je n'ai jamais vu un tel comportement en politique. Ça veut dire quoi ? Que notre commission était fantoche ? Qu'on dénie notre mission parce qu'on craint que nos propositions aillent dans le sens contraire de ce qui était attendu ? »

Chez les principaux acteurs du MMA en France, c'est aussi l'incompréhension qui prédomine. Bertrand Amoussou, président la Commission française de MMA (CFMMA) envisage de mener l'affaire devant les tribunaux comme il l'a expliqué à L'Express : « J'espérais ne pas en arriver là, mais la CFMMA va lancer une action en justice pour contester l'arrêté. Au moins, l'interdiction est pour la première fois formelle. » Le 15 septembre 2015, un gala de MMA s'était tenu au Cirque d'Hiver à Paris en toute légalité, les promoteurs ayant habilement contourné les interdictions alors en vigueur. C'est d'ailleurs après cet événement que le ministère des Sports avait diligenté le rapport qui sera remis le 8 novembre. Aujourd'hui, avec cet arrêté, cette compétition serait interdite.