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LE NUMÉRO DU TIGRE BLANC

Je suis le meilleur

Rob est un musicien surdoué qui joue du synthé avec Phoenix, a produit plein d’albums géniaux de chanson française et qui est l’auteur de deux albums inconnus fantastiques. Là, il vient de commencer sa série de...

Photo : Arturo Guéret

Rob est un musicien surdoué qui joue du synthé avec Phoenix, a produit plein d’albums géniaux de chanson française et qui est l’auteur de deux albums inconnus fantastiques. Là, il vient de commencer sa série de douze disques en douze mois consacrée à l’Évangile, Le Dodécalogue, un mélange brillant de Steve Reich, Ennio Morricone et Vangelis. Il a aussi produit et coréalisé le nouvel album d’Alizée avec Chateau Marmont. On l’a rencontré dans un immense studio du XXe, entre un piano à queue géant et le synthé sur lequel Jean-Michel Jarre a produit Oxygène. Ce type est plus grand que Polnareff. Vice : Hé Rob, qu’est-ce que tu fiches en ce moment ?
Rob : Je suis très très fatigué. Je rentre de tournée avec Phoenix. C’est la troisième tournée que je fais avec eux. On a été aux États-Unis pendant longtemps, là on vient de faire le Mexique, dans une semaine on part au Japon puis en Australie. Et encore quelques dates un peu partout en Europe. C’est gros Phoenix au Mexique ? D’un point de vue français, ça me paraît chelou.
Ouais, pas mal. Genre, à Mexico, on a joué deux fois devant 3 500 personnes. Aux États-Unis, ça commence à cartonner. Ils sont en train de passer de statut de semi-indé à celui de… gros indé. Avant, j’avais l’impression que c’était petit partout. Et là, c’est devenu « grand petit », mais partout aussi. C’est pas un peu chiant quand même de devoir bouger tout le temps, et de ne rien voir des villes dans lesquelles vous jouez ?
Si, on reste environ quatre heures dans chacune des villes avant de jouer. Mais on a trouvé une parade à ce genre de problème : on a des vélos dépliants que l’on sort pour visiter les villes. En quatre heures de vélo, t’as le temps de voir pas mal de trucs. En plus comme les ricains ne sont pas hyper vélo, ils sont un peu genre… Genre : « C’est qui ces mecs ? »
Ouais, voilà. Et ça donne lieu à des rencontres assez marrantes. Tu sais pourquoi les deux albums que t’as sortis en major, Don’t Kill et Satyred Love, n’ont jamais marché ?
Je suis le dernier de la French Touch à avoir signé un gros contrat, c’était en 1998 ou en 1999 avec Source. Pourquoi ça n’a pas marché ? Mmm… J’en sais rien, mais sans doute parce que c’était génial. À l’époque, l’utopie, grâce en partie à Air, c’était de se dire que l’on pouvait sortir des albums instrumentaux et arty pour le grand public, avec un ou deux singles qui traînent. Pour Tellier, qui venait de sortir L’Incroyable Vérité à l’époque, et moi, c’était évident qu’on allait surcartonner. Sauf qu’on est arrivés à la fin de cette période-là, ça commençait un peu à s’essouffler, et on est vite passés au statut d’outsiders complets. Ah, merde.
Ouais, et ça a coûté très cher à Source. C’était l’avantage de signer un contrat dans ce climat de ouf, les budgets d’enregistrement étaient dix fois plus élevés que ceux d’aujourd’hui. J’ai eu trois mois de studio en lock-out total, et tout le matériel que je voulais. C’est pour ça que le disque est hyper bizarre, j’étais à la fois totalement inexpérimenté mais avec plein d’idées, hyper jeune, et avec plein de moyens. C’est comme si tu filais carte blanche à un mec qui fait n’importe quoi. Ça a fait un disque formidable, en fait. Ça, c’est le bon côté du truc. Le mauvais, c’est que du coup, ça a coûté un million de francs. Et ils ont dû fermer. Mais après, bon, c’était vraiment génial. Alors t’es sûr de faire de la musique géniale ?
Euh… Ouais. Enfin, il faut dire que t’es génial, tu peux pas dire que t’es une merde. C’est Areski qui dit ça, que je suis le meilleur à faire ce que je fais. Et qu’est-ce que tu fais ?
Ben, de la musique. JULIEN MORE
Le Dodécalogue de Rob sortira pendant les huit prochains mois chez Institubes, qui fêtera son septième anniversaire les 9 et 10 avril 2010 à L’Enfer, Paris