Publicité
Publicité
Publicité
On y retrouve aussi des femmes battues, dans le coma. Mais également des hommes frappés à coups de poignard. « Le plus impressionnant, c'est peut-être les tentatives de suicide. Les patients avalent toutes sortes de produits toxiques et corrosifs, allant de l'eau de javel au Destop ». Les effets sont rapides, dramatiques et dans la plupart des cas, mortels. « Le patient arrive conscient, vous parle, vous raconte son histoire et deux heures plus tard, on appelle la famille pour annoncer le décès ».Monique se souvient d'une femme qui s'est coupé la gorge au couteau électrique, ou même d'un homme qui est décédé d'une perforation intestinale en essayant de se sodomiser avec son levier de vitesse. Pour Paul*, étudiant infirmier en 3 e année à l'école de Saint-Malo, et actuellement stagiaire sous la direction du médecin qui prescrit les soins, le premier décès d'un patient du même âge que lui a été difficile à vivre. « On nous a ramené cette jeune fille vers deux heures du matin qui était brûlée au 3è degré. Elle était complètement rétractée, on ne pouvait même pas lui allonger le bras pour lui poser une perfusion : la peau éclatait littéralement et les chairs en sortaient. C'était vraiment impressionnant et désarmant. Elle est décédée quelques heures plus tard. »Article associé : Dissections et selfies macabres : la vie d'un étudiant en médecine
Publicité
Les infirmiers font aussi souvent face à des problèmes familiaux dans les chambres des patients. Des conflits, des disputes qui éclatent dans l'enceinte même du service. « J'ai même sorti un homme qui tenait un couteau dans sa main ». Le rôle de l'infirmier ne s'arrête pas à celui de soignant, bien au contraire – et l'exercice de cette profession a tendance à se répercuter sur leur vie privée. Monique se dit être de plus en plus affectée par « le stress, le travail de nuit, la fatigue, la maladie, la mort…Il faut être bien armé pour éviter la dépression. » Les infirmiers suivent régulièrement des formations qui leur permettent aussi de mieux appréhender les pathologies, la douleur, l'accompagnement de personnes en fin de vie et les familles éplorées.Après toutes les horreurs que j'ai pu entendre et les répercussions de ce métier sur la santé mentale et physique des employés, je me suis demandé quel était leur ressenti – et surtout si Paul, stagiaire, avait envie de continuer dans cette voie. Franck, le plus expérimenté des trois employés, a conclu en me disant que « c'est un métier difficile qui manque parfois de reconnaissance ». Monique, quant à elle, se sent utile en maintenant les gens en vie. « Les rencontres avec les familles sont très touchantes. Il faut faire preuve de maturité et prendre du recul pour se préserver le mieux possible face à la maladie et à la mort. Cela doit être quelque chose de difficile pour une personne trop émotive. »Avec des parents déjà dans la profession, Paul a toujours voulu faire un métier dans le social avec des soins plus techniques. « C'est un métier varié car on peut voir et apprendre un tas de techniques différentes. Je pense que j'aborde peut-être plus facilement les décès que mes proches. Peut-être que je comprends aussi mieux les personnes malades. »Anthony est sur Twitter.*Tous les noms ont été changésLe rôle de l'infirmier ne s'arrête pas à celui de soignant, bien au contraire – et l'exercice de cette profession a tendance à se répercuter sur leur vie privée.