Twotom aime la bite (et les garçons souriants)

Vice : C’est super gay ton truc. C’est qui tous ces beaux garçons dans tes dessins ? TwoTom : Ce sont mes amis, ils vivent tous dans mon monde intérieur. Ils te passent le bonjour ! Ah ouais. Je pensais que c’étaient des dessins de tes plans SM. En réalité, je ne suis jamais allé dans un club SM ou quoi que ce soit dans le genre. C’est pas trop mon truc, du moins pas en vrai. C’est quoi le truc des Bunny Boys alors ? J’ai représenté des garçons drôles et sexy en situation de servitude dans un dessin en noir et blanc. J’ai affublé l’un d’entre eux d’oreilles de lapin et j’ai trouvé ça plutôt cool, donc je suis resté là-dessus. Tu connais quelqu’un qui déteste ce que tu fais ? Nous, on a tous trouvé ça génial. Une bonne copine a flippé quand je lui ai montré mon calendrier « Bunny Boys effarouchés ». Elle m’a dit : « Tu dessines bien mais ils me mettent mal à l’aise. Ils ont l’air méchants ! » J’ai été choqué par sa réaction. Mes Bunny Boys sont tellement sympas ! Ils profitent de la vie, ils se déguisent et utilisent des sextoys pour jouer avec leurs amis. Ils sont heureux et souriants ! Tout le monde est homo autour de toi ? Ouais, même mes voisins. J’habite à Paris dans un vieil immeuble tout pourri qui est sur le point de s’effondrer. Les derniers locataires sont deux vieux frangins et moi. Ils vivent au deuxième étage depuis vingt ans. Un jour, je suis rentré chez moi au milieu de la nuit et je suis tombé sur les deux en train de baiser. Des choses comme ça arrivent assez souvent, mais ils sont tellement gentils avec moi que je m’en fous.

Tu as quitté le Japon pour la France parce que tu es gay et que Paris c’est hyper gay ? J’avais envie de quitter le Japon, et j’adorais la culture fashion à Paris. Je voulais apprendre le français, être chic, rencontrer des mecs… J’ai suivi des cours dans une école de stylisme, et puis j’ai lancé ma propre ligne de vêtements. Qu’est-ce que tu préfères dessiner ? Quand j’étais petit, j’adorais représenter des filles habillées comme des princesses, avec de gros rubans dans les cheveux. Maintenant, je ne dessine plus que des garçons. Des garçons romantiques, des garçons innocents, des pervers, des sexy, des voyous… T’as un artiste fétiche ? Qu’il soit gay ou pas, hein. Il y a un Américain qui s’appelle Jared Buckhiester et qui m’inspire vraiment. Il dessine de délicats travestis dans des environnements urbains. C’est très proche du photoréalisme. Ça me rappelle le film Gummo, d’Harmony Korine. C’est le même genre de vibe. Il y a aussi Tom of Finland. C’est le dieu de l’art gay. J’ai été tellement enthousiasmé la première fois que je suis tombé sur son travail que j’ai déambulé dans Paris en souriant et en rigolant. C’était il y a dix ans, quand je suis venu à Paris pour la première fois. Au Japon, j’habitais à la campagne et je n’avais aucun ami gay. Je n’avais aucune occasion de rencontrer cette forme d’art. Qu’est-ce qui te plaît chez Tom of Finland ? Je trouve son travail poétique et romantique. Les mecs ont l’air hyper heureux d’être homos. J’aime particulièrement leurs visages. Ils sont à la fois sexy et très tendres. Je n’ai pas besoin de peupler mes fantasmes avec des bites. Je veux juste des visages souriants.

TwoTom travaille actuellement sur une ligne de skateboards pour Our Legacy et est sur le point de publier un livre chez Libraryman. www.twotom.net