Drums Are for Parades font du stoner pour illuminati

Le rock et les cuivres, c'est historiquement un truc de grosse serviette droguée. Généralement, les musiciens disent que c'est « par goût pour Haydn et Mozart », mais on sait tous qu'ils mentent. En vérité, c'est à cause de Ska-P, et de leur adolescence merdique en collier à boules et ollie raté. Bon, là, les belges de Drums Are For Parades les triturent à mort pour les fondre dans un stoner-rock barbu ultra crade, mais le doute plane encore. On les a rencontrés en marge de leur concert improbablement complet au festival de Dour, afin de mettre tout ça au clair.

VICE : Vous préférez qu'on parle en français ou en anglais ?

Piet Dierickx (batterie) : Je… euh… tu…. euh… monsieur… euh… anglais !

Wim Reygaert (chant/guitare) : En anglais c'est plus facile… et puis hey, on a passé le cap de devoir parler en français.

C'est pas un peu bizarre qu'on parle de vous dans des magazines, ou dans des blogs, aux côtés de Ghinzu, et autres artistes beges tout pourris ? La tente où vous jouiez était pleine.

W : On en est vraiment contents. Contents de ne pas être « underground », mais d'être passés dans la case « middleground ».

P : Même si bon, on ne sait pas pourquoi les mecs nous font cette pub.

W : Si, moi je sais.

OK, explique.

On ne fait pas de la pop, mais dans tout ce que l'on fait il y a toujours une bonne part de mélodies, et d'énergie. Bref, comme la musique en boîte, si ça marche, c'est qu'elle est lourde et forte. C'est ce que les gens semblent aimer, ce dont ils ont besoin en ce moment. Se la mettre à mort, faire la fête, niquer partout, et tout niquer. Sans capote. Quitte à choper le SIDA.

Un dessin étrange qu'on a trouvé sur le Myspace du groupe.

En parlant de ça, Wim, ta barbe, c'est une stratégie de séduction ?

W : Non, c'est un putain de problème. Quand j'embrasse ma copine et que ma moustache est trop grande, j'arrive même pas à sentir ma lèvre du haut. Il y a quelque temps, je mangeais une pizza avec les gamins d'un pote, et d'un coup, une de ses filles, qui avait genre 6 ans, me regarde et me dit : « Mais… où est ta bouche ? ». On me pose tout le temps cette putain de question.

P : Même moi je ne sais pas où est sa bouche !

W : Elle est là où tout mon argent va.

P : Si ça se trouve elle est dans son cul.

Ouais.

W : Ouais. Ça ferait un bon titre. On peut arrêter cette interview ?

Non. Vous avez changé de style avec ce nouvel album, vous semblez moins bourrins, presque fins. Qu'est-ce qui s'est passé ?

P : Notre groupe est fait de contrastes. Genre, sur la pochette de notre nouvel album, il y a un putain de lapin blanc. Un lapin blanc OK, mais qui respire le mal. Si on ne faisait que des titres avec des grosses guitares, des trucs stoner et tout, ce serait tellement chiant.

W : Le stoner c'est chiant ? Tu devrais peut-être aller te chercher un autre boulot mec.

P : Non, tu devrais peut-être plutôt écouter tous les albums de Fu Manchu. Ça c'est de l'ennui. Et donc, ouais, on s'ennuie rapidement nous-même, on essaie alors de faire en sorte que ce qui ressort musicalement soit quelque chose de divertissant, de différent.

Une proposition d'artwork refusée par le groupe.

D'où l'incorporation de cuivres et de violon. C'est vous qui composez les lignes de ces instruments, même si vous ne savez pas en jouer ?

P : Oui, parce qu'on aime beaucoup ces instruments. On écoute de tout.

W : Sauf du funk. Je déteste cette merde. Toutes les musiques où les mecs disent qu'ils sont contents, je les aime pas.

Et vos musiciens cuivrés qui portent des robes de cérémonies, vous les aimez bien ?

P : Ouais. Ce sont des guides spirituels, des moines de l'espace, tu sais, des créatures omniscientes qui guident notre voie musicale, tu saisis ?

Bof.

W  :C'est parce qu'on aime bien le style Ku Klux Klan.

P : Ce serait donc, pour nous, genre, un KKK inversé.

W : On pendrait les blancs, par exemple.

OK OK. Je croyais que c'était pour ne pas que les gens aient l'impression de voir un groupe de ska-metal.

W : Ça existe ça ?

P : C'est peut-être quelque chose qu'on devrait faire. C'est peut-être notre mission.

INTERVIEW : JÉRÔME LOISY

PHOTO : THOMAS SEROPIAN

Le nouvel album de Drums Are for Parades,Master, vient de sortir sur le label Skeleton Ears.