Le squelette enfoui d'une vache de mer géante a été découvert sur une plage sibérienne

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Le squelette enfoui d'une vache de mer géante a été découvert sur une plage sibérienne

Un nouveau spécimen de rhytine de Steller, l'énorme mammifère de 7 mètres de long qui a vécu dans la mer de Béring jusqu'au 18e siècle, se rappelle à notre mémoire grâce à la découverte fortuite d'une biologiste russe.

Le squelette d'un gros mammifère marin éteint depuis le 18e siècle, la rhytine de Steller, a été découvert sur une plage de Sibérie ce mois-ci. Les fossiles de cet animal sont rares, et cette découverte est d'autant plus exceptionnelle que le squelette se trouve dans un excellent état de conservation.

La rhytine de Steller, ou Hydrodamalis gigas, vivaient autrefois dans les eaux arctiques des îles Komandorski, un groupe de 17 îles et îlots stériles situés dans la mer de Béring. L'espèce s'est probablement éteinte en 1768, victime de la chasse excessive, peu après sa découverte par les Occidentaux. Elle était appréciée pour la qualité de sa viande et sa peau.

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Ce spécimen a été découvert dans la réserve naturelle de Komandorski, un sanctuaire naturel qui aspire à être inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. C'est la chercheuse russe Marina Shitova, qui étudie les otaries à fourrure de la réserve, a remarqué la cage thoracique du squelette qui dépassait du sol lors d'une sortie d'observation.

Il aura fallu huit heures de travail et huit personnes affairées activement autour du spécimen pour le dégager du sable. Le squelette de rhytine mesure 5,2 mètres de bout en bout, même s'il lui manque le crâne ainsi que quelques vertèbres. Les rhytines adultes pouvaient mesurer jusqu'à 7,7 mètres, ce qui en fait l'un des plus gros mammifères de l'Holocène – l'ère géologique dans laquelle nous vivons et qui a commencé il y a 11 700 ans.

Croquis d'une rhytine rencontrée par Georg Wilhelm Steller au cours de ses voyages. Image : Biodiversity Heritage Library

La plupart des squelettes de rhytines de Steller que l'on trouve dans les museums d'histoire naturelle sont en fait des composites – c'est-à-dire des spécimens hybrides composés des os de plusieurs individus. Actuellement, le Muséum d'histoire naturelle d'Helsinki prétend posséder le seul spécimen de rhytine entièrement intact.

Le fait que cette espèce ait survécu jusqu'au 18ème siècle est un phénomène exceptionnel en soi : la mégafaune du Pléistocène (l'ère qui a précédé l'Holocène et a commencé il y a 2,6 millions d'années), qui comprend par exemple les moas géants et les paresseux terrestres, avait disparu depuis très longtemps lorsque la rhytine a trouvé un petit havre de paix dans la mer de Bering. L'espèce a alors mené sa petite vie bien tranquillement, survivant sans peine aux températures négatives grâce à sa peau épaisse et à une généreuse couche de graisse l'enveloppant comme un manteau. Les énormes mammifères se nourrissaient principalement de varech et vivaient en groupes familiaux. Il s'agit d'une espèce était monogame qui faisait le deuil de ses morts, si l'on en croit les rapports des naturalistes qui l'ont observée à l'époque. En 1751, un explorateur a décrit les pratiques funéraires de la rhytine avec un soupçon de sentimentalisme :

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"Il existe une preuve singulière de la grande affection conjugale que ces animaux se portent : lorsqu'une femelle a été capturée, le mâle, après avoir essayé de toutes ses forces de libérer sa compagne, la suit jusqu'à la rive. Il est indifférent aux coups que lui portent les humains, et n'est pas découragé par la mort de la femelle. Toujours il revient vers elle, vif et rapide comme l'éclair. Une fois que nous étions revenus auprès du cadavre d'une femelle laissé sur la plage afin de découper la chair, nous avons trouvé le mâle qui attendait toujours aux côtés du corps sans vie."

Une grande partie de ce que nous savons de l'espèce provient de manuscrits du 18e siècle. Ces informations restent donc très peu fiables, et il faut les prendre avec des pincettes. L'animal a reçu son nom de Georg Steller, un naturaliste allemand qui a décrit l'animal lors d'une expédition dirigée par l'Empire russe en 1741. Si ses écrits ont déterminé notre connaissance de la vache marine, Steller, à l'époque, n'avait pas le concept "d'extinction" des espèces à l'esprit.

"Il semble très probable que, même si l'on connait son existence depuis plus de 40 ans, il y a plus de quarante ans, l'espèce doit désormais être classée parmi les êtres perdu du règne animal", écrivait en 1812 le naturaliste allemand Georg Heinrich von Langsdorff lorsqu'il a pris conscience de la disparition de la rhytine de Steller.

Les représentants de la réserve de Komandorski ont l'intention d'exposer le spécimen nouvellement découvert dans le centre des visiteurs. Ils espèrent qu'il servira de support à l'enseignement de l'histoire de l'extinction de la faune des îles Komandorski aux générations futures.