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Crime

Situation « hors de contrôle » sur l’île de Kos : Des centaines de migrants regroupés dans un stade

Près de 1 000 personnes ont fait la queue pendant des heures ce mercredi pour s’enregistrer auprès des autorités grecques débordées par la situation.
Photo par Yorgos Karahalis/AP

VICE News rassemble tous ses articles sur la crise migratoire internationale sur son blog Migrants.

Des centaines de migrants sur l'île touristique de Kos en Grèce ont été regroupés pendant près de 24 heures, en plein soleil, dans un stade de football, sans nourriture ni eau potable, ni aucun équipement sanitaire, ce qui a poussé un salarié d'ONG ainsi que le maire de Kos à déclarer que la situation là-bas est finalement devenue « hors de contrôle ».

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L'île de Kos est désormais à l'avant-poste d'une crise humanitaire qui balaye l'ensemble de ce pays exsangue financièrement. Plus de 7 000 migrants — la plupart venus de Syrie et d'Afghanistan — qui sont arrivés sur cette île en juillet.

Ce sont près de 1 000 personnes qui ont patienté pendant des heures ce mercredi pour s'enregistrer auprès des autorités grecques débordées à l'intérieur du stade. Pour le second jour consécutif, des extincteurs ont été utilisés pour contenir la foule agitée. Pendant la nuit la police aurait utilisé une grenade assourdissante pour maintenir l'ordre.

Des migrants et réfugiés syriens venus de Turquie se rassemblent dans un centre de détention improvisé dans un stade de football abandonné de Kos. Photo d'Alexander Zemlianichenko/AP

  La situation est très mauvaise ici et la police ici, ils ont frappé un garçon, un homme, ils battent les enfants, c'est très mauvais » , a indiqué Laith Saleh, un réfugié syrien qui est dans le stade, interrogé au téléphone par Associated Press ce mercredi. « Nous ne pouvons pas sortir. »

Des représentants de l'ONG médicale Médecins sans Frontières (MSF) — qui intervient sur Kos— ont déploré les conditions dans le stade, où la plupart des réfugiés ont été envoyés après avoir été expulsés de certains camps improvisés tout autour de la ville.

« Ce que nous voyons maintenant est un soin complètement disproportionné porté sur l'encadrement sécuritaire de ces gens, sans l'assistance humanitaire dont ils ont besoin », a expliqué Vangelis Orfanoudakis de MSF.

« Il y a juste deux toilettes, aucun accès à l'eau, ils ont simplement mis un seul tuyau d'eau pour tous ces gens. La situation est vraiment dramatique », a-t-il dit.

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D'après plusieurs rapports, quatre réfugiés s'évanouissaient à chaque heure dans le stade. Des centaines ont été aperçus en train d'escalader le mur de 3,5 mètres de haut qui entoure le périmètre, pour aller acheter la nourriture. Un homme a été emmené dans une ambulance après s'être gravement blessé à la jambe en tombant.

A migrant woman faints during a registration procedure at the stadium on the Greek island of — Agence France-Presse (@AFP)August 11, 2015

« Nous avons des gens évanouis dans la zone des terrains de jeux, portés par leurs amis et famille, qui arrivent toutes les 15 minutes. C'est absolument hors de contrôle. Personne ne comprend le sens de tout cela, ou même s'il y en a un [de sens], » a déclaré MSF au journal britannique The Guardian.

« La situation sur l'île est hors de contrôle, » a déclaré à la télévision grecque Yorgos Kyritsis, le maire de Kos. "Il y a un danger réel, la situation peut devenir incontrôlable. Il risque d'il y avoir du sang. "

Regardez notre documentaire — L'Europe ou la mort : Les migrants échoués sur Kos

La Grèce est le point de passage principal en Europe pour des dizaines de milliers de réfugiés et migrants économiques — principalement des Syriens fuyant la guerre — alors que les combats en Libye ont rendu la route alternative, de l'Afrique du Nord vers l'Italie, de plus en plus dangereuse.

Presque 130 000 personnes sont arrivées depuis le mois de janvier sur les îles situées à l'est de la Mer Égée, depuis la Turquie toute proche — un chiffre en hausse de 750 pour cent par rapport à l'année dernière.

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À la différence des précédentes crises d'immigration en Grèce depuis le début des années 1990, les réfugiés ne veulent pas rester dans le pays. Leurs destinations sont des pays riches tels que l'Allemagne ou les Pays-Bas et tout ce qu'ils demandent à la Grèce ce sont des papiers temporaires pour continuer leur traversée par les Balkans et l'Europe centrale, voilà pourquoi ils souhaitent s'enregistrer auprès des autorités.

Des migrants ont déclaré que les autorités ne leur ont donné aucun renseignement. « Les gens ne sont pas informés de la procédure » , a dit Orfanoudakis. « Ils ont besoin de soins de santé, de nourriture, d'eau, d'équipements sanitaires basiques… Tout cela en plus d'une protection de leurs droits juridiques, mais c'est quelque chose qui n'existe pas du tout ici à Kos. »

Toutefois, pour beaucoup de réfugiés, le chaos sur Kos n'est pas aussi mauvais que ce qu'ils ont laissé derrière eux.

« Alep est la pire ville du monde » , a dit Dirar, un étudiant diplômé en Anglais qui n'a pas souhaité divulguer son nom de famille pour protéger sa famille en Syrie.

« Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau, pas d'Internet. Ma maison a été détruite par une explosion de roquette. J'étais si heureux d'être vivant que j'ai pris un selfie » a-t-il dit, en montrant une photo sur son téléphone mobile de lui-même dans les décombres.

Avec Associated Press