Antarctigo Vespucci
Image: Andy de Santis. Composition par Mathieu Rouland

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Musique

L’amour à l’ère du courriel, selon Antarctigo Vespucci

Chris Farren et Jeff Rosenstock nous parlent de leur nouvel album et des faux-pas de la messagerie en ligne.

On ne pense pas exagérer en appelant Jeff Rosenstock et Chris Farren des légendes vivantes du punk moderne. Pendant près de 20 ans, Jeff était au micro des groupes Bomb the Music Industry! et The Arrogant Sons of Bitches, alors que Chris a passé plus d’une décennie avec Fake Problems. À deux, ils ont totalement changé le paysage musical du genre, sans vraiment se connaître, s’étant seulement croisés quelques fois ici et là.

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Lorsque leurs groupes respectifs se sont séparés, Chris et Jeff ont entamé des carrières solos, sans vraiment savoir comment s’y prendre. Ils ont donc décidé de travailler ensemble, et c’est comme ça qu’est né Soulmate Stuff, le premier EP de leur groupe collaboratif Antarctigo Vespucci, enregistré dans le garde-robe de l’appartement de Jeff à New York.

Avec leur premier long jeu, Leavin’ La Vida Loca, les gars se sont bâti un public fidèle. Leur powerpop est infectieuse, introspective, émotionnelle et ludique, avec des mélodies presque enfantines qui donnent envie de pleurer en dansant. Le groupe réussit une fois de plus, avec son nouvel album Love in the Time of E-Mail , qui paraît aujourd’hui sur Polyvynil Records, à créer 36 minutes de pure joie qui combine les textes autocritiques de Chris à la production visionnaire de Jeff.

On a donc décidé de leur lâcher un coup de fil pour discuter collaboration et étiquette dans les courriels.

VICE : Salut les gars! Jeff, tu habites à New York et Chris, tu vis à Los Angeles. Comment avez-vous travaillé sur les chansons du nouvel album?
Chris Farren : On a écrit et travaillé sur les chansons ensemble l’an dernier à New York, comme on a procédé pour tous les projets d’Antarctigo Vespucci jusqu’à maintenant. On arrive chacun avec des idées et on les concrétise ensemble.
Jeff Rosenstock : Exact, ce n’était vraiment pas comme un projet par Postal Service, où on s’envoie des idées par courrier!

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Parlez-moi un peu du titre. Ça veut dire quoi pour vous l’amour à l’ère du courriel?
Chris : On blague souvent avec nos amis, chaque fois qu’ils disent des trucs ridicules, on s’écrie : « Ça sera ça le titre de notre prochain album! » Il y a tellement d’articles d’opinions et de réflexions sur internet à propos l’amour numérique, et on trouvait que « Love in the Time of E-Mail » était le pire et le moins romantique terme pour en parler.
Jeff : Je crois que ce qui fait la beauté de notre amitié, c’est que Chris et moi, on s’investit tous les deux profondément dans nos blagues, et on ne déroge pas de nos rôles lorsqu’on est ensemble.

Justement, parlons d’étiquette de courriel. Comment commencez-vous vos courriels : avec un « Bonjour », un « Salut » ou un simple « Hey! »?
Chris : J’essaie constamment de varier. Ça dépend vraiment de ma relation avec la personne, et du point où on en est dans la chaîne de courriel : après le premier courriel, je ne signe plus.
Jeff : Je signe mon nom chaque fois. Et j’utilise beaucoup de points d’exclamation, parce que je ne veux pas que les gens croient que je suis un enculé, quand je dis des trucs qui peuvent être mal pris.

Vous arrive-t-il d’utiliser des emojis dans des courriels?
Chris : Je n’utilise pas beaucoup d’emojis en général, mais encore moins dans des courriels, vu qu’en général je les envoie pour des trucs plus officiels.
Jeff : Ça serait quand même assez drôle d’envoyer un courriel comme : « ENVOIE-MOI MON ARGENT! 💯💯💯»

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Et après combien de courriels de suite est-ce acceptable d’appeler directement la personne?
Jeff : En général, si c’est par courriel, c’est parce que tu veux communiquer à l’écrit, pour pouvoir y revenir à n’importe quel moment.
Chris : Le courriel est aussi une tout autre forme de communication. À un moment, j’étais en tournée et ma femme et moi on se parlait par courriel plutôt que par téléphone, et ça a complètement changé la dynamique.

Vous êtes tous les deux mariés, mais vos chansons en général traitent beaucoup de peines d’amour. Comment vos femmes le prennent-elles?
Chris : Je crois que nous avons tous les deux une femme très compréhensive, et je suis très clair avec la mienne par rapport à mes chansons et à leur sujet. Mais la plupart du temps, si mes chansons semblent romantiques, elles sont souvent à propos de mes amis ou d’autres événements dans ma vie. J’utilise simplement le point de vue de la musique populaire pour en parler, donc ça semble romantique sans vraiment l’être.
Jeff : Oui, je crois que les gens oublient souvent que n’importe qui dans leur vie a le pouvoir de leur briser le cœur, pas seulement des partenaires romantiques.

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Qu’avez-vous mutuellement appris à propos de la carrière d’artiste solo, alors qu’on a passé sa vie dans des groupes?
Jeff : Je crois qu’on a simplement appris sur le tas, en enregistrant le premier EP d’Antarctigo Vespucci. On avait tous les deux beaucoup des doutes et de questions, et on s’est aidés l’un l’autre du mieux qu’on pouvait.
Chris : Tu sais, on a littéralement enregistré le premier EP dans le garde-robe de l’appartement de Jeff. C’était une configuration hyper minimaliste, et pourtant il a réussi à en faire quelque chose d’incroyable. Aussi, il a cru en ce que je faisais à une époque où mon groupe n’était pas tout à fait convaincu de la direction que je voulais prendre.

Comment vous préparez-vous pour votre prochaine tournée?
Chris : Je ne sais pas, pour être honnête. On va répéter une ou deux fois avant, mais je crois que ce sera une surprise pour tout le monde!
Jeff : Deux répétitions, c’est beaucoup pour Antarctigo Vespucci!

Billy Eff est sur internet ici et .