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​Le joueur de Ligue 1 VICE Sports du week-end : Yann Bodiger

Samedi soir, c'était une histoire de nez.

Samedi soir, c'était surtout une histoire de nez. Pendant que la grande narine de Malmö fêtait son dernier match au Parc des Princes avec un nouveau record, un autre nez majestueux faisait respirer toute une ville, en sauvant le Téfécé d'une relégation qui lui pendait au museau. Le glorieux tarin appartenait au jeune Yann Bodiger, qui a eu le flair de tenter un coup-franc direct au nez et à la barbe de la défense et du gardien d'Angers.

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Et un qui a eu le nez creux, c'est Pascal Dupraz. Dans la séquence d'ouverture de l'excellent reportage de J+1 dans les coulisses du TFC ce week-end (type Les Yeux dans les Violets, visible ici), on peut voir l'entraîneur toulousain avoir une intuition géniale. Celle de faire rentrer Bodiger : « Je sais pas pourquoi, je réfléchis à Bodiger avec son pied gauche », confie-t-il à son adjoint Mickaël Debève.

Pascal Dupraz, extra-lucide. #Jplus100https://t.co/mln19fSQf8
— J+1 (@jplusun) 15 mai 2016

Au moment du remplacement, il explique à son jeune joueur (21 ans) : « Avec ta patte gauche, je sais pas pourquoi, j'ai l'impression que c'est toi qui vas… ce soir. » Quinze minutes plus tard, Bodiger prend la responsabilité de tirer le coup-franc directement, peut-être avec les mots de son coach en tête, et marque le but du 3-2.

La suite, c'est donc le maintien, la célébration avec les 1 300 supporters chaud bouillants venus jusqu'à Angers. Dans le document de J+1, c'est peut-être le plus émouvant : Dupraz qui vient prendre dans ses bras le remplaçant Alexi Blin et qui lui « T'es un courageux ! », comme ça, gratuitement, le vieux de la vieille Sirieix qui gueule dans l'oreille du pitchoun « Bodi », le franchise player Ben Yedder qui dit à son entraîneur « Vous êtes un très bon coach » et lui qui lui répond « T'es un super mec », un dernier échange avant que Wissam laisse son club de toujours à sa nouvelle star. Le genre d'émotions viriles de mecs soulagés de s'être enfin sortis d'une galère qui durait depuis des mois.

Espérons que cette histoire de remontada et la future saison avec coach Dupraz (qui a gagné +10 000 en capitale sympathie et en légitimité auprès de tout le foot français en dix matches à peine) permettent au Téfécé de remplir leur Stadium avec des supporters aussi excités que ceux présents à Angers. On comprend bien le rationalisme du président Sadran, pour qui une saison réussie est une saison où son club s'est maintenu. On parle quand mec d'un mec qui a confié une fois à So Foot, en 2013, sur le manque d'ambitions de son club et sur les saisons qui se suivent et se ressemblent : « Mais on a eu des émotions. On a terminé troisièmes, notre gardien a mis un but de la tête à la dernière seconde, on en a pris cinq à la maison contre Rennes dernièrement. C'est aussi une putain d'émotion ça. »

Du coup, pour vivre régulièrement des émotions, il semblerait que le TFC a décidé de jouer le maintien saison après saison, plutôt que de viser le haut du classement. C'est dommage pour la quatrième agglomération de France, qui est certes plutôt une ville de rugby, mais qui pourrait déchaîner des passions footballistiques comme celles aperçues samedi soir.

Et Bodiger, lui, restera, quelque soit sa carrière, un type de héros bien précis, celui de sauveur de dernière journée. Avant lui, d'autres l'avaient été dans des conditions encore plus glorieuses, tels Yoann Lachor ou Pascal Feindouno quand ils avaient donné le titre pour leurs clubs respectifs - Lens ou Bordeaux - lors des ultimes matches des saisons 1997-98 et 1998-1999. A chaque fois, des héros formés au club. C'est pour cela, pour cette belle histoire de pitchounes qui se finit bien et pour son glorieux nez, que Yann Bodiger est le joueur de Ligue 1 VICE Sports du week-end.