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LE NUMÉRO PEUR

Dance macabre

La dernière fois que la race humaine s’est autant préoccupée de l’Apocalypse, c’était pendant les épidémies de peste bubonique, au Moyen-Âge. Aujourd’hui, la moindre discussion sur la pluie et le beau temps peut rapidement tourner en débat—aussi...

La dernière fois que la race humaine s’est autant préoccupée de l’Apocalypse, c’était pendant les épidémies de peste bubonique, au Moyen-Âge. Aujourd’hui, la moindre discussion sur la pluie et le beau temps peut rapidement tourner en débat—aussi fiévreux que peu documenté—sur l’extinction prochaine des ours polaires et se ramifier en conjectures sur les conséquences possibles de la fonte des

glaces du Pôle Nord. Ce qui a commencé comme un charmant papotage sur tout ce qu’il y a peut y avoir de pire dans l’indie britannique, s’est transformer en débat passionné sur Henry Kissinger, l’industrie pharmaceutique et les nouvelles pilules contraceptives qui corrompent les lois de la nature. Vice: Alors de quoi parle votre musique? David: De bestialité et de nécrophilie? Reformulons la question: Qu’est-ce qui nous prouve que vous n’êtes pas juste un groupe électro de plus? David: On fait de la musique électronique sensible. On ne veut pas seulement que les gens se disent «Hé, si on dansait?», en entendant nos morceaux. Vous avez l’air vêxés. Vous êtes jaloux des groupes de rock parce que, eux , ils jouent avec de «vrais» instruments? David: C’est pas de la jalousie. Il se trouve qu’on fait de la musique électronique qui possède une certaine profondeur. Évidemment on veut faire danser les gens, mais il n’y a pas que ça qui compte, si? Si c’est ça, autant arrêter tout de suite, ou prendre le train en marche pour faire du fric, mais après ça on fait quoi? On achète une maison à la campagne et on se fait chier? Super… Ça doit être particulièrement vrai en Grande-Bretagne ces temps-ci… David: L’exemple parfait, c’est un groupe qui s’appelle The View et qui marche super bien en ce moment. Ils ont un morceau qui parle de porter quatre jours de suite le même jean. C’est ça le sommet de la musique anglaise? Dans les années 1970 les Sex Pistols parlaient de régicide, dans les années 1980 les Smiths parlaient des problèmes de la classe ouvrière dans le nord et aujourd’hui on n’aurait rien de mieux à faire que de parler lessive? La société dans laquelle on vit est quand même proche de celle décrite dans 1984 non? L’État est de plus en plus policier, et ça se combine avec une dépopulation liée à tous les médicaments que les gens avalent, ou auxquels ils n’ont pas accès dans certaines parties du monde. J’ai même vu la semaine dernière, dans les titres d’un journal, qu’il y avait sur le marché une nouvelle pilule qui permet aux femmes d’éviter d’avoir leurs règles… Et alors? David: Alors ça veut dire qu’on vit à une époque où les êtres humains vont à l’encontre même de la nature. C’est quoi le truc, t’es obsédé par l’industrie pharmaceutique? David: Non, mais j’ai lu une citation de Kissinger dans laquelle il dit que celui qui contrôle la production alimentaire, contrôle la société entière. Et les multinationales pharmaceutiques contrôlent de plus en plus nos réserves de nourriture. Tu sonnes comme un dingue qui ne prend plus ses médocs depuis qu’il est pote avec un conspirationniste… David: Écoute-moi bien. Les resources de notre monde se raréfient, et on est en train de détruire les moyens par lesquels on pourrait se soigner. C’est ce qu’il se passe en Amazonie! Donc, il va falloir se reposer sur les géants du médicament pour rester en vie, et eux, rien ne les empêche de s’étendre, et de prendre d’assaut le domaine des biotechnologies agricoles par exemple. Ok, alors qu’est-ce qu’on est censé faire? Russell: Faire bon usage de l’alcool et danser. «Reaktor/It`s On» l’excellent premier single d’Autokratz est sorti sur le label Kitsuné