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LE NUMÉRO PHOTO 2008

L’impasse de la lucidité

Ma mère a eu une vie incroyable qui s’est achevée il y a un an.

Ma mère a eu une vie incroyable qui s’est achevée il y a un an. Sur sa porte, il y avait ces mots écrits au marqueur : « Bienvenue à l’impasse de la lucidité ». Entre le bar qu’elle tenait avec son ex-mari, le Vicomte assassin d’un « homme tranquille », comme on a dit dans les journaux, la Jaguar offerte par un copain faux-monnayeur, les amis situationnistes et anarchistes « avec un vrai fond de révolution », l’Inde et « ces cons de hippies qui ne respectaient rien », et le retour dans la société « avec ses rouages qui vous rouent » afin de m’élever… Elle a connu la provoc’, le rêve, et l’alcoolisme du refus après l’abandon. Elle me disait souvent « Vuitton ? C’est vrai ça, vit-on aujourd’hui ? Dans cette société des marques et du spectacle. » Alors j’ai décidé de partir en vélo avec mon pote David Ledoux disperser ses cendres dans le village du Loir-et-Cher où elle est née, et que nous allions en faire un film : Le dernier voyage de Maryse Lucas. Je pense que ça l’aurait bien fait marrer la Maryse, avec, en voix-off la phrase de son ami Michel le Bayon :« N’avoir besoin de rien ne veut pas dire que l’on n’ait pas envie de tout, de vivre tout, je veux dire ».

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