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L’antidote aux surdoses de fentanyl pourrait bientôt être entre les mains des pompiers et policiers

C’est un début, mais ce n’est pas suffisant.

Les organismes communautaires réclament depuis longtemps un plus grand accès à l'antidote aux surdoses d'opioïdes, la naloxone.

À la suite de sept surdoses non mortelles liées au fentanyl à Montréal dans la nuit du 17 août, puis de la mort de deux frères par surdose la semaine suivante, le maire Denis Coderre a décidé d'agir. Il a convoqué la semaine prochaine le chef de police de la Ville de Montréal, Philippe Pichet, pour discuter de la possibilité d'équiper les agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de cet antidote.

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« Est-ce que ce serait adéquat qu'il puisse avoir aussi des kits pour les policiers, par exemple, ou les pompiers comme les premiers répondants ? Ça c'est le genre de travail qui se fait sur le terrain, mais ce n'est pas la première fois qu'on se parle », pouvait-on entendre le maire expliquer mercredi, sur les ondes de Gravel le matin.

Pour l'instant, parmi les premiers répondants, il n'y a que les paramédics qui ont à leur disposition des trousses de naloxone. « La loi ne permet pas aux policiers d'en avoir présentement », a précisé le SPVM par courriel à VICE. Les pompiers non plus n'y ont pas accès, assure Urgences-santé, qui ajoute que chacun des 850 paramédics actifs sur la route ont été formés pour administrer l'antidote.

Mais pour Méta d'Âme, l'association pour dépendants aux opioïdes, même si cette mesure est nécessaire, ce n'est pas suffisant. Il faut un meilleur accès au produit et aux formations pour tous, juge l'employée Ange Desaulniers.

Toujours pas assez de naloxone

Le produit se trouve dans les centres d'injection supervisée, ainsi que dans certains groupes communautaires, dont Cactus, Dopamine, Spectre de Rue et SOS Itinérance.

Au nom d'une ordonnance collective entrée en vigueur en avril, des personnes qui ont une dépendance connue ou soupçonnée aux opioïdes, ou encore qui font usage d'opioïdes de prescription ou d'opioïdes injectables, peuvent se faire rembourser le médicament.

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Pour les autres, il faut prévoir une cinquantaine de dollars pour deux fioles, qui ne seront pas remboursés.

Ange Desaulniers, de Méta d'Âme, juge pourtant qu'il est très important que l'entourage des consommateurs de drogue ait eux aussi accès à la naloxone, puisque ce sont souvent les amis, colocs, membres de la famille qui pourront assister les consommateurs en cas d'urgence.

Elle déplore en outre que les consommateurs de drogues récréatives ne soient pas non plus visés par l'ordonnance collective, alors qu'eux aussi sont à risque de consommer des opiacés, sans le savoir.

« Le fentanyl ne va pas juste se retrouver dans l'héroïne. À Montréal, il y a eu des cas de décès de gens qui avaient pris du PCP, de la MDMA, on a aussi trouvé du fentanyl dans la coke. Toutes les personnes qui consomment des drogues devraient être formées à utiliser la naloxone », martèle Ange.

« En ce moment, les gens qui consomment de la MDMA de façon festive ne sont pas nécessairement sensibilisés à la problématique des surdoses d'opiacés », ajoute-t-elle.

Pas assez de formations

Méta d'Âme offre, dans le cadre de PROFAN, des formations sur la naloxone aux utilisateurs et leurs proches. Selon Ange Desaulniers, il en faut plus.

« C'est vraiment permettre de former plus d'intervenants, et de continuer à former les usagers. Les gens qui consomment beaucoup, c'est important de continuer à les former, parce que souvent ce sont des personnes oubliées, qui ne font pas partie du système de santé. »

La Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal offre aussi des formations aux intervenants du milieu communautaire depuis 2015, mais ce programme comporte certaines lacunes au niveau des délais, selon Mme Desaulniers.

« Souvent, on a des intervenants qui nous contactent pour savoir s'ils peuvent être formés par nous, parce que ça fait des mois et des mois qu'ils attendent sur la liste d'attente de la DSP », témoigne-t-elle.

Malgré ses demandes auprès de l'organisme, elle n'a jamais su combien de gens avaient été formés par eux. Par courriel, les communications nous ont indiqué être en attente d'une mise à jour des chiffres. Nous n'avions pas eu de réponse au moment de mettre en ligne l'article.

La Ville de Montréal n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevue.