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terrorisme

Une traductrice du FBI a épousé le djihadiste sur lequel elle enquêtait

Une ancienne traductrice du FBI, titulaire d'une habilitation « Top Secret », a fui vers la Syrie, où elle a épousé un combattant de l'organisation État islamique (EI) – sur lequel elle enquêtait. Pour cela, elle a été condamnée à deux années de prison.
Justin Ling
Montreal, CA

Des documents émanant d'une cour fédérale de Washington, D.C., diffusés ce lundi, permettent d'en apprendre plus sur Daniela Greene, originaire de Tchéquie, qui vivait aux États-Unis et travaillait en tant que contractuelle pour le FBI. Elle était chargée de la surveillance de Denis Cuspert (photographié ci-dessus en 2005) – un rappeur allemand reconverti djihadiste. Mais au lieu de cela, elle s'est introduite en Syrie, a alerté Cuspert que le FBI enquêtait sur lui, puis l'a épousé.

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Le 11 juin 2014, Greene a indiqué à son responsable basé à Indianapolis qu'elle se rendait en Allemagne pour rendre visite à sa famille. Elle a alors embarqué sur un vol d'Air Canada à destination de la Turquie, d'où elle a réussi à passer en Syrie. Un mois plus tard, elle a épousé Cuspert et lui a confié qu'elle était sous contrat avec le FBI et que les services américains enquêtaient sur ses activités.

CNN, qui a révélé en premier l'histoire de Greene, indique avoir été en mesure de confirmer que le combattant de l'EI que Greene a épousé est bien Cuspert, qui utilisait le nom de scène Deso Dogg et avait fait une tournée avec DMX. Le Département d'État américain précise que Cuspert se fait désormais appeler Abou Talha Al-Almani, et qu'il fait office de recruteur pour l'organisation terroriste.

En 2015, l'armée américaine avait annoncé la mort d'Almani dans une frappe aérienne, mais le Pentagone est par la suite revenu sur ses dires.

De nombreuses femmes ont rejoint les territoires de l'EI pour épouser des djihadistes, comme Greene. Si certaines se sont investies pour recruter plus de femmes, d'autres ont rapidement été déçues par la réalité de la vie dans ce califat auto-proclamé.

Greene semblait apparemment appartenir à cette seconde catégorie d'épouses de djihadistes.

« Je vis dans des conditions très difficiles, et je ne sais pas combien de temps je vais encore tenir, » disait-elle dans un e-mail reproduit dans les documents obtenus par la cour. « Mais cela n'a plus d'importance, c'est trop tard. »

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Le FBI est parvenu à tracer l'adresse IP d'un compte Skype utilisé en Syrie par Greene. Les identités des personnes avec qui elle échangeait – sans doute sa famille et des amis – ont en revanche été masquées. L'adresse IP était identique à une adresse fréquemment utilisée par des combattants de l'EI.

Dans un autre e-mail obtenu par les autorités, Greene dit, « Je vais probablement passer beaucoup de temps en prison si je reviens, mais c'est la vie. »

Pourtant ce n'est pas ce qui s'est passé. Greene a été arrêtée par le FBI peu de temps après son retour aux États-Unis en août 2014. Mais elle n'a pas été condamnée pour avoir fourni un soutien matériel à une organisation terroriste – qui s'accompagne généralement d'une longue peine de prison – comme nombre d'épouses de djihadistes. Au lieu de ça, Greene a seulement été reconnue coupable d'avoir « fourni de fausses informations au FBI » quant à son itinéraire de voyage.

Pour la défense de Greene, le gouvernement a notamment pointé le casier vierge de la traductrice, ses confessions au FBI et sa « coopération substantielle » depuis son arrestation. « Après les abus relatifs à sa position, l'accusée a essayé d'expliquer ses erreurs, et d'aider à nouveau son pays, » peut-on lire.

Greene a été condamnée à deux ans de prison et a été libérée en août dernier. CNN indique qu'elle travaille désormais en tant qu'hôtesse dans le lounge d'un hôtel.