Tom Sachs et Questlove sont d’accord : « La créativité, c’est l’ennemi »

Quand des grands artistes prennent part à une discussion, la dernière chose à laquelle on pourrait s’attendre serait peut-être qu’ils en viennent à dénoncer la créativité. Mais c’est exactement ce qu’il s’est passé le 16 juin 2016 au Brooklyn Museum où Tom Sachs et Questlove étaient invités à une conversation publique. Face à un large public, les deux artistes ont évoqué pêle-mêle leur famille, leur passé, leur amour partagé pour la musique, avant de définir ce qu’est exactement un tempérament artistique positif.

Questlove est un batteur, DJ et producteur, figure phare du groupe The Roots ; Sachs est un sculpteur, connu entre autres pour monter des sounds systems à partir d’objets tout à fait incongrus comme des réfrigérateurs ou des kiosques à journaux. Tous deux rencontrent énormément de succès dans leur domaine respectif et ont pour point commun d’avoir adopté une approche commerciale de leur pratique artistique.

« La créativité, c'est l’ennemi » : cette phrase cristallise l’avis partagé de Questlove et Sachs. Elle ne date pas de cette rencontre puisqu’elle avait carrément fait l’objet d’une œuvre de Sachs en 2008, encadrée sur un fond vert. Si elle peut paraître ironique au premier abord, elle ne l’est pas vraiment — Sachs a déjà avoué détester se livrer à des expérimentations hasardeuses en studio. Son motto est : le « changement différentiel ». C’est une façon, dans un sens, de créer une forme de stabilité — éviter l’obsolescence programmée pour préserver la pertinence des œuvres précédentes. Selon lui, lorsqu’un fil conducteur relie un ensemble d’œuvres, la valeur de chaque pièce est maintenue, plutôt que de sauter d’étapes en étapes, rendant caduques les travaux antérieurs.

Questlove a renchéri : « Les créatifs ont tendance à se saboter eux-mêmes », avance-t-il, travaillant à chaque fois en opposition par rapport aux productions passées. Il se place d’ailleurs lui-même dans cette catégorie, du moins avec les Roots où ils évoluaient volontairement par contraste. En témoigne leur collaboration avec Usher lors du Roots Picnic le 4 juin dernier. La régularité de Sachs dans son travail est par ailleurs visible dans son exposition en cours au Brooklyn Museum, « Boombox Retrospective ».

Les deux semblent en tous cas avoir trouvé leur équilibre. Et comme le résume Questlove : il doit « quelque part, coller au scénario au bout de 20 ans ».

Vous pouvoir retrouver la conservation dans son intégralité dans la vidéo ci-dessous :

Cliquez ici pour avoir plus d’infos sur le Brooklyn Museum. Le site de Tom Sachs est par ici, et celui de Questlove, par là.