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LE NUMÉRO FILLES

Deux filles sur le ring

En ce moment, je suis à fond dans la boxe. J’adore regarder des matches, lire des livres sur le sujet et m’entraîner toutes les semaines. La seule chose que je n’avais pas encore faite, c’était de me battre pour de vrai, parce que j’avais peur—pas d’un...

En ce moment, je suis à fond dans la boxe. J’adore regarder des matches, lire des livres sur le sujet et m’entraîner toutes les semaines. La seule chose que je n’avais pas encore faite, c’était de me battre pour de vrai, parce que j’avais peur—pas d’un œil au beurre noir ou d’une lèvre éclatée, mais de devoir me nourrir à l’aide d’un tube et de chier dans un sac pour le restant de mes jours. Pourtant, quand mon entraîneur m’a dit qu’il était temps de monter sur le ring, j’ai défié la meilleure boxeuse catégorie poids lourd du monde. Elle s’appelle Martha Salazar et on a fait un combat en trois rounds.

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Le combat a eu lieu au Broadway Boxing Gym, une salle décrépie du quartier de South Central, à Los Angeles, qui ressemble à un décor de cinéma. Sur le trajet, mon entraîneur, qui a un œil fermé à vie à cause de tous les coups qu’il a reçus, m’a montré l’échangeur d’autoroute sous lequel il avait l’habitude de dormir. (Ci-dessus, la seule photo où j’ai l’air d’avoir une chance de m’en tirer.)

Ça, c’est Martha Salazar. Elle n’a commencé à boxer qu’en 2000, mais quand elle tape à fond, elle peut mettre KO un boxeur homme. Même un Samoan. En tout cas, c’est ce que dit son entraîneur. Pourquoi spécialement un Samoan? Aucune idée. En plus d’être massive, elle est aussi très très rapide. On l’appelle «The Shadow».

Moi, je l’appelle «la femme qui m’a fait avorter gratuitement».

Voilà mon entraîneur, Canada. C’est lui qui a eu l’idée qu’on se batte habillées en robe.

Voici Danovis Pooler, l’entraîneur de Martha. Il est aussi boxeur et Martha lui met sa raclée de temps en temps.

C’est parti…

Avant que la cloche sonne, l’entraîneur de Martha la motivait en lui chuchotant des trucs à l’oreille pour la détendre. Canada a une autre technique. Il m’a raconté une histoire de voiture en flammes et quand la cloche a sonné, il m’a dit: «T’es qu’une putain d’idiote!»

Ces paroles en tête, je me suis pris un coup vraiment puissant dans la figure. (C’est Steve Jenkins, l’arbitre, qu’on voit au fond. Canada lui a demandé de repasser sa chemise.)

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Même si je m’attendais à perdre, c’était assez chelou de se faire démolir à ce point. J’étais complètement désorientée et je respirais tout bizarrement, comme un bruit de sifflet. (Regardez, elle essaye de ne pas rigoler.)

Baisser ma garde et ne pas du tout me protéger est une tactique que j’ai apprise chez les bébés. J’avais les cheveux dans les yeux, donc la plupart du temps, je ne voyais pas ce qui se passait. Mais j’arrivais quand même à suivre l’action: je me prenais un paquet de coups dans la face.

Je n’ai pas compris pourquoi elle prenait la peine de se protéger, aucun de mes coups n’a porté.

Quand tu te ramasses un direct dans les poumons, mieux vaut ne pas le voir venir.

Ce n’est pas parce que je ne l’ai toujours pas «touchée» que ça fait de moi une mauvaise boxeuse.

Je gémis sur son bras.

Entre les rounds, je crachais dans un seau.

Deuxième round: mon tout premier «knockdown». C’est le terme technique pour désigner le moment où tu te prends un coup tellement fort que tu tombes à terre. Je préfère appeler ça un trip, mais c’est pas un terme de boxe.

Un autre terme pas technique: «le matage de nibard».

Mon deuxième «knockdown» n’était pas sympa du tout. J’ai entendu mon cou craquer et j’ai senti mon visage frapper le sol. Ça m’a un peu déprimé.

Vers la fin du round, j’ai essayé de mettre Martha KO en lui sautant dessus. Ça n’a pas marché. (Putain, vous avez vu l’expression de l’arbitre?)

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Martha m’a maintenue en l’air sans aucun effort jusqu’à ce que la cloche sonne. Et là, elle m’a jetée par terre, juste pour le fun..

Bon, c’est fini.

J’ai perdu le combat, les amis. J’ai été battue avec enthousiasme par une femme de 109 kg qui a retenu chacun de ses coups. .

Même si je savais que j’allais perdre, la défaite, ça pue. Sur cette photo, je me sens comme une merde.

Grosse pute. La prochaine fois, tu ne vas pas t’en tirer aussi bien. Je t’éclate où tu veux, quand tu veux. Tu vas t’en prendre une. Jolie robe, au fait. Grosse merde.