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LE NUMÉRO DADA

Vice Fashion - Miss stagiaire 2007

STYLISME: MARION CHAMBRETTE

COORDINATION: CLAIRE TOUZARD

Veste: Woods & Woods; débardeur: P&P; culotte: Paul Frank; bottines: Miss Sixtie

PAULINE, 20 ans

En stage dans une boîte de production audiovisuelle.

Vice: Ton poste?

Pauline:

L’intitulé c’était «assistante de production». Au final, ça se résume à répondre au téléphone et à relier les scénarios. Pour expliquer en deux lignes ce travail passionnant: on jette sur mon bureau des scénarios de 1 000 pages. Je dois les séparer en plusieurs blocs pour les perforer et les relier. Inutile de préciser qu’il ne faut pas se planter entre les feuillets, et que ça m’est arrivé plus d’une fois. Il faut tout recommencer et ça prend des heures, c’est super relou. Mais on a accès à toutes les fiches des jeunes premiers. Avec une copine, quand on s’ennuie, on appelle les grosses bombes en se faisant passer pour des productrices. Ça marche bien, j’ai déjà deux rendez-vous la semaine prochaine.

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Robe chemise: Paul Frank; gilet: Et vous; bottes: Chevignon; jupe: Francklin Marshall; baskets (par terre): Springcourt; baskets (sur l’étagère): Sandie; jupe (sur le carton): Francklin Marshall

JULIETTE, 22 ans

Stagiaire dans un bureau de presse mode.

Vice: Ta pire expérience de stage?

Juliette:

Je devais rédiger des dossiers sur les dinosaures pour un magazine scientifique alors que j’y connaissais rien et on m’avait collée à côté du service «réclamations». Mes voisins, c’était des quarantenaires dépressifs qui se faisaient harceler au téléphone pour des remboursements de 1 ou 2 euros. L’un d’entre eux passait près de mon bureau avec son regard de pervers pour me proposer des massages à domicile. J’ai tenu un mois, à peine.

Veste: Jasmin Santanen couture; t-shirt: Burfitt; jean: Et Vous; bottines: Isabel Marrant

MOUNIA, 24 ans

Stagiaire à la rédaction d’un talk-show télé quotidien en clair.

Vice: Tu penses quoi de ta condition de stagiaire?

Mounia:

J’ai l’impression d’être la cruche de service. On est cinq filles à la rédaction, employées soi-disant à des postes bien précis. Sauf que personne ne connaît nos prénoms et qu’on nous envoie faire des courses débiles. En plus, à la télé il faut tout le temps faire les choses en «urgence», comme si l’avenir de la France entière en dépendait. En fait, c’est surtout la façon dont on nous parle qui est horrible, genre comme si c’était écrit «grosse merde» sur notre front.

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T-shirt: Naco Paris; jean: Renhsen; ballerines: Melissa

CHLOÉ, 27 ans

En stage dans une agence de relations presse.

Vice: Comment ça va au bureau?

Chloé:

Bof, ma boss, c’est le cliché de l’attachée de presse hystérique. En plus, elle est radine : elle organise des soirées avec des budgets hallucinants et vient me réclamer les tickets resto en rab quand je prends des vacances. Dans ce milieu, de toutes façons, elles ont toutes des gros problèmes d’ego, et elles adorent se venger sur la jeunette venue censément leur piquer leur place. Je me tape toutes les corvées de base de la stagiaire. Ça va du standard à la machine à café. Le pire, c’est qu’on te fait croire à une embauche, alors qu’au bout de six mois, il te jette pour une autre stagiaire «jolie et dévouée».

Chemise: 55DSL ;caleçon: Naco Paris; baskets: Converse

SALOMÉ, 20 ans

Stagiaire dans agence de promotion musicale phunky.

Vice: Alors, ton stage?

Salomé:

Pour moi qui suis fan de musique, c’est un peu un rêve qui se réalise. En plus, j’adore l’ambiance. Je me sens comme dans une famille où on t’accueille au champagne dès le premier jour.

Sérieux? Et les points négatifs?

Le seul truc qui m’angoissait au début, c’était de devoir répondre au téléphone à des musiciens connus, parce que je suis timide et que je perdais tous mes moyens.

La stagiaire exploitée, c’est un mythe alors?

Je n’appellerais pas ça de l’exploitation, parce qu’on apprend plein de choses qui nous serviront pour plus tard. Après c’est vrai que j’ai la chance de ne pas avoir de soucis financiers, alors forcément.

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Chemise: Kiaby; jean: Lee Cooper; ballerines: Repetto

MARIE-ASTRID, 28 ans

Stagiaire à la section juridique d’une grande maison de disque.

Vice: Combien de stages à ton actif?

Marie-Astrid:

Beaucoup, je ne sais même plus. Avant de bosser dans l’industrie du disque, je suis passée par pas mal de boîtes ultra-coincées. D’abord, ça a été les cabinets d’avocats. Tu portes le tailleur, le chignon et écoutes parler tes patrons de leur photo avec untel dans le dernier magazine people. Ensuite, une maison d’édition, où tes collègues sont déjà aigries à 30 ans et te prennent pour une alcoolique quand tu proposes d’aller boire l’apéro.