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Jour de vote historique en Ecosse

Une majorité de "oui" mettrait fin à une union de 307 ans avec l’Angleterre et donnerait naissance à un pays indépendant.
Photo par AP/Scott Heppell

C'est une page historique qui se tourne en Ecosse. Alors que le soir se couche sur le parlement à Edimbourg, les joueurs de cornemuse commencent à faire de la musique, les militants se relaxent, et des bouteilles de vodka émergent des kilts.

Un nombre sans précédent de citoyens ont répondu à une question à la fois simplement formulée et incroyablement complexe : « Est-ce que l'Ecosse devrait être un pays indépendant ? » Une majorité de oui mettrait fin à une union de 307 ans avec l'Angleterre et donner jour à un pays indépendant.

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Plus de 2600 bureaux de vote sont restés ouverts jeudi de sept heures du matin à dix heures du soir. Le décompte des voix est encore en cours, et les résultats seront connus vendredi matin. Le premier (et plus petit) comté, Clackmannanshire, a déclaré une victoire du non avec plus de 19 000 voix, contre 16 000 pour le oui. Le pays a rapporté 88% de participation.

Aberdeen est le comté qui déclarera ses résultats le plus tard, à 6 heures du matin vendredi. Cependant, certaines région d'Ecosse sont isolées, et les votes seront apportés aux centres de comptage par hélicoptère ou par bateau, ce qui signifie que la météo pourrait retarder les résultats.

Le succès de la campagne du oui à Glasgow. Lire notre reportage ici. 

Le sondage de sortie des urnes YouGov donne le non gagnant par 8 points, mais quelque soit l'issue du vote, tout le monde s'accorde à dire que la conversation politique issue du référendum a changé l'Ecosse pour de bon.

Andy Murray, le champion de tennis écossais a demandé aux Ecossais de voter oui alors qu'une campagne fiévreuse pour l'indépendance était menée sur Twitter.

Huge day for Scotland today! no campaign negativity last few days totally swayed my view on it. excited to see the outcome. lets do this!

— Andy Murray (@andy_murray)September 18, 2014

"C'est un grand jour pour l'Ecosse ! La campagne du non a été si négative ces derniers jours que j'ai changé d'avis. Je suis excité de voir le résultat. Allons-y !

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Le Premier ministre écossais Alex Salmond a voté à neuf heures du matin jeudi dans un bureau de vote à Strichen, près d'Aberdeen, dans le nord ouest de l'Ecosse.

Plus tard, il a fait un tour de sa circonscription, encourageant ses partisans à galvaniser leurs troupes dans les dernières heures du référendum. Une campagne a aussi été menée pour inscrire les sans-abris sur les listes.

Gregor Angus, 17, originaire de Livingston, débordait d'enthousiasme devant le parlement d'Edimbourg. Il a dit à VICE News comprendre les préoccupations concernant les votes des 16-17 ans parce qu'à leur âge ils étaient influençables, mais il a dit penser aussi que sa génération devait aussi pouvoir se prononcer sur le futur de son pays. « Beaucoup de mes amis votent pour le oui, mais j'ai aussi quelques amis qui votent non. Tout le monde est vraiment excité de pouvoir enfin voter », dit-il.

Dans les rues de la capitale, c'est la campagne du oui qui est la plus visible. James McLeod, un étudiant en art de 46 ans de l'université d'Edimbourg a collé « oui" partout sur sa voiture garée devant le parlement.

« J'espère que ça fera changer d'avis au moins une personne, parce que chaque vote compte ce soir », dit-il à VICE News, insistant sur le fait que ce vote n'était pas seulement à propos de l'indépendance.

« Je pense que le mouvement que l'on connaît en ce moment en Ecosse est en train de se passer ailleurs dans le monde. Ce n'est pas seulement une histoire d'indépendance, c'est une histoire de compassion », dit-il. « Les choses qui se passent dans le monde avec lesquelles on n'est pas nécessairement d'accord et j'espère que ça se transforme en un mouvement global ».

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L'idée que le pays quitte l'Angleterre, emportant un tiers du Royaume-Uni a suscité des peurs quant aux perspectives économiques de l'Ecosse. On a aussi soulevé la question de la monnaie, et des missiles Trident du Royaume-Uni, ces armes nucléaires étant stockées à la base navale de Faslane dans la Gare Loch.

L'Ecosse est plutôt de gauche, et pendant la dernière élection, les écossais n'ont élu qu'un seul membre du parti conservateur. La décentralisation a permis que le pays ait son propre parlement à Holyrood, et a donné à l'Ecosse une partie des pouvoirs, mais le choix de l'indépendance donnerait au pays un contrôle direct sur toutes les affaires, ce dont beaucoup d'Ecossais regrettent ne pas avoir.

Rachel Holmes, 47 ans, a comptable agréée originaire d'Edimbourg a confié à VICE News qu'elle votait pour l'indépendance non pas pour se séparer de l'Angleterre, mais pour que l'Ecosse puisse choisir pour elle-même « comment utiliser nos resources, ce qui est juste pour nous ici, nous qui vivons ici ». « Je pense qu'être britannique, ça veut dire être dans une famille de nations, mais on devrait aussi pouvoir se gouverner comme des nations individuelles… Cela ne veut pas dire que le pays se divise, ça voudrait juste dire que l'un de ces pays se gouvernerait enfin comme n'importe quelle nation ».

Pour David Cameron (pas le Premier ministre) nous confie dans un café d'Edimbourg que l'idée d'être britannique était « dans le passé ». Le partisan du oui, âgé de 48 ans a déclaré à VICE News « nous sommes Ecossais, et seulement Ecossais. Peu importe quelle est l'issue du vote nous resterons unis ».

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Les dirigeants britanniques se rendent en Écosse dans un ultime effort pour éviter l'éclatement du Royaume-Uni. En lire plus ici.  

« On nous a mené en bateau trop longtemps. On veut prendre nos propres décisions », explique son mari de 58 ans, John Clark. « Et on ne veut pas d'armes de destruction massive ici », ajouta-t-il, faisant référence aux missiles Trident.

Le sentiment qui prévaut ici, c'est l'incertitude. Le porte parole du Fonds monétaire international, William Murray a déclaré plus tôt dans la semaine qu'un « oui soulèverait un grand nombre de points de tension qui auraient besoin d'être négocié. On rentrera dans une période imprévisible quant aux modalités de la transition vers un nouveau système monétaire, financier et fiscal en Ecosse ».

Le Premier ministre David Cameron a averti que cette décision n'offrirait pas retour en arrière. La Reine Elisabeth est restée neutre, mais elle a déclaré plus tôt dans la semaine qu'elle « espérait que les électeurs voteraient en toute conscience ».

À Edimbourg, Lynn, une retraitée de 63 ans qui vote contre l'indépendance a affirmé être la seule personne dans sa rue arborant des affiches de campagne sur ses fenêtres.

« On a une histoire importante au Royaume-Uni, et il me semble que c'est mieux que 63 millions de personnes restent ensemble plutôt que des petits groupe. Ensemble, s'entraide mieux », a-t-elle déclaré à VICE News. « Il me semble que beaucoup d'Ecossais ont très bien réussi en étant part du Royaume-Uni ».

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Greg Lane, 20 ans, étudiant en économie et en politique à l'université d'Edimbourg est originaire d'Angleterre mais a vécu en Ecosse ces dix dernières années. Il a aussi voté non. Il a dit à VICE News: « Je pense juste qu'une séparation n'est pas la réponse aux problèmes que nous rencontrons en ce moment et les choses changeront plus rapidement si on reste unis ».

Si l'indépendance était voté, pour lui l'étape d'après serait de l'accepter, et de passer à autre chose pour « limiter les dégâts ».

En dehors de ceux qui habitent en Ecosse, les Anglais n'ont pas le droit de voter la potentielle rupture de l'Union, bien que beaucoup ont essayé d'avoir une voix par le biais de rassemblements et d'appels de célébrités aux Ecossais à rester dans le Royaume-Uni. L'un d'eux, John Loughrey, un Londonien de 59 ans a fait le voyage à Edimbourg pour la journée. Il a déclaré à VICE News : « J'ai du respect pour Alex Salmond, mais il emmène l'Ecosse sur la mauvaise route ».

Le débat sur l'indépendance a suscité de fortes passions, parfois dérivant vers un féroce affrontement entre partisans des deux camps dans les rues et sur les réseaux sociaux.

Le chef du parti travailliste Ed Miliband a dû interrompre son apparition à Edimbourg plus tôt dans la semaine, assailli et chahuté par des partisans du oui. Il a dit plus tard à la BBC qu'il pensait que la campagne pour l'indépendance avait un « côté sombre", citant les plaintes de certains partisans du non qui ont déclaré avoir été intimidé. Alew Salmond, qui a été critiqué pour avoir décrit ceux qui voulaient voter pour le non comme de mauvais patriotes, nie tout mauvais comportement de son côté de la campagne.

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À la veille du référendum, l'écrivaine JK Rowling - qui a grandi en Angleterre mais qui a vécu à Edimbourg ces deux dernières décennies et qui s'est attiré beaucoup d'ennemis en ligne pour avoir exprimé son soutien au non - a publié un plaidoyer contre les divisions créées par le référendum.

Big day in Scotland tomorrow — J.K. Rowling (@jk_rowling)September 17, 2014

C'est un jour important pour l'Ecosse demain #indyref. Ma tête dit non, et mon coeur le hurle, mais quoiqu'il arrive, j'espère que samedi nous serons tous amis.

Le référendum a aussi attiré l'attention d'autres régions indépendantistes en Europe, particulièrement en Catalogne, ranimant des peurs au sein du gouvernement espagnol qui a répété à de nombreuses reprises qu'une Ecosse indépendante ne deviendrait pas facilement membre de l'Union européenne.

Sur une place d'Edimbourg, un groupe de Catalans ont dansé la sardana, une danse traditionnelle. Daniel Rue, 65 ans, a déclaré à VICE News qu'il avait voyagé seul en Ecosse mais qu'il pensait qu'environ 200 personnes avaient fait le voyage. Il a pris son ticket mardi, quand il a réalisé que le référendum pourrait bien passer. « Nous sommes venus pour observer le processus et pour encourager le référendum », a-t-il déclaré.