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Culture

Des flingues tout beaux tout doux

L’artiste Natalie Baxter fait des armes toutes douces pour décorer votre piaule.
Baxter in her Brooklyn apartment. Copyright at Josh Simpson.

L’artiste Natalie Baxter est tout à fait consciente de la relation compliquée qu’ont les Américains avec les flingues. Née à Lexington, dans le Kentucky, la jeune femme de 29 ans a été exposée aux armes à feu dès son plus jeune âge. Elle en est venue à les accepter comme un élément à part entière des États-Unis.

Ce n’est qu’à partir de décembre 2014 que Baxter, qui vit maintenant à Brooklyn, a commencé à questionner le rôle complexe et souvent émotionnel des flingues dans la culture américaine. Lors d’une visite à un ami dans sa ville natale, elle a remarqué l’étalage de pistolets sur la cheminée, qu’elle a alors interprété comme un mélange de tradition et d’hommage à la possession d’armes. Ce mur de flingues lui a paru chelou mais aussi, étrangement, intriguant. Elle est immédiatement rentrée chez elle et a commencé à coudre un coussin en forme de fusil. C’est ainsi qu’est naît la série Warm Guns.

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Photo de l'exposition de Baxter à l'Institute 193

Près de deux ans plus tard, Baxter a réalisé plus de 100 flingues acidulés cousus à la main — les terminant souvent durant le long trajet jusqu’à son lieu de travail. Chacune de ses réalisation est adaptée d’une arme choisie par Baxter. Cousus à la main, ils ne sont pas des répliques exactes mais plutôt des interprétations ludiques d’un large éventail d’armes à feu. Les matériaux qui composent chaque « warm gun » est généralement de couleur pastel — certains ont même des motifs floraux et de qualité bon marché. Ils pourraient tout à fait être issus des rayons d’un magasin de jouets. Au début du mois, la première exposition personnelle des Warm Guns de Baxter s’est ouverte à l’Institute 193 à Lexington.

Baxter travaille généralement avec la vidéo, la photo et la sculpture. Ses projets explorent souvent les questions relatives au genre, à l’identité — plus particulièrement les contre-cultures américaines dont les propres définitions de masculinité et de féminité mutent.

Baxter coud un “Warm Gun” sur le trajet de son travail. Photo : Josh Simpson

Son travail précédent était une investigation en profondeur de sa descendance Appalache, où elle dressé le portrait de femmes entre 5 et 85 ans vivant dans l’est du Kentucky. Warm Guns prend racine dans ce même Kentucky, un endroit qui est rapidement devenu une source d’inspiration ainsi que le lieu de prédilection pour présenter son travail. Ici, elle a appris à matelasser avec sa grand-mère, avec une méthode traditionnelle ancienne typique de la région.

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« J’ai commencé ce projet à l’aube des affaires de Ferguson, Tamir Rice, Trayvon Martin. Les marches “Black Lives Matter” avaient lieu un peu partout dans le pays et la brutalité de la police et la violence des armes étaient des sujets d’actualité brûlants dans l’esprit de tous. Voir ce mur entièrement recouvert d’armes m’a mise mal à l’aise et c’est quelque chose que je ne verrai jamais à New York », raconte-t-elle à The Creators Project.

Image publiée avec l'aimable autorisation de l'artiste

Baxter a commencé à imaginer un mur d’armes — pas des pistolets ni des fusils mais des répliques faits main. Ce passe-temps, devenu véritable projet, a permis à Baxter de lier deux mondes où elle vit — le New York libéral et artistique avec le sud pro-armes. S’étant toujours intéressée aux domaines du genre et de l’identité, elle a pris cette nouvelle expérience comme une opportunité d’explorer les relations entre la culture américaine des armes à feu et la masculinité. Ses créations en peluche cherchent à lancer le débat. « Vous devez aussi comprendre d’où les gens viennent quand vous vous intéressez au débat des armes. Lois de régularisation des armes paraît inutile pour un fermier dans le Montana mais logique à New-Yorkais. »

Au fur et à mesure de la popularité de son projet, Baxter remarque que les questions soulevées par l’intersection du genre et des armes l’amènent à creuser dans ce sens. Elle s’intéresse plus particulièrement à la place croissante des femmes dans la culture des armes à feu. Baxter ajoute : « Il y a de plus en plus de femmes qui achètent des armes, qui vont s’entraîner à tirer et qui en portent sur elles. »

Gunday Munday, tiré d'une série en cours sur les flingues et leurs origines. Photo : Josh Simpson

« Natalie Baxter : OK-47 » est à voir jusqu'au 23 avril 2016 à l'Institute 193. Cliquez ici pour plus d'infos.