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Sexe

Souvenirs de ma vie d’ado : baiser sous coke

Parfois, quand j’ai une bite au fond de moi, je ne peux pas m’empêcher de penser à ma famille.

Parfois, quand j’ai une bite au fond de moi, je ne peux pas m’empêcher de penser à ma famille. Je sais que ça peut paraître totalement glauque, mais je n’y pense pas de façon incestueuse. Mon père ne m'a jamais violée ou autre ; il ne m’a jamais touchée de façon déplacée. Si je devais m’analyser, ce que je fais constamment puisque mes deux parents sont psy, je dirais qu’ils symbolisent mes remords, et que, pour une raison idiote qui m’échappe, je me sens coupable.

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Comme la fois où, au Flow, j’ai couché avec un gars, dans les toilettes, qui m’a dit être le guitariste de ______, et je pense que je l’ai cru parce qu’à l’époque, c’était super difficile d’entrer au Flow le dimanche, avec tous ces joueurs de la NBA qui se bousculaient dans le carré VIP, et que du coup il devait être un minimum important pour avoir le droit d’entrer là.

En fait, pour être tout à fait honnête, je ne serais pas foutue de vous citer une seule chanson des ______, mais tant pis, on s’en fout. Bref, j’étais aux chiottes en train de m'envoyer en l'air avec le gars qui disait faire partie de ______, mais qui n’en faisait certainement pas partie, pendant que l’ouvreur, qui savait exactement ce qui se passait, se tapait des barres avec d’autres mecs devant les pissotières, et d’ailleurs je n’utilisais pas de capote parce qu’il est rare que je sois assez nette pour en utiliser, et là, j’ai pensé à mon père. Genre : « Qu’est-ce qu’il penserait s’il connaissait cette facette de ma personnalité ? »

C’est pas que je ne déteste pas mon père : en vrai, je le hais. À tel point que je suis partie en pension pour ne plus voir sa gueule tous les jours. Mais bon. En fait, ça n’a pas d’importance. C’est juste des pensées chelou qui me traversent.

Retour dans le temps, en 2002 : mon prénom est Cat. J’ai 19 ans, et vous, vous avez l’âge que vous aviez il y a dix ans.

Au moment où je vous parle, il est 5 heures du matin et je me fais tringler par un graffeur qu’on appellera Mikey dans un appartement du centre-ville de Manhattan. J’essaie pas de vous choquer ou quoi : je relate des faits. Il me prend par derrière, les mains sur mes hanches, et mes fesses claquent contre son ventre alors qu’il me file des coups de reins et me fait aller d’avant en arrière, mon visage à moitié écrasé contre un oreiller. Je dessaoule un peu de tout le champagne, la vodka-pomme et la coke que j’ai engloutis, mais Mikey n’arrête pas de me mettre des petites traces sous le nez et je suis de nouveau défoncée, encore et toujours. J’ai la bouche sèche et amère et la même migraine que tous les soirs, comme si l’avant de ma tête était gonflé. Je suis donc pas vraiment à fond dedans. Mikey émet des sortes de grognements et quand je balaie du regard mon appartement de la Cinquième rue – et même si je m’écœure moi-même en pensant à ça –, je pense à tout l’argent que mes parents dépensent en loyer, en frais d’inscription à l’université, tout ça parce qu’ils ne veulent pas que je vive dans un quartier chaud où j’aurais à prendre les transports en commun tard dans la nuit, ou un taxi dont le chauffeur pourrait me violer, me braquer toutes mes affaires et m’abandonner sur un quelconque trottoir à Baybridge, à moitié morte, à moitié nue.
Donc me voilà, en train de me faire troncher par ce petit Blanc qui a grandi dans l’Upper East Side mais qui parle comme un Noir, et qui a fait un petit séjour à Rikers, un fois, pour avoir éclaté une bouteille en verre sur la tête d’un joueur de la NHL au chaos (Sérieux ? Putain. Même SportsCenter en a parlé.)

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Et ce soir, ou techniquement ce dimanche matin, j’ai des souvenirs qui me viennent, de quand j’étais petite, quand j’avais, quoi, 9 ans – et je vous jure que c’est le pire truc qui puisse vous arriver quand vous vous faites mal défoncer la moule par un gars bourré à la vodka-redbull gratos et qui n’a été sympa que dans le fond du Suede, là où il y a plein de monde et où on est serrés comme des sardines. Mais je peux pas m’empêcher d’y penser. Je pense à quand j’étais petite et que, chaque week-end, mon père m’emmenait voir tous les musées du Smithsonian pour que je sois cultivée et sensible à l’art toute ma vie. Un truc dont je suis assez fière, d’ailleurs.

Et c’est tellement dégueu, vous savez, de penser à son père quand on fait la bête à deux dos, mais genre c’est arrivé une fois, et ensuite tellement de fois après ça, et à chaque fois je me dis : « Ne pense pas à ton père», ce qui, forcément, m’oblige à y penser vu que j’essaie de ne pas y penser.

Bref, c’est des choses comme ça qui m’arrivent – ces réminiscences étranges qui me viennent quand j’ai des rapports sexuels, je sais qu’ils sont dégradants, mais en même temps un peu normaux, typiques, vous voyez ? Évidemment je suis féministe, mais pas du genre à détester les hommes, même si c’est vrai, ce sont souvent des putains d’enculés. Voilà, je pense à ça, et je me dis que je regrette d’avoir tapé de la coke à cette soirée au Pangaea.

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Ça me cause des grosses, grosses, grosses descentes, parce que de sales sentiments m'envahissent et que la coke m’a totalement déshydratée. Et en plus, comme souvent dans ces cas-là, je ne mouille pas suffisamment, mais Mikey insiste pour cracher sur ses mains et frotter mon clito avec son crachat à plusieurs reprises, comme pour me lubrifier, ce qui peut aider, mais au final, c’est surtout hyper dégueu. Quasiment tous les mecs avec qui j’ai couché ont, à un moment ou à un autre, eu recours à cette parade.

Parfois, les mecs sont tellement cons – comme quand, en club, ils vous pressent d’avancer vers ces putains de chiottes en poussant de leurs mains sur votre cul, et puis vous font taper trace sur trace ; par là je veux dire qu’ils insistent – surtout s’ils sont du genre Eurotrash, pas que je taperais des traces avec un gars qui a un accent grec, plutôt crever, non, en vrai je ne sors qu’avec des types qui ont grandi à New York. Et ouais, les filles sont vraiment connes pour ça, parce que ben ouais les filles, la coke, ça rend dépendant. Même si je prends tellement d’Adderall que je crois que je sens même pas l’effet de la coke, ah ah !

Bref, vous suivez un gars jusque chez lui, dans Vesey Street ou autre, qu’importe, et quand vient l’heure de s’emboîter, il est parfaitement mou, et il essaie de forcer son pathétique bout de truc qu’on pourrait à peine qualifier de pénis à l’intérieur de vous, et vu que ça ne marche pas, il vous fait : « Branle-toi, tu mouilles pas assez. » Comme si son impuissance précoce était de votre faute. Et il réessaie, il vous dit : « Mets-toi sur le dessus », même si c’est un coup lamentable et qu’en quarante minutes, tout ce que vous avez ressenti comme sensation, c’est une légère brûlure au niveau du vagin, et que s’il bande à peine il vous a quand même demandé deux fois s’il pouvait vous l’enfiler dans le cul, et le soleil se lève et ses rayons filtrent à travers ces putains de persiennes détraquées, et vous êtes grave en descente à cause de toutes les drogues que vous avez cru bon de prendre, et vous voyez son coloc des New Jersey Net se lever pour aller pisser, et c’est à peu près à ce moment que vous vous demandez dans une de ces phases de lucidité accrue, si le monde peut devenir encore plus moche qu’il ne l’est à cet instant précis.

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Je n’ai jamais vraiment pris de plaisir au pieu, à part avec un mec – un seul. L’année dernière, j’avais 18 ans et un presque-copain qui se montrait vraiment gentil avec moi. Il faisait partie de la famille Kennedy, mais c’était pas un des cousins célèbres dont tout le monde a entendu parler ; je crois que sa mère était anglaise, un truc dans le genre, et qu’elle venait de mourir. Il vivait dans l’Upper East Side et avait hérité du chien de sa mère, un Cavalier King Charles, ou un épagneul King Charles, bref, et les deux – l’homme et le chien – étaient super gentils avec moi. On passait du bon temps. Et en plus, il était intelligent ; il était étudiant à Yale. Mais j’ai tout fait foirer en le trompant avec _____ que j’avais rencontré au Pravda, dans le quartier de Soho. Ses parents habitaient un superbe duplex juste à côté de la boutique Missoni, dans Madison Avenue. L’appartement était entièrement décoré avec des trucs couleur crème, comme dans un hôtel, et en une semaine, on a fait l’amour huit fois dans leur chambre à coucher sous un (horrible) tableau de Chagall. On a même regardé deux saisons entières des Sopranos en DVD.

Après ça, ____ n’a plus jamais répondu à mes appels. J’ai fini par dire à Kennedy ce qui s’était passé, et logiquement, il m’a larguée. Je lui ai envoyé quelques textos auxquels il n’a jamais répondu. J’ai été triste un bon bout de temps. Certes, je continuais à sortir, mais en journée j’étais déglinguée, une vraie boulimique. Tout ce que j’étais capable de faire, c’était de regarder Sex and the City, parfois plusieurs fois le même épisode, de sécher les cours et de vomir des trucs typiques, genre des donuts, de la crème glacée et du Gatorade. Parfois je suis tellement un cliché de la fille déprimée que c’est même plus risible. Et c’est le cas de la plupart des filles que je connais, même si elles ne l’admettront jamais.

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Bref, Mikey va bientôt éjaculer, voilà, maintenant c’est le meilleur moment : quand ça se termine. Non, attendez : pour de vrai, j’adore le moment où je me déshabille pour la première fois devant un garçon ; je porte toujours des dessous sexy, un soutien-gorge en dentelles noir, et qu’importe à quel point le gars a été odieux avec moi toute la soirée – comme cette nuit au Veruka ; ah nan, en fait, je veux même pas en parler –, lorsqu’on rentre et que je fais mon strip, le visage du type qui va me serrer s’adoucit automatiquement.

Ce soir-là, Mikey était assis sur le lit et j’étais debout, et quand j’ai enlevé mon débardeur, il m’a attrapé par les hanches pour me rapprocher de lui, afin de m’embrasser le ventre et de décrocher mon soutien-gorge. Ouais, le début est bien meilleur que la fin. « Je vais éjaculer », grogne-t-il à présent, accélérant la cadence jusqu’à atteindre un rythme autiste. Je lâche quelques cris façon porn pour le finir, il sort sa queue et éjacule sur tout mon dos, il étale les gouttes sur ma peau comme de la pâte à pancakes sur une poêle, et je me lève rapidement, je vais dans la salle de bains et je lui emprunte sa serviette pour essuyer tout ça.

Mes mains tremblent, j’ai la bouche sèche, j’ai l’impression d’avoir mâché de l’aspirine, du coup je fais couler l’eau, je mets mes mains en coupe, et je bois.

Après, je lève la tête pour me contempler dans le miroir, l’espace d’une minute. C’est toujours très étrange de se regarder défoncée dans le miroir, ou, pire, quand on est en descente. La tête en vrac, en amorce de descente, comme la gamine quand je suis le matin au réveil. Je me vois comme me verrait un étranger, ou comme je pourrais me voir dans ce miroir magique d’une vitrine d’East First Street.

On dirait que mes pommettes ressortent plus que d’habitude. J’ai la forte mâchoire de mon père, la petite bouche de sa mère et de grands yeux. Mais c’est insensé d’être aussi fatiguée et de ressentir un tel sentiment de dissociation. Du coup, je retourne dans la chambre et j’observe Mikey sans amour, alors qu’il s’allume une Camel, qu’il inhale et exhale des volutes de fumée, et le jeu des rayons de soleil à travers les persiennes pendant qu’il fouille la pièce à la recherche de son caleçon et de son tee-shirt.