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VICE Fashion Week

Les Fashion awards du rock français à travers l'espace et le temps

Il existe trois domaines dans lesquels les français ont largement fait état de leur incapacité : le rock, la sape et les remises de prix.

Il existe trois domaines dans lesquels les français ont largement fait état de leur incapacité : le rock, la sape et les remises de prix. OK, on a une scène musicale totalement dingue depuis au moins 4 ans et je suis le premier à vous les briser quotidiennement avec ça, mais il s'agit juste d'un début de rémission, ne croyez pas que les métastases de merde noire que Téléphone a semé tout au long de ces 30 dernières années aient été résorbés, loin de là.

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Bien sûr, pour les fringues, on a Christophe Lemaire chez Hermès, Kris Van Assche chez Dior, et même Raphaëlle H'Limi chez RHC, mais franchement, notre quotidien est surtout peuplé de Ludovic mis comme des huguenots et des misères de Sandrine en Ugg à clous. Et pour le reste, il y a les Césars et les Victoires de la Musique, ce qui, il me semble, me dispense de tout développement.

Alors, maintenant, le truc, si vous le voulez bien, c'est d'accepter qu'il puisse être possible, l'espace de quelques instants, de réunir ces trois éléments pour récompenser de manière juste et sensée le style et l'audace d'une quinzaine de mecs du rock français présent, passé et futur, et d'emballer ça de manière à ce que vous restiez à peu près éveillé jusqu'à la conclusion. Je suis tout à fait conscient du défi que ça représente. Mais on va le faire quand même, OK ? OK.

PRIX JEAN MARAIS : DANNY BOY ET SES PÉNITENTS

Les années 1960 c'est 1.des gens capable de caser plus de mélodies dans une phrase que tu en trouveras dans toute la discographie de The XX ; 2.des types qui ont raté quatre fois leur certificat d'études mais qui articulent tellement bien que tu entends les virgules quand ils parlent, et 3. des images de vie quotidienne qu'on croirait torchées à la vite sur CS4 tellement elles sont saturées en couleurs. C'est dans ce contexte qu'apparaissent Danny Boy et ses Pénitents, orchestre mené par Claude Piron, qui est, techniquement, le premier mec à avoir fait du rock en France.

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Force de frappe visuelle : Maximale. Je veux dire, regardez cette photo. C'est comme balancer Jarvis Cocker et Bernard Tapie devant un Trabendo bondé pour une reprise de « Passe Passe Le Oinj » avec les Mummies en back-up band. Qui ne vendrait pas sa mère pour voir ça ?

Taux d'attrait global : 45%. On parle tout de même de trois types en cagoule et d'un mec qui ressemble à un jeune espoir du porno niçois. Je ne suis pas certain qu'une soirée avec ce genre d'individus représente une plus-value sur votre vie nocturne, aussi merdique soit-elle.

PRIX MICHEL SIMON : MAGMA

Ces mecs faisaient du « Zeuhl », ce qui, dans les faits, se résumait à un genre de prog-rock super pété, avec une espèce de chorale fantôme qui planait au dessus de chaque morceau comme un pressentiment ancien, et explosait de temps à autres dans un fracas mélodique terminal. Accessoirement, le groupe le plus important du genre en France, il faut bien le dire.

Force de frappe visuelle: Maximale. Sérieux, on dirait un commando-suicide bourré d'analeptiques prêt à tomber sur une nation de gros-culs à l'agonie.

Taux d'attrait global: 25%. Vous l'aurez sans doute remarqué, ces personnes connaissent la planète des morts de première main et, quoi que tu acceptes de faire avec eux, ils finiront par vous y entraîner, de gré ou de force.

PRIX RICHARD BOHRINGER : ANGE

Eh bien, ces mecs s'appelaient Ange, venaient de Franche-Comté et, ma foi, se saborder aussi brutalement dès la première ligne de son CV mérite un minimum de respect. Techniquement, c'était juste un autre groupe prog-rock français des années 1970.

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Force de frappe visuelle : Très faible. Hormis le type à droite qui ressemble un peu à Nino Ferrer bourré de retour d’une soirée costumée sur le thème « Aerosmith à travers les âges », il semble clair que les trois types du milieu ont violé un ou plusieurs enfants dans un Trafic de location le long des côtes Bretonnes, et je suis à peu près certain d'avoir vu le bonhomme de gauche sonner un après-midi chez mes parents pour leur apporter une cagette pleine de légumes du jardin.

Taux d'attrait global : 3%. Deux de ces types portent des chemises ouvertes. Croyez-moi, traîner avec des gens en chemise ouverte, quelque soit leur sexe et leur appartenance sociale, est une source d'ennuis garantie.

PRIX JEAN ROCHEFORT : LES OLIVENSTEINS

Le meilleur groupe proto-punk français. « Fier de ne rien faire » fait partie des deux ou trois meilleurs morceaux jamais enregistrés en langue française, à l'aise.

Force de frappe visuelle  : Maximale. À première vue, on dirait des pingouins de Janson De Sailly qui veulent jouer les matadors. Mais si vous regardez-bien, vous noterez qu'ils sont clairement trop vieux pour être à Janson De Sailly. La vérité, l’atroce vérité, c’est que ces mecs étaient les sultans du RMI et n'étaient là que pour piner vos meufs quand vous étiez trop occupé à réviser votre bac blanc durant les chaleurs du troisième trimestre.

Taux d'attrait global : 100%. Mec, si à 25 ans tu n'as pas eu ta place au moins quelques instants parmi une telle brochette de cadors, je peux te certifier que ta vie sera une douche à merde permanente.

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PRIX JEAN-PIERRE MARIELLE : MÉTAL URBAIN

Tout ce que vous devez savoir sur le punk, en France et ailleurs, est concentré à son degré le plus pur dans ce que ces quatre types ont été le temps d'un trimestre entre 1976 et 77.

Force de frappe visuelle: Maximale. Les types sont d'authentiques fantômes, tout juste capables de vous détailler des pieds à la tête la bouche ouverte et les yeux allumés d'une lueur sanglante, comme des porcs fixant le soleil.

Taux d'attrait global: 100%, à condition de disparaître en silence après le deuxième single, parce que s'il existe bien un groupe capable de te faire comprendre toute la laideur et l'horreur du mot « reformation », c'est bien Metal Urbain.

PRIX BERNARD GIRAUDEAU BÉRURIER NOIR

Dans les années 1980, tout était carrément plus simple. Aujourd’hui, vous devez gérer les Vénézuéliens qui piquent vos .gifs sur Tumblr sans créditer la source et apprendre à vivre dans la douleur et la haine parce que les bites de 35 centimètres surgissent de votre Google Chrome depuis que vous avez giclé la restriction parentale, alors que nous, en vérité, tout ce qu'on demandait c'était aussi de pouvoir choisir entre Dire Straits et ces mecs qui ressemblaient à la file d'attente d'une ANPE.

Force de frappe visuelle : Maximale. Constatez la façon avec laquelle ils vous regardent droit devant eux sans sourciller. Leur vie est un univers de feu triomphant, ça ne laisse aucun doute.

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Taux d'attrait global : 84%. C'est-à-dire qu'il y a quand même pas mal de downsides à tout ça, notamment accepter que votre vie ressemble à une version de Mad Max 2 dans laquelle Lord Humungus aurait envoyé chier la guerre et le chaos pour monter une troupe de théâtre de rue dont le premier spectacle aurait pour thèmes l'hygiène, la compassion et la vie d'un intermittent clown en métropole.

PRIX CHRISTOPHE LAMBERT : INDOCHINE

En 1983, les filles de ma classe se divisaient en deux groupes : celles qui auraient marché sur le cul si le sol était tapissé de bites de Nicolas Sirkis et les autres.

Force de frappe visuelle : Haute. Même si, pour quelqu'un qui n'a pas grandi à cette époque, il est difficile d'imaginer que qui que ce soit ait pu être attiré sexuellement une seconde sur ces mecs qui semblaient sortis d'une série télé mettant en scène les péripéties de deux jumeaux de la planète Pignole capables de communiquer par télépathie avec des dauphins détectives.

Taux d'attrait global : 74% en 1983, 2% en 2013.

PRIX PATRICK DEWAERE : KID PHARAON

Soyons sérieux deux minutes : s'il y a un truc, un seul, à retenir de cet article c'est que le soleil se lèvera un jour sur une terre où le nom de Kid Pharaon aura été intégralement vengé. Thierry Duvigneau est le mec le plus talentueux, brillant et injustement ignoré que le rock français n'ait jamais connu. Jonathan Richman – à qui on l’a souvent comparé – est une merde finie à côté de ce type. Une merde finie.

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Force de frappe visuelle : Haute. Depuis 1986, quoiqu'il fasse à ses cheveux ou à ses fringues, le mec ressemble à une lesbienne de 22 ans, ce qui est à la fois hyper déroutant et atrocement cool.

Taux d'attrait global : 100%. C'est pas compliqué, il y a Ennio Morricone, Larry David et lui. Génie pur, je vous dis.

PRIX VICTOR LANOUX : ex-aequo NOIR DESIR / MANO NEGRA

Je me fous de savoir ce que ces groupes ont fait et représenté pour la France et ses étudiants de deuxième cycle. Tout ce que je sais, c'est que ce sont les types qui ont popularisé le port du t-shirt à capuche, et rien que pour ça, ils doivent payer.

Force de frappe visuelle : Faible. Reconnaissons toutefois que, dans un contexte de pause-déjeuner dans une nouvelle boîte où vous seriez de passage en intérim, Noir Désir seraient le genre mecs à qui vous pourriez taxer une clope et sympathiser vite fait, et que, dans un contexte d'abandon à la naissance, de handicap léger et d'années d'errance à travers les routes départementales, la Mano Negra seraient le genre de mecs à faire partie d'une troupe de cirque ambulant prête à vous recueillir en échange de petits travaux de menuiserie.

Taux d'attrait global : 6% en situation normale. 71% en mission d'intérim. 97% si orphelin de naissance.

PRIX ALAIN DELON : LES THUGS

Le groupe que les États-Unis nous enviaient durant les années noise-core-rub-a-dub. J'avoue, leurs disques sont chiants, mais je persiste à croire que quelqu'un qui ne possède pas au moins un exemplaire de I.A.B.F. mérite de se faire péter une jambe, voire deux.

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Force de frappe visuelle : Notable. Même si, au premier coup d'œil, on a bien affaire à quatre étudiants en lettres, notamment un type avec une veste en cuir modèle Victor Lanoux '79. Mais admettez que vous auriez largement préféré partager votre table au Resto Universitaire avec ces mecs plutôt qu'avec vos potes en pull marine torsadé pour qui les sketches des Nuls représentaient le truc le plus proche du meilleur orgasme qu'ils aient jamais connu.

Taux d'attrait global : 95%. Pas vraiment le genre de gonzes à balancer leurs croupes comme des pouliches du haras de Cordoue, mais enfin, la vie ce n'est pas juste des putes et du Chablis, non ?

PRIX DANIEL AUTEUIL : KAT ONOMA

Kat Onoma fait partie de ces artistes, comme Erik Truffaz ou Radiohead, qui font de la musique pour les gens qui détestent ça. Ils sont de Strasbourg et ont rendu les années 1990 encore un peu plus chiantes qu'elles ne l'étaient déjà.

Force de frappe visuelle : Mitigée. Entendons-nous bien : instinctivement, j'aurais dit « nulle », ne serait-ce qu'à cause du faux-pas impardonnable que représente la présence d'un pull camionneur noir sous un trois-quarts anthracite en laine. Mais si on regarde bien cette photo, il est tout de même intriguant de constater que ce groupe est partagé entre deux écoles radicalement opposées : le casual cool late 70's façon Bijou/Serge Clerc/Jean-Pierre Dionnet et les pages de milieu de catalogue de La Redoute circa 1992, celles avec les fringues noir et blanc à motifs géométriques portées par des types qui avaient l’air de sentir un mélange de Drakkar Noir et de voiture neuve.

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Taux d'attrait global : 2%, mais ça peut monter à 67% si vous êtes sociologue ou prof de maths.

PRIX JEAN-PIERRE LÉAUD : DIABOLOGUM

Vous avez été étudiant entre 1992 et 1997 ? OK, alors vous aurez beau me dire ce que vous voudrez mais vous avez forcément déjà failli chialer au moins une fois en écoutant un de leurs titres. Si vous êtes plus jeune, il est probable que quelqu'un, quelque part, vous ait presque fait pleurer d’ennui à force de vous les briser avec Diabologum. Et il a probablement eu raison.

Force de frappe visuelle : Maximale. Dude, même au premier coup d'œil tu sens que quelque chose cloche et qu'il ne peut pas juste s'agir de supporters de rugby en pause pipi sur le bord de la nationale, tu saisis ?

Taux d'attrait global : 100%. Vous pouvez être sûr que le mec de gauche sera toujours prêt à vous dépanner d'une barrette et d'une bonne astuce pour passer un trick, que les deux du milieu seront là pour distribuer des marrons dès que ça chauffera pour votre cul (d'autant plus que le deuxième ressemble franchement à Henry Rollins) et que celui de droite sera suffisamment safe pour vous prêter de la thune quand vous serez interdit bancaire et vous piquer votre meuf juste après. En gros, ces mecs sont vos meilleurs potes. Genre, pour toujours.

PRIX SAMUEL LE BIHAN : DIONYSOS

Je ne sais pas s'il existe en France un groupe plus foncièrement détestable que Dionysos. On dirait un spectacle sons & lumières basé sur le moment où ce gosse de riche avec qui vous étiez en classe en cours élémentaire a pété une série de freezes dans la cour de l'école pendant la kermesse annuelle et où toutes les mères de famille ont fait un cercle autour de lui et se sont mises à taper dans leurs mains en hurlant.

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Force de frappe visuelle : Nulle. On dirait le casting pour les X-Men de Levallois dans « Louis La Brocante contre les X-Men de Levallois ».

Taux d'attrait global : 1%. En fait, j'ai mis 1% en me disant qu'il y avait peut être un truc à sauver, genre un jeu de cordes de guitare, mais maintenant que j'y pense, je ne suis même pas sûr.

PRIX LINO VENTURA : FRUSTRATION

Frustration n'est pas le meilleur groupe français de ces 10 dernières années. Ce serait plutôt Cheveu ou La Chatte, si vous me demandez. Mais Frustration ne serait pas loin derrière. Déjà parce qu'ils vendent plus de disques que Lulu Gainsbourg et Elodie Frégé réunis, sans bénéficier d'un vingtième de leur budget promo. Ensuite parce que c'est un groupe pour lequel j'ai vu des gens prêts à mourir, ce qui n'est pas exactement rien, même à une époque où on monte sur des grues juste parce que les tickets resto sont repassés à 8,20 euros.

Force de frappe visuelle : Maximale. Si la bande à Kruel des BD de Kebra se matérialisait en 2013 pour mettre des patates à la sortie d'un mariage ska à Montrouge, ils auraient exactement cette dégaine-là.

Taux d'attrait global : 91%. C'est à dire que, les mauvais samedis, vous risquez quand même de vous faire péter les dents avec une chaîne de 103, forcément.

PRIX BERNARD-PIERRE DONNADIEU : ex-aequo KICKBACK/dDAMAGE

Vous savez pourquoi les Anglais n'ont rien à battre de Clint Eastwood ? Parce que les Anglais ont Judge Dredd et qu'ils ne voient pas pourquoi ils s'emmerderaient avec un républicain sénile alors qu'ils ont un facho de l'espace qui défonce des traine-savates à coups de crosse depuis 36 ans. Et si les Français faisaient plus attention à ce qu'il se passe autour d'eux musicalement, ils n'auraient certainement rien à faire ni de Clint Eastwood, ni de Judge Dredd, parce qu'ils ont Kickback ET dDamage.

Force de frappe visuelle : Haute. Si j'avais du fric à perdre et la dose d'irresponsabilité qui va avec, je lancerais une marque spécialement adaptée à ce type de mecs, que je pourrais vendre aux distributeurs comme du prêt-à-porter de niche, composé à 80% de kevlar et ciblant exclusivement la sous-division maléfique des skater-dads.

Taux d'attrait global : 89%, à condition d'avoir les nerfs solides et une bonne endurance physique. Ces mecs sont quand même la version adulte du gamin hystérique lanceur de boomerangs dans Mad Max 2. Je sais, ça fait deux fois que je le cite, mais c'est mon film préféré, OK ? OK.