On a interviewé 50 Cent et DJ Drama

Il y a quatre choses que vous devez impérativement savoir avant de lire cette interview de 50 Cent. Premièrement, Get Rich Or Die Trying est un peu l’équivalent de The Chronic pour notre génération, donc même s'il n’a sorti aucun bon morceau depuis, Fifty sera toujours un rappeur majeur dans nos cœurs de jeunes des années 2000. Deuxièmement, 50 Cent est une marque déposée, qui s’occupe de produire des films, manufacturer des écouteurs, gérer une maison de disque, publier des livres, et si je récupérais ne serait-ce qu’une goutte de sa sueur, je pourrais la vendre assez cher sur eBay pour payer mon loyer pendant plusieurs mois. Troisièmement, 50 Cent est un mec un peu bizarre, il ne voit pas les choses comme vous et moi – mais ça va. Et enfin : 50 Cent, à la fin de cette interview, se mettra à tenir des propos un poil misogynes, et c'est tout à fait normal puisque c'est un rappeur.

Si je l’avais repris sur ses propos, il m’aurait ri au nez, ou pire, défoncé la gueule ; j’ai entendu dire qu’un journaliste en avait déjà fait les frais. À part ça, on a pris quelques photos, puis DJ Drama et lui se sont prêtés au jeu de l’interview. On était censé parler de The Lost Tape, leur mixtape commune, mais on s’est retrouvé à évoquer plein d’autres sujets, notamment l'intoxication alimentaire de Fifty.

VICE : Tu étais à l’hôpital ce matin, qu’est-ce qui s’est passé ?

50 Cent : J’étais à Londres l’autre jour. J’ai bouffé un truc qui n’est pas bien passé, et qui m’a fait vomir. J’ai pris l’avion pour rentrer aux États-Unis, mais une fois rentré, j’ai encore vomi. J’ai donc décidé de rester sur Manhattan, parce que je ne me sentais vraiment pas bien. Plus tard dans la nuit, je me suis remis à vomir, pendant trois ou quatre heures, et le matin en me réveillant, avant même d’avoir pu aller chez le médecin, j’ai encore vomi. Je suis donc allé chez le docteur, qui m’a fait passer un check-up, et tout avait l’air OK. Il m’a donné de la Vitamine C et je suis retourné dans les bureaux du label.

Dès mon arrivée je me suis senti mal mais les journalistes étaient déjà là pour les interviews. J’ai décidé que j’allais faire la première, et voir comment ça irait après. J’ai bu pas mal de Gatorade, parce que je m‘inquiétais pour mon niveau d’électrolytes, mais juste après avoir quitté le bureau, j’ai encore vomi. Plus tard, alors que j’allais faire un tour dans mon ancien quartier, tout à coup, j’ai eu un coup de chaud, des sueurs froides, et ma respiration s'est bloquée. On a immédiatement foncé jusqu’à l'hôpital le plus proche. Personne ne savait que j’étais là-bas.

Tu as tweeté une photo de toi, dans ton lit d’hôpital, entouré d'animaux en peluche.

DJ Drama : C’est moi qui lui ai apporté ces peluches.

50 Cent : Je lui ai dit, « T’es con ou quoi ? » Merde, il m’a apporté des putain de peluches.

DJ Drama : Qu’est-ce que je pouvais offrir à 50 Cent dans son lit d’hôpital ? Des peluches, forcément.

50 Cent : Il m’a apporté une girafe en peluche. Bon, c’était gentil.

Ce sera la pochette de la mixtape ? Vous avec des animaux en peluche ?

50 Cent et DJ Drama, ensemble : Non.

Elle ressemble à quoi ?

DJ Drama : Elle est déjà sortie. Elle tue.

Drama, comment tu sélectionnes les morceaux qui figurent sur la mixtape ?

DJ Drama : C’est beaucoup de préparation. Je fais en sorte d’imprimer ma patte sur le projet, d’en faire partie. Je porte aussi une grosse attention au flow de l’artiste. Ça implique beaucoup de travail, des discussions très longues, mais au final on s’en sort toujours. Moi, je ne sais pas écrire des textes. Si je savais, vous entendriez parler de moi.

Tu peux nous faire une rime ou deux, genre, juste pour VICE ?

DJ Drama : Faut payer pour ça.

Bah, j’ai un dollar dans ma poche.

DJ Drama : Ça payera à peine un mot.

[Je sors le dollar de ma poche]

DJ Drama : C’est bon, garde ça pour la prochaine fois.

50 Cent : Moi, je veux ce dollar.

Tu veux vraiment que je te file un dollar ?

50 Cent : Bah ouais.

DJ Drama : C’est comme ça qu’il se fait de la maille.

Quand tu vas te coucher le soir, tu es encore 50 Cent ou tu redeviens Curtis Jackson ?

50 Cent : Les gens ont tendance à oublier que nous sommes avant tout des artistes. On utilise nos propres expériences. Quand j’ai percé, on m’a placé dans une catégorie très réductrice. Juste parce que j’étais ultra-agressif, j’ai été catalogué « gangsta rap ». Depuis, j’ai vendu plus de treize millions de disques. Est-ce que ça veut dire que je suis un artiste pop ? Prends les rappeurs « conscients ». Talib Kweli, Mos Def, Common. Ces mecs essayent de faire passer un message social. Tout le monde s’en fout aujourd’hui. Maintenant, t'as des hipsters qui rappent à propos de se la coller, ou de vendre de la drogue.

DJ Drama : Et boire du sizzurp.

Qu’est ce que tu veux dire ?

50 Cent : Quand ils disent « hipster », pour eux c’est la même chose que « hippie ». Ils reviennent à l’époque du délire « sexe, drogues et rock n’roll ». Ah, ah. Sauf qu'ils n'ont pas de pattes d'eph, mais des skinny jeans. Pour moi, c’est la même chose, sauf que les hipsters portent des jeans plus serrés, parce que [il essaye d’imiter ma voix] le skate, c’est cool. Ils ont tous un joint dans le bec. Ils fument tous la même weed, tu vois.

Quand je suis arrivé, tu étais en train de te foutre de la gueule des chaussures d’un mec. Qu’est-ce qui n'allait pas avec ces pompes ?

50 Cent : Je me foutais juste un peu de sa gueule. Elles étaient vertes, mais un vert qu’on trouve plutôt sur les chaussures pour femmes.

Et sur les pommes.

50 Cent : Ah, c’est pour ça qu’on dit « Vert pomme ». OK, je viens de comprendre.

Quel est ton animal préféré ?

50 Cent : Le guépard. J’aime les félins. Les gros félins. Ce sont les animaux terrestres les plus rapides.

Je me souviens d'ailleurs que DMX disait « T’es soit un chien, soit un chat. » Les chiens sont gentils, les chats sont des salauds.

50 Cent : Les chiens ont un comportement différent. C’est pour ça qu’on dit qu’ils sont les meilleurs amis de l’homme. C’est pareil pour les meufs : elles sont nourries, logées, blanchies, donc si un jour par accident tu lui mets un pain dans la gueule, elle est quand même censée rester avec toi. Rester et fermer sa gueule. C’est mes chiennes, t’es ma chienne, bitch ! [Rires]