Les costumes terrifiants du Kanaval d’Haïti

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Les costumes terrifiants du Kanaval d’Haïti

Tous les ans à la fin du mois de février, les habitants de la ville de Jacmel organisent l’un des kanaval les plus réputés de l’île d’Haïti. Près de 200 000 personnes – des gens du pays comme des étrangers – se retrouvent alors dans cette petite ville...

Tous les ans à la fin du mois de février, les habitants de la ville de Jacmel organisent l’un des kanaval les plus réputés de l’île d’Haïti. Près de 200 000 personnes – des gens du pays comme des étrangers – se retrouvent alors dans cette petite ville de 40 000 habitants pour être témoins de cette fête qui dure le temps d’un week-end, juste avant la semaine du grand carnaval du pays, le kanaval Mardi Gras.

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Jacmel ressemble durant quelques jours à un mélange de carnaval de Rio et d’Apocalypse Now. Comme le veut la tradition – qui remonte au XVIIIe siècle – les Haïtiens passent plusieurs mois à préparer leurs costumes, mélanges de tradition française, africaine, de références socio-politiques difficilement compréhensibles, de vaudou et d'absurde.

Le  principe des personnes masquées est simple : avoir l’air le plus terrifiant possible. L’un des participants m'a expliqué : « Si les madigras [les masqués] sont aussi effrayants, c'est pour qu'ils fassent peur aux enfants et que ceux-ci arrêtent de faire pipi au lit. »

Lors de chaque édition, on retrouve plusieurs personnages récurrents ; le plus connu est le « juif errant », qui fouette des gens. Ensuite, il y a les Chaloskas, aux grandes dents, qui battent des bossus et des femmes enceintes, en référence à l'histoire haïtienne et au tyran Charles Oscar Etienne. Puis, il y a les Zel Matirins [les « ailes Mathurin »], habillés comme des anges de Satan, qui frappent leurs ailes bruyamment et affrontent les anges du Paradis. Ici et là parmi les cortèges, on retrouve également les zombies et les loas, esprits du panthéon vaudou.

Selon moi, les madigras les plus impressionnants sont également les plus basiques : ce sont ces gens couverts de la tête aux pieds d’une pâte noire faite de charbon, de sirop de canne et de cleren, un alcool local artisanal. Ils sont partout – ce sont les gardiens du défilé.

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Lorsque le carnaval s’achève dans la nuit, des groupes font résonner leurs grands cornets de laiton, les kone, tandis que des milliers de personnes courent à leur poursuite ; dans le même temps des chars, équipées d’enceintes, parcourent les rues avec des groupes de rara et de kompa, musiques antillaises traditionnelles.