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Comment l'Europe a exprimé son soutien suite aux attentats de Paris

Au lendemain des attaques terroristes qui ont frappé la capitale, les pays européens ont organisé des manifestations en hommage aux victimes.

Des bouquets de fleurs déposés samedi près du Bataclan. Photo : Matthew Leifheit

Ce vendredi, Paris a fait l'objet d'une série d'attaques terroristes dont le bilan s'élève pour le moment à près de 130 morts. Le pays est toujours sous le choc, et le président François Hollande a déclaré un état d'urgence sur l'ensemble du territoire français.

À travers le monde, les gens se sont rassemblés pour exprimer leur soutien à la France et rendre hommage aux victimes. Nous avons demandé à nos différents bureaux comment leurs pays respectifs s'étaient mobilisés suite à cette tragédie.

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FRANCE

Suite aux attaques du 13 novembre, François Hollande a déclaré l'état d'urgence en France. En conséquence, les manifestations publiques ont été interdites à Paris — ainsi que dans les Hauts-de-Seine, dans le Val-de-Marne et en Seine-Saint-Denis. Comme le précise Le Monde, un arrêté signé par le préfet de police Michel Cadot indique que « cette décision s'explique par le fait que les forces de sécurité intérieure sont mobilisées pour "assurer la sécurisation générale de l'agglomération" et "ne peuvent être distraites de cette mission prioritaire pour assurer la sécurité spécifique des cortèges ou des rassemblements" ».

Samedi 14 novembre, de nombreuses personnes sont venues se recueillir près des lieux ciblés par les attaques. De nombreuses villes se sont mobilisées le même jour – à Lille, la Ligue de Défense des droits de l'Homme a organisé une manifestation place de la République, brièvement interrompue par une quinzaine de militants d'extrême droite appelant à « l'expulsion des islamistes ». Certaines marches de soutien ont été reportées pour des raisons de sécurité, comme celle de Nice. Lundi midi, une minute de silence sera observée à travers tout le pays et les drapeaux seront mis en berne en hommage aux victimes.

Des Allemands rassemblés à la porte de Brandebourg. Photo : Florian Boillot

ALLEMAGNE

Plus de 2 000 personnes se sont rassemblées samedi devant l'ambassade française à Berlin afin de rendre hommage aux victimes à grand renfort de fleurs, de bougies et de posters. À l'intérieur de l'ambassade, le président Joachim Gauck et la chancelière Angela Merkel ont signé un livre de condoléances.

Toute la journée, des gens ont défilé le long de la Pariser Platz (« place de Paris »), voisine de la porte de Brandebourg. À 16h, le début d'une marche de solidarité officielle a marqué l'arrivée d'un plus grand nombre de personnes, incluant de nombreux étudiants français. Un groupe de Français a brandi un poster sur lequel on pouvait lire les mots « Même pas peur ». Au crépuscule, la porte de Brandebourg s'est illuminée aux couleurs du drapeau tricolore.

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Si ce samedi était placé sous le signe du deuil et de la solidarité, quelques personnes y ont vu l'opportunité d'imposer leur agenda politique : un homme arborant une pancarte « Merkel démission » a été écarté de la manifestation par la police. Près des bouquets de fleurs a été déposé un drapeau allemand sur lequel était inscrit le message suivant : « Vous êtes sûrs que l'Islam est synonyme de paix, Merkel et Gauck ? » Un homme a également défilé avec une bannière « Atteint d'islamophobie : peur de l'Islam ». Vers 18h30, sept personnes affiliées au mouvement identitaire ont débarqué, avant d'être chassés par des militants antifascistes.

Des manifestants rassemblés samedi 14 novembre à Trafalgar Square, Londres. Photo : Christopher Bethell

LONDRES

Samedi soir, des milliers de citoyens français et de Londoniens se sont rassemblés à Trafalgar Square. Face à la colonne Nelson, les couleurs de la France ont été projetées sur la National Gallery.

Londres, parfois considérée comme « la sixième ville la plus grande de France », compte une forte communauté française. Un peu plus tôt dans la soirée, des membres de groupes religieux britanniques tels que le Christian Muslim Forum et le Muslim Council of Britain se sont rassemblés, déposant des gerbes de fleurs aux couleurs du drapeau tricolore et des bougies agencées de manière à ce que l'on puisse lire « We Are Paris » (Nous sommes Paris).

Vers 21h, un groupe principalement constitué de jeunes Français s'est mis à chanter l'hymne national sous la pluie, avant de faire une minute de silence en hommage aux victimes. À la fin de la soirée, des centaines de personnes ont formé un cercle autour d'un jeune violoniste – lequel a terminé son concert improvisé en hurlant « Vive la France ! ».

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Des Danois rassemblés près de l'ambassade française, à Copenhague.

DANEMARK

Des centaines de personnes se sont rendues à l'ambassade de France au Danemark afin d'exprimer leur soutien. L'ambassade est située à Kongens Nytor, l'une des places centrales de Copenhague où se trouvaient des policiers lourdement armés. La plupart des bâtiments de la place ont mis les drapeaux danois et français en berne. Les Danois se remettent encore difficilement des attaques terroristes qui ont eu lieu dans leur pays en février dernier. Des personnes de tout âge sont venues faire leur deuil, ainsi que des politiciens tels que le Premier ministre, Lars Løkke Rasmussen. Au fil de la journée, les fleurs et les messages de soutien n'ont cessé de s'accumuler devant l'ambassade.

À l'ambassade française de Bucarest, où les drapeaux ont également été mis en berne.

ROUMANIE

Suite aux attaques, les autorités roumaines ont renforcé leurs mesures de sécurité près des institutions officielles françaises. Des policiers ont été envoyés près de l'ambassade de France à Bucarest, et le trafic a été interrompu dans la rue où se trouve le bâtiment pour une « période indéterminée », selon les forces de sécurité.

Face à l'ambassade, des centaines de Roumains et de Français ont allumé des bougies et amené des fleurs en hommage aux victimes. Un livre de condoléances était également disponible pour les personnes souhaitant exprimer leur soutien. À la fin de la matinée, les pages du livre étaient noircies d'une centaine de messages – la plupart reprenant la devise de la République française.

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Des manifestants à Rome.

ITALIE

Le lendemain des attaques, les réseaux sociaux italiens étaient inondés de messages solidaires. Les unes des journaux étaient majoritairement solennelles, à l'exception du journal d'extrême droite Libero, qui s'est fendu du titre « Salauds islamiques ».

À travers tout le pays, de nombreuses manifestations de soutien ont été annoncées. Dès le matin, des gens sont venus déposer des messages émus à l'ambassade française située à Rome, avec la mention « Je suis Français » ou encore « Aujourd'hui, je suis Parisien ».

Une veillée s'est déroulée dans la capitale, où les mesures de sécurité ont été renforcées. À Milan, les gens se sont rassemblés près du consulat français pour y déposer des fleurs.

Des manifestants à Barcelone. Photo : Cristina Pérez

ESPAGNE

La plus grande manifestation de soutien s'est tenue à Rambla del Raval, une grande avenue de Barcelone. Partout dans la ville, on pouvait constater une forte présence policière. Plus de 500 personnes ont assisté à la manifestation, dont de nombreux Pakistanais (une nationalité très présente dans cette zone de la ville). Durant l'événement, les gens ont appelé à la fin de la violence et scandé des slogans tels que « Nous sommes Paris » et « Arrêtez les bombes ».

« Les attentats de Paris constituent un crime contre l'humanité et nous les condamnons fermement », a déclaré Muhammad Iqbal, l'organisateur de la manifestation et membre du centre islamique Camino de la Paz (« Route pour le paix »). « Il n'y a aucune manière de justifier ces tueries. Nous sommes des victimes, au même titre que toutes ces personnes innocentes. »

Plusieurs représentants d'organisations diverses se sont adressés au public, ainsi que de nombreuses personnes désireuses d'exprimer leur opinion. « Le Coran dit que si l'on tue une personne, on tue toute l'humanité », a crié une femme portant le hijab.

Une demie-heure plus tard, le meeting s'est clôt par une minute de silence et les gens sont partis chacun de leur côté. Après avoir entendu un groupe discuter des attentats, un jeune épicier pakistanais a déclaré : « Ils ne nous représentent pas. Ils n'incarnent pas l'Islam. Ce sont des chiens tout droit sortis de l'Enfer. »