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LE NUMÉRO TROMPE-LA-MORT

Reviews

Si vous achetez ce mix tapageur c’est que vous êtes fan d’electro hip-hop, que vous aimez le graff, les blogs, le graphisme, le Japon, les toyz, que vous portez du streetwear, que vous « allez en club pour danser »

DIRTY FRENCH PSYCHEDELICS

MISSIL

DUCKTAILS

SCRATCH

On pouvait craindre le pire pour l’album de Mala puisque tous les morceaux étaient censés « profiter » des avantages soniques de l’effet de voix le plus pédé qu’ait connu le rap, l’autotune. Mais, comme les Français n’ont jamais su se servir des nouvelles technologies, ils ont utilisé l’objet à des moments débiles et dans des circonstances complètement inédites. Et ont du coup réussi à transformer un album de gangsta rap français loupé en une machine droïde sous contrôle humain prête à décoller dans un ­univers imaginaire peuplé de souverains rasta tyranniques et d’animaux tasspé priant la déesse Lil’ Kim, le regard serein tourné vers La Mecque.

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BASILE POLI

TEKITEK

Mes pelures sont plus belles que vos fruits

Institubes/Stunts

Depuis l’échec de l’album le plus attendu de l’histoire des forums, Tekilatex tente de prouver à ses hardcore fans que son histoire de joie naïve turquoise synthétisée est derrière lui et qu’il peut redevenir le méchant nerd cynique qui faisait sa réputation. Et c’est absolument vrai puisqu’encore maintenant et alors qu’il rappe sur des instrus repêchés en mauvaise qualité sur les multiples réseaux de peer-to-peer, il est plus drôle, écrit mieux et est plus humain que toutes les pipes fréquentant le bain d’hormones et d’ego 2.0 que sont les communautés

online

. Et ça confirme en plus tout ce que l’on pensait depuis le début : TTC, c’est mieux quand c’est triste.

ANDRÉ RAGASSI

Avant qu’Internet existe, les deux mecs de ce groupe au nom nul faisaient partie de Goodie Mob, un excellent crew de rappeurs weedés potes d’Outkast dont personne n’a jamais acheté les disques. Depuis leurs multiples échecs commerciaux, et à mesure que leur consommation de drogues psychédéliques augmentait, ils ont fait subir à leur musique ralentie de

pimps

à plumes de multiples remaniements significatifs. Si bien qu’aujourd’hui, on dirait que ces gens font une sorte de G-funk spoken-wordé dont les influences sont à chercher du côté de George Clinton et des injections de mescaline en intraveineuse. Il se vendra encore moins que leurs précédents albums, avant que des fouilleurs de l’impossible underground ne déterrent, trente ans plus tard, leur incroyable discographie.

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JIMMY MORE HELL

DRAKE

Comeback Season

Mixtape/import

Ce mec est hyper buzzé parce qu’il rappe comme Lil’ Wayne, chante comme Ryan Leslie et se sape comme Kanye. Vous savez comment ça s’appelle ? Un Canadien.

WAYNE’S WORD

SCRATCH

Loss 4 Wordz

Gold Dust Media/EMI

C’est un peu facile de se foutre de la gueule du circuit hip-hop beige pour b-boys nés dans les années 1970, mais quand un membre de The Roots ayant pour nom « Scratch » fait un album de « new hop » avec les membres de Musiq Soulchild, j’ai l’impression que c’est la meilleure blague qu’ait jamais faite un chef de pub de maison de disques depuis la création du « future jazz ».

JIMMY MORE HELL

Je me méfie souvent des collections de morceaux ayant pour unique point ­commun le fait qu’ils appartiennent à la soi-disant « même école » ou pire la « même scène ». On peut y trouver le meilleur comme le pire. Et là je suis plutôt content de chroniquer une compile qui réussit à appartenir à la première catégorie. Les titres sont rares ou inédits, bien que je parie 100$ US qu’on les retrouvera très bientôt sur le worldwide web à l’heure où j’écris ces lignes, s’ils n’y sont pas déjà. C’est la « bande-son d’une nouvelle génération » (dixit le CD). Passons sur ce concept et allons droit au but : cette génération donne de l’excellent comme du passable. À tel point que j’ai du mal à distinguer le très bon (Breakbot, Mondkopf, Discodeine, Château Marmont) du moins réussi (Djedjotronic, Stereohoes, SPA). On y retrouve également des influences à la Jackson, Aphex Twin, Moroder ou bien encore Modeselektor. Mais j’arrête de faire mon malin en citant des références qui plairont à notre lectorat cultivé pour partir sur une note d’espoir sur l’avenir de l’art en France : cette génération ne suce pas tant que ça.

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JIMMY WACK ASS

AUTOKRATZ

Animal

Kitsuné/Cooperative Music

Quand je vois qu’à 22 ans je ne sup­porte absolument plus l’electro orientée ­clubbing à hoodie je me dis que mon plan consistant à me rapprocher progressivement de la normalité la plus complète pour y basculer irrévocablement le jour de mes 30 ans est vraiment bien engagé. Les métiers de la communication ne m’auront pas.

FELIX ATARI

CITIZEN RECORDS PRESENTS

Remixes

Citizen Records/Pias

Je sais pas si c’était une si bonne idée que ça que Donovan s’attelle au « Suck Me Remix » du morceau de Teenage Bad Girl « USB Dick – Plug Me In ».

WAYNE’S WORD

En abordant ce disque, j’étais à deux doigts d’opérer la pire synthèse entre cynisme et mauvaise foi, prêt à jouer avec les lambeaux palpitants de Warp tout en dansant un ballet obscène sur les ruines de l’intelligent dance music, jusqu’à la montée de synthé sentimentale à la fin du premier morceau qui a sonné comme un juste retour à l’ordre. Je remercie cette fulgurante et émouvante mémoire involontaire de m’avoir rappelé que je dois l’essentiel de ma culture musicale à ces interminables trajets de train Paris-banlieue et à mes premiers émois sonores sur les graviers de la cour de mon lycée.

JULIEN CRACK

MISSIL

Mixshake

Discograph

Si vous achetez ce mix tapageur c’est que vous êtes fan d’electro hip-hop, que vous aimez le

graff

, les blogs, le graphisme, le Japon, les toyz, que vous portez du streetwear, que vous « allez en club pour danser »… Enfin bref, c’est que vous avez un QI extrêmement bas et que vous devriez arrêter de lire

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Vice

.

ÉTIENNE ZAHO

SIMIAN MOBILE DISCO

Temporary Pleasure

Wichita/

Cooperative Music/Pias

Quand on est indirectement à l’origine de la naissance médiatique de Justice, qu’on fait la musique électronique la moins chiante (puisque la moins dance) du monde, qu’on est plus Hype Machiné que la tornade Brodinski, qu’on fait des morceaux expérimentaux pour s’amuser avec des mecs baisés comme Jamie Lidell et qu’on ne déplace pas son gros cul pour moins de 5 000 pounds, est-ce que l’on est encore capable de faire des albums qui ne reflètent pas l’esprit trouble de deux gros connards condescendants ? La réponse est non, mais c’est quand même bien.

BASILE POLI

Ce disque est le parfait contre-exemple à lancer à ceux qui prétendent que le métal est une musique de barbares insensibles, vulgaires et républicains. Mais c’est surtout un contre-exemple pour ceux d’entre vous qui pourraient penser que c’est une musique non inventive, amélodique et enkystée dans un amalgame de haine, de riffs répétitifs et de pantalons bien trop larges. Isis c’est tout le contraire de ce que je viens de dire (euh, ptêt pas pour les pantalons).

CHARLES MOREASS

SERVILE SECT

Stratospheric Passenger

Ecstatic Peace/import

Quand j’étais plus jeune, pour les longs trajets en voiture avec mes parents, je mettais un CD afin de faire passer le temps. Évidemment, il y avait à peu près 98,89 % de chances pour que ça soit du rap. Ma mère ne manquait pas de couper la musique au bout d’une minute trente en disant : «

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Ta musique m’énerve

. » Eh bien je ne me suis jamais senti aussi proche du genre féminin et de la petite bourgeoisie conservatrice qu’en écoutant ce disque.

FERDINAND FÉLINE

Les puristes vêtus de noir vont être offusqués de ce que Thurston Moore déclare explicitement aimer le black metal et sorte un disque du genre sur son label. « Un indie-­rockeux gentil qui entre dans le château terrible de la noirceur, cela ne peut donner que dans l’

experimental wack », diront-ils. Bingo, la musique de Servile Sect est une sorte de black metal sans rythme qui s’approche

dangereusement de la noise, du drone ou de l’ambient. Rien à voir avec le théâtralisme bêta et la musique guerrière de nombreux groupes, et c’est tant mieux.

FAB FOUR

S’il y a un truc qui m’énerve autant que la musique inspirée par «la haine», c’est la musique inspirée par l’enthousiasme le plus naïf (pour ne pas dire niais). Il n’y a qu’à voir la pochette de ce disque pour savoir que ces mecs n’ont pas de problèmes, et que l’on va avoir affaire à des instruments de type fan­fare, des mélodies enjouées, du chant à plusieurs voix et des paroles à la con. Malheureusement pour ce groupe, les gens heureux n’ont jamais réussi à faire de la (vraie) bonne musique (je fais une exception pour la chanson « Haunted houses »). Je mets quand même une note plus élevée qu’à Coalesce parce que, contrairement à ces derniers, quelques filles vont aimer.

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FERDINAND FÉLINE

THE LOW ANTHEM

Oh My God, Charlie Darwin

Bella Union/

Cooperative Music

C’est plutôt rassurant de constater que le projet thérapeutique « Ritalin &

Fleet Foxes

  » qui a mobilisé les patients de l’aile Antonin Artaud de Sainte Anne pendant un bon mois a porté ses fruits. Le taux de démission létale est d’ores et déjà en baisse sensible et la pharmacie centrale a constaté une diminution des vols. Il y a fort à parier que le bâtiment Vincent Van Gogh ne restera pas en reste et initiera sa propre initiative « drone sous camisole chimique » dans les semaines à venir.

LADY DE NANTES

FUTURE OF THE LEFT

Travels with Myself and Another

4AD/Beggars

J’arrive pas très bien à déterminer où veulent en venir ces gens du pays de Galles qui font ce que l’on pourrait appeler du « punk gallois » trop produit et absolument inoffensif pour quiconque n’est pas né au pays de Galles. C’est comme si Black Flag et The Killers avaient fusionné ensemble à la sortie d’un pub de Cardiff pour ensuite donner naissance à une seule entité dont le physique évoquerait la silhouette maléfique de Bono. Vous savez ce qu’il vous reste à faire mes frères, il n’est pas trop tard pour tuer l’enfant-Satan.

JIMMY MORE HELL

THE LEMONHEADS

Varshons

Cooking Vinyl/Piasrs

La différence entre le post-punk écossais nourri aux œstrogènes et un week-end de la dernière chance à Étretat avec une petite amie qui est déjà en train de se reconstruire un avenir sans vous est aussi ténue que la différence entre les larmes et les gouttes de pluie.

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MARCO POLIO

OHBIJOU

Beacons

Bella Union/Cooperative Music

Après mûre et douloureuse réflexion, j’aurais peut-être dû mettre mon ego de côté, où il serait allé rejoindre ma cons­cience professionnelle, lorsqu’une copine amusée par mon activité m’a proposé d’é­crire une ou deux chroniques à ma place «

parce que ça doit être amusant

» et pour «

voir si les gens s’en rendent compte

». Parce qu’en plus d’être une opportunité conjointe de mettre la sagacité de mon diabolique rédacteur en chef à l’épreuve et de me libérer du temps pour venir à bout du dernier championnat de Mario Kart qui me résiste encore, cette indécente proposition aurait épargné à mon titubant moral bousculé par le Siècle l’écoute de cette complaisante élégie canadienne où l’abattement le dispute à la culpabilité.

MARCO POLIO

DANIELFRANCIS DOYLE

We Bet Our Money on You

Furniture Records/

Cooperative Music

Les lecteurs les plus fidèles de Vice, qui se précipitent chaque milieu de mois (à peu près) dans nos mystérieux points de distribution et boutiques obscures pour se faire un avis sur des disques qu’ils ont déjà écouté sur Internet auront le droit légitime de se plaindre de l’aridité de la chronique à suivre : « Putain mais j’ai jamais vu ça c’est vraiment de la merde, CASSE-TOI. » C’est vrai que c’est trivial et arbitraire mais il est hors de question que ce connard qui m’a déjà coûté un Doliprane et une irritabilité de moyen terme me rackette encore plus de dix minutes de ma vie. Je préfère garder mes contorsions de langage pour un groupe qui saura rater un disque dignement.

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JULIEN CRACK

Evan Dando est tout ce qu’il y a de plus touchant quand il essaie de nous faire croire dans la bio accompagnant le nouveau disque des Lemonheads que s’ils ont décidé de faire un album de reprises c’est parce que Gibby Haynes des Butthole Surfers lui a fait découvrir plein de morceaux en lui faisant des compiles et que, la musique étant avant tout un grand partage, ils ont décidé de rejouer les meilleurs morceaux de celles-ci afin de les faire découvrir au grand public. Tout le monde sait parfaitement qu’un des plus gros tubes des Lemonheads a été leur reprise de « Mrs. Robinson » et qu’ils n’auraient sans doute jamais réussi à convaincre Liv Tyler de venir avec eux en studio s’ils ne lui avaient proposé de participer à une cover d’un morceau de Leonard Cohen mais cette volonté de paraître

real

jusqu’au bout au point de refuser d’admettre qu’à quarante ans passés il est tout à fait légitime de jouer la carte de la facilité quant il s’agit de mettre à profit sa musique pour assurer sa retraite et serrer un dernier mannequin est un chef d’œuvre de rhétorique que ne manqueront pas de décortiquer les esthètes de la dénégation à la prochaine réunion de l’Internationale de la mauvaise foi (parfois aussi appelée « conférence de rédaction »).

JEAN-PIERRE MARIOLE

D-I-R-T-Y PRESENTS

Dirty French Psychedelics

Dirty/Discograph

Les nerds érudits (les « branchés » !) de chez D-I-R-T-Y sont devenus des sortes d’encyclopédies universelles de toutes les scènes obscures ayant quelque chose à voir avec la pop volante, les cols pelle à tarte et l’histoire secrète de la pilosité. Ce n’est donc pas vraiment un hasard s’ils se sont attelés à regrouper des morceaux strictement français de cette époque ensoleillée où l’on envisageait l’underground comme étant « baba cool » et la crise de l’emploi comme « passagère ». Voici donc treize morceaux drogués d’avant écrits par des stars d’avant (Lavilliers, Nino Ferrer, Christophe), des fous d’avant (Brigitte Fontaine, François De Roubaix) et des chevaux fous d’avant (Cheval Fou). C’est comme si l’on se rendait compte qu’il existait une bonne variété érotico-vrillée avant l’invention de Sébastien Tellier par les magasins American Apparel. Encore une nouvelle bonne raison de porter des chemises. Album du mois.

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JIMMY MORE HELL

AMAZING BABY

Rewild

Shangri-La/

Cooperative Music

Pour l’instant je me suis mis en

maybe attending

au mariage de Fleetwood Mac et Pink Floyd, j’ai un peu peur de me faire chier.

JEAN PAUL GROOVE

DUCKTAILS

Ducktails

NotNotFun/import

Je suis bien embêté pour décrire cet album. Si j’adorais les nouvelles étiquettes je dirais que c’est de la musique tropicale, comme à peu près tous les trucs sur NotNotFun d’ailleurs. En gros, on a affaire à de la pop

cheap

mise en boucle sur laquelle il y a des improvisations d’instruments en tous genres. Certains trouveront ça anecdotique, d’autres génial. Moi, un peu entre les deux.

FAB FOUR