Slayer est le tout premier groupe qui m'ait vraiment fait peur. Préado, je feuilletais les dernières pages des Circus Magazine dans les supermarchés. Le jour où je suis tombé sur leurs pentagrammes mystiques et leur typo stylisée, mon sang s’est glacé. Ado, j’ai plus ou moins été kidnappé par un pote skinhead plus âgé qui avait proposé de me déposer chez mes parents, à Boston. Quand je lui ai demandé pourquoi il avait pris la mauvaise sortie, il m’a annoncé que nous allions voir Slayer à Providence et que si je n’étais pas d’accord je n’avais qu’à sauter par la fenêtre de son pickup pendant qu’il traçait à tombeau ouvert sur la 93 en direction du sud. Une fois sur place, après avoir constaté que toutes les places étaient vendues, on est allés voir Kerry King près de son tour bus pour essayer le convaincre de nous faire rentrer contre six joints. Ça n'a pas marché mais on a réussi à s'incruster au concert. J’y ai vu quelque chose que je serais encore aujourd'hui incapable de décrire. On était confinés au fond de la salle, bousculés et opprimés par la foule en sueur, et le bras d’un métalleux s’est inexplicablement embrasé sous mes yeux alors que résonnaient les premières notes de « South of Heaven ». « South of Heaven » est d'ailleurs une chanson qui n’a rien à voir avec les fêtes de Noël. C’est pourquoi je ne comprends pas l'idée du pull de Noël Slayer.
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Même si on ne prend pas en compte le fait que porter leurs tee-shirts, c'est nul – et ce même si leurs tee-shirts sont bien –, ça ne change rien : ce groupe n'a rien à voir avec Noël.Oui, OK, on peut voir dans ces trois types qui suivent une étoile à la recherche de l’enfant-roi pour lui remettre un bout de shit dans le clip de « Season In The Abyss » une connotation chrétienne, mais le pull de Noël a toujours été un truc de fils opprimés par leur maman protectrice ou d'individus ironiques qui bossent dans la mode. Ces tricots infâmes sont souvent beaucoup trop chauds, en plus de gratter et d'avoir les manches trop longues. Il est difficile d’imaginer dans quelles circonstances un fan de Slayer pourrait porter une telle laine. En revanche, ça ne m’étonnerait pas plus que ça de voir un gosse avec un minipull de Noël Slayer paré d'un de ces casques géants dont on affuble les enfants pendant les concerts, dans les bras de ses punks de parents rongés par l’alcool et empestant la clope.Rappel historique : The Descendents, ce bon vieux groupe de pop-punk californien qui faisait des solos de guitare trop longs a sorti un pull de Noël rétro et faussement ringard l’année dernière. Ce truc s’est vite écoulé sur un marché porteur composé de nerds et de nerds ironiques, ce qui revient au même. Le groupe s’est en effet reconverti en une industrie artisanale rivalisant avec The Grateful Dead. On peut porter au crédit de The Descendents qu'ils restent le meilleur groupe du genre musical qu'ils ont inventé. Donc si quelqu'un veut un pull pour aller avec ses chaussures, chaussettes, sa casquette et son mug, je suppose que c'est OK.
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