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LE NUMÉRO DU CONFLIT MORAL

Livres et DVD

Je ne sais pas pourquoi ce film, qui a reçu un tel succès critique et une reconnaissance publique quasi unanime, a mis tellement de temps à sortir en vidéo vu que c'est

ANIMAL KINGDOM
David Michôd
ARP Je ne sais pas pourquoi ce film, qui a reçu un tel succès critique et une reconnaissance publique quasi unanime, a mis tellement de temps à sortir en vidéo vu que c’est a priori sous cette forme que beaucoup vont pouvoir le découvrir. Je me souviens d’avoir évoqué dans ces pages le polar glacial Frozen River parce que c’est rare de tomber sur un bon polar de nos jours au cinéma, un truc assez viscéral et fiévreux qui te plonge dans un univers crade qui fout un peu mal. La famille de Animal Kingdom donne aussi ce sentiment de te trouver là où tu ne devrais pas. Même si les ficelles sont assez classiques, l’ambiance « bandits consanguins australiens » servie par la magnifique bande originale d’Antony Partos pleine de bandonéon synthétique et ténébreux est posée. RIDLEY SCHIOTT

MARÉE NOCTURNE
Curtis Harrington
Wild Side J’adore ces vieux films de Los Angeles qui donnent un aperçu de la ville telle qu’elle était. Surtout quand ils sont en noir et blanc et qu’on perçoit déjà une lumière particulière qui a signé l’esthétique fluo des années 1980 de Mann et Friedkin et des lumières solaires filmées récemment au 5D. En plus Marée Nocturne met en scène une sirène dans les milieux forains et face à elle, on trouve Dennis Hopper dans l’un de ses premiers rôles – comment puis-je le dire autrement ? Il règne une très bonne ambiance beatnik dans le film et Hopper a l’air d’être tout droit sorti d’Un Chant d’Amour de Genet avec ses cheveux blonds et sa petite tenue de marin. Le clou du film, c’est cette vieille sirène à l’air glauque qui parle un langage de la mer. On dirait la créature du lac Noir qui aurait viré son maquillage pour venir emmerder Simone de Beauvoir si elle avait été une sirène plutôt qu’un putain de castor. TONY SCHIOTT

BAMBI #6
Atsushi Kaneko
IMHO Un jour, quelqu’un dans cette rédaction a décrété que je lisais des livres. Je ne sais pas trop ce qui a pu faire naître cette idée. Peut-être que c’est parce que j’ai un jour offert un des 10 livres que j’ai lus dans ma vie à mon rédacteur en chef. Je ne suis pas particulièrement fier de cet état de fait. Aujourd’hui, la personne responsable de cette chronique littéraire devenue régulière doit s’en mordre les doigts en voyant que j’énumère à peu près tout le catalogue de chez IMHO. J’aurais bien évité de le faire si je ne m’étais pas promis d’évoquer Bambi dans ces pages, et le #6 de Bambi marquant la fin de la série violente, hilarante et super belle d’Atsushi Kaneko (enfin le #0 doit sortir bientôt, mais c’est un prologue), je n’avais pas le choix. Les six volumes de la série forment une belle collection. Non seulement l’histoire est cool et la traduction (chose rare) excellente mais vus de l’extérieur, ces petits bouquins sont parmi les plus beaux que j’aie vus ces dernières années. À cette époque de liseuse et de tablettes à tout va, il est bon de pouvoir se réfugier dans ce qui reste de poussière de ce monde occidental rongé par l’hermétisme et le mépris de son prochain, j’ai nommé : le papier. CHANTAL TROMASS

THE BIG BOOK OF PUSSY
Dian Hanson
Taschen Avant qu’il passe en 3D super convaincante, le Big Book of Breasts de Taschen ne me plaisait pas tant que ça. D’abord parce que j’aime plutôt les petits seins et qu’un livre de seins, je trouvais ça sans intérêt. Ils ont ensuite sorti les culs, les bites et les jambes en passant à côté de l’essentiel. Je restais accroché à l’idée qu’ils gardaient le meilleur pour la fin et heureusement je ne me trompais pas, puisque voilà enfin le Big Book of Pussy. Un livre plein de chattes, pour dire les choses crûment. Quand on me demandait ce que je regardais en premier chez une femme, à une époque pour faire comme les grands dandies esthètes merdeux je répondais les mains parce que je n’avais aucune idée de ce que je regardais en premier chez une femme et que son cul ou ses seins ne me semblaient pas être une évidence si juste. Maintenant je le sais. Ce sont les sourcils. Ils m’évoquent de manière assez primaire des toisons fantasmatiques qui alliées aux aisselles et à l’enroulement des doigts de la femme en question figurent parfaitement l’idée de la pornographie que je me fais d’elle. Trois éléments qui convergent invariablement vers la chatte, le truc que, plus je vieillis et plus je suis affirmatif à ce sujet, je préfère au monde. JACQUES LACRAMPE