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Pour la science, la NASA va mettre le feu à un vaisseau spatial en orbite

La prochaine expérience de l'agence spatiale américaine consistera à provoquer un incendie dans une capsule de ravitaillement en orbite.

Pas besoin d'être un éminent chercheur de la Nasa pour comprendre que l'association d'un incendie et d'un vaisseau spatial en orbite est généralement synonyme de plateau de tournage de film-catastrophe dans lequel on aurait toutes les chances de croiser Matt Damon dans une situation désespérée. Pourtant, la prestigieuse agence spatiale a annoncé le 15 mars que sa prochaine expérience, nommé Saffire-I (pour Spacecraft Fire Experiment-I) et prévue la semaine prochaine, consistera à démarrer un « large foyer » d'incendie à l'intérieur d'une capsule de ravitaillement de l'ISS, une fois sa mission initiale terminée.

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Pour réaliser ses fantasmes pyromanes, l'agence sacrifiera une capsule Cygnus, produite par Orbital ATK, dans laquelle elle placera une boîte scellée contenant une bande de coton et de fibre de verre d'un mètre de long sur quarante centimètres de large. Une fois la capsule à bonne distance de l'ISS, dans laquelle se trouvent actuellement six hommes et femmes, un technicien de la Nasa appuiera probablement avec une excitation enfantine sur un énorme bouton rouge couvert de signes d'avertissement pour déclencher la combustion. 400 kilomètres plus haut, le show pyrotechnique commencera. Tandis que l'habitacle de la capsule subira (probablement) de terribles dommages, deux caméras filmeront l'incendie et des capteurs mesureront la chaleur, le taux d'oxygène et le taux de dioxyde de carbone en temps réel. Selon Gary Ruff, l'un des responsables de l'expérience, le feu pourrait ne durer que « 15 à 20 minutes. » Si la capsule survit au brasier, Orbital ATK en reprendra ensuite le contrôle et, huit jours plus tard, la fera revenir sur Terre. Une fois les données analysées, la Nasa a déjà prévu de répéter l'opération avec au moins deux autres capsules.

En 1997, Mir avait déjà pris feu

« Comprendre le comportement du feu dans l'espace a été le but de nombreuses expériences par le passé », a développé Gary Ruff lors de la présentation du projet. Mais si la Nasa a déjà allumé de petits foyers d'environ dix centimètres carrés (pour mieux les éteindre ensuite), lors des missions FLEX, c'est la première fois qu'un vaisseau spatial risquera réellement de prendre feu et qu'elle laissera faire. Est-ce vraiment nécessaire ? « Pour bien comprendre le feu, il faut l'étudier à une taille plus réaliste », a justifié l'ingénieur. Comme l'explique le descriptif de la mission, la combustion en microgravité, dans une atmosphère par ailleurs similaire en pression et en composition à celle sur Terre, est quelque chose que l'on connaît encore très mal. Et qui ne ressemble d'ailleurs en rien à la flamme d'une cheminée, mais plutôt à une sorte de kaméhaméha bleuté qui brûle dans toutes les directions, 100 fois moins vite, à des températures plus basses et avec moins d'oxygène que sur Terre.

Si l'intérêt scientifique est évident, l'objectif prioritaire de cette expérience est avant tout, on s'en doute, d'améliorer la sécurité des équipages vivant à bord des vaisseaux spatiaux, en développant des systèmes d'alerte plus efficaces et en adaptant les design et matériaux des futurs habitacles. Pour le moment, explique l'agence, « le manque de données expérimentales oblige les constructeurs de vaisseaux spatiaux à baser leurs designs sur des feux terrestres. » Si la Nasa fait remarquer que « cette approche a pour le moment été fructueuse », les incendies sont une sérieuse menace pour les missions spatiales : la dernière fois qu'un vaisseau a flambé en orbite, c'était la station Mir, le 23 février 1997. Il y avait alors quatre astronautes à bord. Le foyer, alimenté par une petite fuite d'oxygène pur, fut contenu en 90 secondes, du moins selon les versions officielles russes et américaines de l'époque. Selon Jerry Linenger, présent à bord de la station à ce moment-là, un « chalumeau intense » brûla pendant quatorze interminables minutes dans l'habitacle.