On s'est fait une pizza et c'est reparti

C'est assez affolant de voir à quel point le terme garage-punk s'est répandu ces dix dernières années, jusqu’à devenir un mot-valise pour parler de groupes de mecs qui essayent de copier les Black Lips. Beaucoup de ces groupes ne sont en réalité que de lointains héritiers du punk-rock. Et si on examine plus avant le genre, on s’aperçoit que les thèmes récurrents tournent souvent autour de la frustration, la dépression, la violence – on pense par exemple à des types comme Johnny Rotten lorsque ses couilles sont enfin apparues et qu'il a monté Public Image avec Jah Wobble. De nos jours, aucun groupe de punkers ne semble mieux appliquer cette règle que les Personal and the Pizzas – le fun en plus. The Spits font peut-être mieux – les pizzas en moins.

Les Personal and the Pizzas sont de ceux qui aiment la graisse dans les cheveux et l'accent du New Jersey. Ils n'ont retenu que le meilleur de ce bout d'Amérique – c'est à dire la pizza pepperoni et la lager bon marché. Mais n'allez pas penser que ces types ne sont qu'une bande de connards libidineux sortis d'un cauchemar à la Jersey Shore. Ces mecs-là n'aspirent ni au succès ni à la gloire : tout ce qu'ils veulent, c'est fourrer de la babe et se la coller. En dépit des 6 000 kilomètres qui séparent Paris de New York, on peut sentir l'odeur fétide de la Bud dans leurs réponses. On a d'ailleurs dû s’y reprendre à deux fois pour l’interview, pour que ça ait un peu de sens. D’autant que même si on a adoré leur dernier LP sorti sur Oops Baby records, on s’est interdit de parler musique avec eux, parce qu’on trouve qu’il n’y a rien de plus chiant qu’un musicien qui parle de musique.

VICE : Vous vous démarquez pas mal d'autres groupes « garage » actuels. Vous êtes vraiment à la hauteur des thèmes abordés dans vos chansons ?
Nikki Carwash : Quels groupes ? Le truc c'est que si on avait plus meufs avec nous, là pour le coup on aurait vraiment l'air différents de tous les autres, et nos paroles aussi.

OK, du coup ça fait quoi de manger de la pizza 24h/24 ?
Nikki Carwash : Mec, je me rappelle une fois où on s'est fait arrêter – genre état d'ébriété sur la voie publique –, quand on est sortis le lendemain, on s'est fait une pizza, c'était le paradis et c’est reparti. C'est un peu ça notre vie. Ça n'apporte pas que des ennuis. Ou peut-être que oui, mais c'est génial.

C’est quoi votre pizza préférée ?
Wheels Capone : Hein ?Euh, je dirais toutes. Tu pensais à quoi ?

Je sais pas, peperonni peut-être ? Vous flippez pas de prendre trop de bide ? Je me disais que vous pourriez être de bons clients pour le programme anti-obésité de Michelle Obama.
Nikki Carwash : Michael Obama, c'est qui ça ? Non, plus sérieusement, on s'en fout un peu de ça. C’est quoi l'intérêt de se soucier de ce genre de conneries ?

Aucun, c'est vrai. Mais vous traînez où la plupart du temps ? Un garage rempli de cheddar fondu à Jersey ?
Wheels Capone : Un peu partout, mais la plupart du temps on traîne ensemble. Une fois on était posés et tout le monde s'est mis à gueuler : « Hé ! C'est à qui ce cuir là ? C'est le mien ou quoi ? Nan mec, ça c'est le mien. Euh attends, nan ça c'est le mien. Putain et c'est à qui ce fute ? C'est le mien, mec ! Ouais je veux bien mais ce perf', là, c'est à qui ? » et ainsi de suite. C'est cool.

Ça doit être pratique pour les meufs… Votre mode de vie vous aide-t-il à serrer ?
Dino Dimartino : Mec, je me disais que se la péter dans une Plymouth Barracuda serait un gros plus pour nous et pour les meufs.

Ça ne vous dirait pas de devenir des « vrais punks », genre politisés à crête rose et Docs ?
Personal : Franchement on s'en cogne, les punks d'aujourd'hui c'est rien que des casse-couilles peinturlurés qui passent leur temps à se plaindre. On n’en a vraiment rien à foutre de tous ces trucs politiques.

Je déconne, je vous voyais plus comme un groupe de killed-by-death moderne.
Nikki Carwash : Mec tu divagues, là. On parle pas de musique dans cette interview.

Ah ouais pardon, je sens que vous essayez de revenir aux origines du punk-rock, genre un gros cross-over entre les Ramones, les Dictators et les Stooges.
Dino Dimartino : Honnêtement, je dirais simplement que Mötley Crüe, ça craint. Donc oui.

Vous avez monté une Pizza Army, faut faire quoi pour s'enrôler ?
Rungo : Écoutez notre musique, mangez de la pizza jusqu'à vomir sur vos pompes, buvez beaucoup de bière. Je fais de la batterie dans le groupe et c'est moi qui m'occupe de ça. Faudra passer le test de Rungo pour pouvoir nous rejoindre.

Ah ? Et en quoi ça consiste ?
Rungo : Gueuler bourré : « RUNGO PLAY DRUMS!!!!!!!! ME PLAY DRUMS!!!!!!!! VERY GOOD!!!! I LIKE DRUMS!!!!!!! ME CALLED RUNGO!!!!!!! »

Ça vous fait quoi d'être interviewés par de misérables Français ?
Gary with a circle around the A : Chez nous, on vous appelle les Cheese eating surrending monkeys et pour tout vous dire, je trouve que les singes c'est plutôt mignon. Donc peut-être qu'un jour, au lieu de se faire des meufs, on se tapera des chimpanzés.

En France on a la meilleure bouffe du monde, c'est un fait… On se disait qu'il faudrait que vous passiez au fromage et au vin ; Personal and the Cheeses, ça me semble cool. Ce serait pas pour ça qu'on vous voit jamais dans le coin ?
Nikki Carwash : Euh… Bon c'est quand qu'on répète là ?

Vous avez l'intention de faire un tour en Europe ? Hunx et les Spits passent en mai, ça serait cool de déclencher un bonne vieille émeute à la pizza, non ?
Personal : Pas vraiment pour le moment, mais je me disais que ça pourrait être cool de commencer par vous balancer du coulis de tomates dans la gueule, frogs. Commencez par imprimer cette interview et vous perdrez votre job et vos dents, bande de Monkeys.

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